Chapitre 5 : Souvenirs

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On ne me ramena plus jusqu'à elle pendant un long moment. Pour l'instant, j'en étais arrivé au compte de cinq jours. Cinq jours que je bénissais. Je devais toujours me rendre aux exercices matinaux destinés à renforcer ma constitution physique et manger tous mes repas mais, en dehors de cela, j'étais seul. Tout le temps. Enfermés dans ma cellule. Et j'adorais ça.

Plus de blablas à entendre, plus de questions à esquiver, plus de voix aigüe particulièrement désagréable, plus d'ELLE ! Seul dans ma cellule, j'avais un peu l'impression de retrouver ma vie d'avant. On ne parlait pas de torture – ration alimentaire – torture – parfois soins mais c'était toujours mieux que ce qu'avait été mon quotidien depuis que j'étais sorti de la prison ! Alors j'en profitais totalement. Je profitais de ma solitude pour me replonger dans cet état second qui avait été mon seul compagnon pendant près de dix années. Ne plus penser, rester allongé sur le sol, dans la pénombre, accueillir, de nouveau, la présence de la mort tout autour de moi. Ça me faisait tellement de bien !

Je pouvais de nouveau envisager mon futur. Je pouvais de nouveau espérer ma mort.

Les jours passaient : j'étais plus fort physiquement mais je m'astreignais à l'être de moins en moins mentalement. Et ça fonctionnait à la perfection. Je retrouvais ma passivité, je ne m'opposais plus à aucun ordre que l'on pouvait me donner et j'acceptais même d'aller prendre mes repas avec les autres. Je demeurais seul, dans un coin du réfectoire, mon plateau garni de ma ration alimentaire devant moi, et je petit déjeunais, déjeunais ou dînais sans me poser de questions ou opposer de résistances.

J'étais heureux d'avoir retrouvé mon état second mais quelque chose me manquait tout de même : la torture. Non pas que j'aimais me faire maltraiter mais, là, seul dans ma cellule presque toute la journée, je m'ennuyais. Mon état second demeurait précaire et j'avais, parfois, quelques sursauts de vitalité au cours desquels je me levais du sol où je « dormais » et me mettais à marcher de long en large. Les moments de torture étaient si présents dans mon quotidien, avant que « torture – ration alimentaire – torture – parfois soins » disparaisse que de ne plus les avoir, laissait un très grand vide.

Après mon arrivée ici, les « conversations » avec elle m'avaient occupées – quoique... - mais, maintenant, hormis les exercices du matin et les repas... je m'ennuyais ferme !

Alors je tentais de passer le plus de temps possible allongé au sol à espérer ma mort et à laisser mon esprit dériver.

Ce jour-là fut celui où j'eus le droit de prendre une douche. L'eau était glacée mais je m'en fichais. J'avais toujours beaucoup apprécié de pouvoir la sentir couler le long de mon corps décharné et mutilé. Elle tombait, drue, frappait ma peau avec force et je trouvais ça apaisant. Dans cette prison blanche, on m'avait donné du savon pour me laver convenablement. Je m'en servais. Certaines choses me manquaient de mon « ancienne vie » mais pas la crasse. Ça m'horripilait plus que n'importe quoi d'autre. Je ne savais pas vraiment pourquoi... C'était comme ça, c'est tout.

Là, on me laissait dix minutes très précisément – c'était l'un des lourdauds qui me l'avait dit – dans la pièce d'eau. C'était beaucoup ! Dans ma prison, c'était deux. Ça, ça ne me manquait pas non plus.

Au bout de dix minutes, on vint donc me chercher pour me ramener à ma cellule. A présent, je parvenais à me déplacer tout seul. C'était difficile, ça me faisait mal, mais j'y arrivais. Le lourdaud qui m'accompagnait ouvrit la porte de ma cellule. Je m'apprêtai à entrer mais il stoppa ma progression en me retenant par l'épaule. Il n'avait jamais fait ça. D'habitude, on arrivait devant la porte, il l'ouvrait, j'entrais, il refermait et il s'en allait. Mais là, il ne me laissa pas entrer. Enfin... si, il me laissa entrer au bout d'un moment, mais entra avec moi également. J'étais perdu. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait.

Malefoy | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant