« Le souvenir, c'est la présence invisible. »
Victor Hugo
Izuku n'avait pas fait attention qu'une nouvelle personne avait pris place derrière le bar. Un employé, habillé d'une chemise noire et d'un pantalon de la même couleur, s'affairait à essuyer des verres avec son torchon, le dos tourné à la salle. Quelques mèches de ses cheveux blonds coiffés en brosse bougeaient doucement au gré de ses mouvements. L'air renfrogné gravé sur son visage, qu'Izuku aperçut vaguement à travers le reflet du miroir du bar, ne donnait pas du tout envie d'aller lui parler. Il avait l'impression que s'il ouvrait la bouche, il se ferait rembarrer comme un malpropre. C'était pas hyper avenant pour un serveur tout de même.Mais, ce n'était pas cette personne qui avait attiré le regard du brancardier. Non...c'était celle à côté de ce serveur. Un homme de grande taille, aux cheveux rouges coupés en un parfait undercut, et habillé d'un jean serré accompagné de son débardeur, laissant une vue imprenable sur sa musculature travaillée. Son regard suivait les moindres faits et gestes de l'employé, une tristesse infinie voilant ses yeux d'un rouge tout aussi intense que ses cheveux. Et Izuku comprit. Il sut que cette personne était l'une d'entre elles, et ce, avant même que le serveur ne lui passe à travers, sans lui prêter la moindre attention.
Izuku le vit baisser les épaules et souffler doucement quand son corps devint intangible. Il ressentit alors un élan de compassion pour cette âme qui n'avait pas pu rejoindre l'autre côté. C'était souvent comme ça. Son petit cœur fragile s'émouvait bien trop souvent lorsqu'il rencontrait un esprit. Il fallait dire aussi que certains faisaient vraiment de la peine à ne pas savoir qu'ils étaient décédés et à attendre encore, inlassablement et patiemment, leurs proches.
L'esprit jeta un autre coup d'œil au serveur, un sourire triste ornant ses lèvres, avant de redresser la tête et de zieuter la salle.
Ce fut à cet instant précis que le regard vert émeraude d'Izuku croisa celui du rouge intense derrière le bar.
Un air perplexe prit place sur les traits de l'esprit, ses sourcils froncés. Il regarda derrière lui par réflexe, puis autour de lui avant de revenir croiser le regard d'Izuku. Celui-ci lui adressa alors un petit sourire, certain que cette âme avait bien conscience de ne plus être de ce monde. C'était assez rare, mais cela arrivait. Et généralement, Izuku compatissait bien plus pour eux. Ça ne devait pas être facile de "vivre" auprès d'un proche, dans ce monde où personne ne vous voyait jamais. La solitude et l'invisibilité aux yeux des vivants pouvaient entraîner la folie chez certains.
L'étonnement remplaça vivement l'interrogation et le fantôme ouvrit de grands yeux, ses lèvres s'étirant en un immense sourire qui le fit littéralement rayonner. La main s'engouffrant dans sa poche, Izuku en retira un écouteur. À présent que l'esprit avait compris qu'il pouvait le voir, celui-ci allait venir lui parler, c'était certain. Or discuter avec quelqu'un d'invisible attirait l'attention et pas de la bonne façon. Il avait déjà entendu pas mal de personnes le traiter de fou. Alors, mettre un écouteur et faire mine d'être en conversation téléphonique bernait tout le monde, tant qu'il ne fixait pas l'esprit trop longtemps du regard.
Au même moment, l'esprit disparut, laissant le serveur seul derrière le bar, et réapparut sur la chaise près d'Izuku quand celui-ci enfonçait l'écouteur dans son oreille. Heureusement, s'y attendant, il ne sursauta pas et tendit le bras pour attraper la carte qu'il avait soigneusement pliée quelques instants plus tôt.
- J'y crois pas ! Tu me vois vraiment ?! Si tu savais combien de temps ça fait que j'ai pas croisé le regard de quelqu'un et parlé avec ! Ça fait trop plaisir ! Tu t'appelles comment ? T'es jamais venu ici ! Ça fait longtemps que tu vois les fantômes ? Et comment ça se fait déjà ?! Tu les vois tous ou...
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Son Souvenir [BakuDeku]
FanficÀ son réveil, tout semblait aller bien pour lui. Pourtant, son accident lui avait laissé une séquelle avec lequel il avait dû apprendre à vivre. Aidant tous ceux qui croisaient son chemin, il tomba un jour, par le plus grand des hasards, sur cet hom...