Prologue

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« La vie est la voie de la mort, la mort est la voie de la vie. »

Proverbe Chinois


L'air était lourd ce soir, même à cette heure tardive de la nuit. Il n'avait pas plu depuis plusieurs jours et cela se ressentait. Quelques semaines auparavant, une canicule s'était installée sur la ville, rendant le paysage aux alentours aussi aride qu'un désert. Les habitants avaient interdiction d'arroser les jardins, ceux-ci prenaient alors des allures de terrains vagues dont la terre craquelait à certains endroits. Quand ils n'étaient pas obligés d'aller travailler, ils restaient enfermés chez eux, cherchant un peu de fraîcheur avec les volets fermés. Tous attendaient avec impatience que la pluie arrive.

Soudainement, les sirènes des pompiers déchirèrent le silence de la nuit et, dans un concert de lumières et de bruits stridents, le véhicule se gara en trombe devant l'entrée de l'hôpital. Deux hommes en uniforme descendirent prestement de l'habitacle et se dirigèrent vers l'arrière, ouvrant les portes en grand. À l'intérieur, leur consœur s'activait autour d'un jeune homme branché à une perfusion et à un électrocardiographe et dont la nuque était maintenue dans une minerve. Depuis quelques secondes, le cœur du blessé s'était arrêté et elle lui prodiguait une réanimation cardio-pulmonaire. Ses collègues l'entendaient compter les mouvements, ses mains plaquées sur le thorax ensanglanté, avant d'arriver à 31 et d'entamer les deux insufflations en bouche-à-bouche.

Ils ne perdirent pas de temps et actionnèrent les mécanismes du brancard. La jeune femme grimpa alors à califourchon sur le corps du blessé afin de poursuivre le massage cardiaque pendant que ses collègues les descendaient du véhicule.

Au même moment, les doubles portes vitrées de l'hôpital s'ouvrirent, laissant passer quatre personnes en blouses blanches. Deux femmes et deux hommes.

- Homme asiatique de 23 ans, commença à énumérer l'un des pompiers alors que les médecins les emmenaient déjà dans une salle. AVP. Trauma crânien important et probable fracture à la jambe droite. Multiples abrasions sur les avant-bras, mais surtout le gauche. Tension en chute, pouls très faible. Arrêt cardiaque il y a environ 20 secondes, début de la réanimation.

Tout le personnel soignant ainsi que les pompiers arrivèrent à destination et installèrent le brancard à côté d'un lit vide. Rodés, chacun prit place et attrapa les lanières du tissu en dessous de la victime.

- À trois ! ordonna l'un des médecins. Un ! Deux ! Trois !

Tout le monde souleva le corps d'un même mouvement et le transvasèrent sur le lit, la pompière toujours à califourchon sur lui continuant sa réanimation le temps que tout le monde prépare le nécessaire. La poche de perfusion fut accrochée à un pied de perf, le chariot d'urgence approché.

- C'est bon, nous prenons le relais, déclara l'une des infirmières.

La jeune pompière acquiesça doucement et descendit du lit afin de rejoindre ses collègues. Elle jeta un dernier coup d'œil au blessé qui était déjà en train d'être intubé et dont le T-shirt se faisait découper au ciseau avant de tourner définitivement les talons. Son travail s'arrêtait là.

Une fois intubé, la sonde reliée à l'insufflateur et les électrodes de l'électrocardiographe branchées à des points stratégiques afin d'avoir le tracé de l'électrocardiogramme, des patchs imbibés de gel furent collés au torse du jeune homme reliés au défibrillateur.

- Dégagez !

Le corps s'arc-bouta sur le lit avant de retomber inerte. Le médecin ordonna de lui injecter de l'adrénaline et augmenta la puissance des décharges. L'infirmier continuait toujours de ballonner, envoyant de l'oxygène par la sonde.

- Dégagez !

Une deuxième fois, le corps se tendit puis retomba, toujours sans aucun mouvement. Ils réessayèrent une troisième fois avec une puissance plus élevée, mais pour le même résultat. Le jeune homme devant eux ne réagissait pas, le bip continu résonnait sinistrement dans la pièce. Il fallait se rendre à l'évidence.

- On arrête tout, c'est fini, déclara le médecin. Heure de la mort - il regarda sa montre - 00h32. Je m'occupe de prévenir la famille.

Les trois autres acquiescèrent d'un signe de tête. Dépité, bien que restant professionnel, il se recula et se détourna du patient. Malgré les années, cela faisait toujours quelque chose de perdre quelqu'un. Il avait fait le serment d'Hippocrate, alors se voir être impuissant face à un homme, si jeune en plus, le laissait avec un arrière-goût d'amertume.

Avant qu'il n'ait le temps de sortir de la pièce, une infirmière de l'accueil lui apporta un dossier. Celui du patient. Le peu d'informations qu'elle avait pu récolter auprès des pompiers et des affaires personnelles que possédait le jeune homme. Il remercia l'infirmière et ouvrit le dossier. Ses yeux bleus parcoururent les quelques lignes qui y figuraient.

Izuku Midoriya. 23 ans. Parents divorcés, pas de frère ni de sœur. Mère vivant à Musutafu. Pas de trace du père. À côté du nom de la mère se trouvait un numéro de téléphone.

Le médecin soupira. Il allait devoir annoncer à cette mère de famille qu'elle venait de perdre son unique enfant.

Un bip familier résonna dans le silence de la pièce. Tout le monde se figea.

- Docteur Yagi !

Il n'avait pas attendu qu'on l'appelle pour se retourner. Devant ses yeux, la courbe de l'électrocardiogramme venait de faire un pic vers le haut. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'un autre bip retentisse et qu'un nouveau pic prenne place sur l'écran.

- Remettez la perf et rebranchez-le à l'insufflateur ! s'écria-t-il en revenant presque en courant au chevet de la victime.

D'autres bips se firent entendre, de plus en plus rapprochés, et tout le monde s'activa de nouveau autour du blessé.

Alors, le médecin se laissa aller à un peu d'espoir. Après une minute de mort clinique, le cœur de ce jeune homme venait de repartir.

Izuku Midoriya voulait se battre.

Son Souvenir [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant