Epilogue

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« La mort n'est peut-être qu'un changement de place. » 

Marc Aurèle

S'aidant de sa canne d'une main, il avançait doucement sur le trottoir, saluant au passage les quelques habitants qui se levaient tôt, en ce dimanche matin. Ses pieds traînaient sur les pavés et ses mains tremblaient quelque peu, mais rien ni personne ne pouvait l'empêcher de faire ce trajet toutes les fins de semaine. Tant qu'il serait apte à se déplacer, il irait leur rendre visite.

Dans son autre main, se trouvaient deux fleurs. Une rose rouge sang et une azalée blanche immaculée. À chaque fois qu'il se rendait là-bas, c'étaient ces mêmes fleurs qu'il apportait. Les préférées de ses compagnons. Le fleuriste le connaissait bien à présent.

Dix minutes plus tard, ses pas le menèrent enfin à destination et il passa les grilles du cimetière, empruntant le petit chemin de gravillons. Ça lui faisait toujours quelque chose d'entrer ici. Un étrange mélange de quiétude et de mélancolie qui étreignait son cœur. Quand il venait avec Katsuki pour rendre visite à Eijiro, c'était déjà le cas. Et maintenant que le premier avait rejoint le deuxième, c'était bien plus présent, même si la tristesse avait pris le pas sur toutes les autres émotions.

Il s'arrêta alors devant deux tombes, l'une en granit bordeaux et l'autre en granit noir, parsemées de pots de fleurs fraiches et séchées. Les noms des défunts étaient écrits dans une belle calligraphie, les mettant en valeur.

- Bonjour Eiji, bonjour Katchan.

Sa voix se fit chevrotante, émue. L'émotion le submergea comme à chaque fois. Voilà un mois que Katsuki s'était éteint, emporté par une crise cardiaque à l'âge raisonnable de 91 ans. C'était un soulagement qu'il n'ait pas souffert. Quand il y repensait, Izuku avait vécu presque toute sa vie à ses côtés, marié, comblé, heureux. Maintenant, il ne restait plus que lui et la solitude lui pesait de plus en plus.

Il se pencha difficilement et retira les fleurs fanées des vases, les remplaçant par les nouvelles qui donnèrent un nouveau souffle aux tombes. C'était la petite touche de couleur qui faisait du bien. Pendant un long moment, il leur parla. Il leur raconta son quotidien devenu bien terne, les nouvelles de la ville et du pays, les âmes qu'il avait aidées, même si au fil du temps, cela était devenu bien plus difficile.

- Je suis si fatigué, souffla-t-il. J'ai hâte de vous retrouver, vous me manquez.

Il ferma les yeux, se recueillant quelques instants de plus, avant de rebrousser chemin, la démarche toujours incertaine.

Deux semaines plus tard, les habitants de Musutafu pouvaient lire dans la rubrique nécrologique que son doyen s'en était allé dans son sommeil, les traits apaisés et le sourire aux lèvres.

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Quand il ouvrit les yeux, il ne sut dire où il se trouvait. Il était debout dans une sorte de long tunnel où, tout au bout, une lumière chaude, rassurante et éblouissante l'aveuglait et l'appelait silencieusement. Alors, il sut. Son heure était enfin venue et il allait les revoir, il le sentait.

Mû par cette nouvelle perspective, il s'élança, le cœur palpitant vivement, avant de s'arrêter net, les sourcils froncés. Il se sentait étrangement léger. Il baissa les yeux et fixa ses mains. Celles-ci n'étaient ni fripées ni tachées par les signes de la vieillesse. Elles avaient l'allure de mains de jeune homme, telles qu'il s'en souvenait dans sa jeunesse. Il s'interrogea. Toutes les âmes passées de ce côté subissaient-elles le même sort ? En tout cas, il n'allait pas s'en plaindre, il avait retrouvé la vigueur de ses jeunes années. Les meilleures.

Son Souvenir [BakuDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant