Prologue

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- JE VOUS TUERAI ! J'VOUS TUERAI TOUS ET VOUS CRÈVEREZ COMME LES CHIENS QUE VOUS ÊTES !

Des rires sonores s'élevèrent.

- C'est ça, Malefoy ! On a tous très, très peur ! ironisa le geôlier.

Ce dernier le tenait en joug avec sa baguette qu'il lui enfonçait entre les omoplates.

- ET TOI, TU SERAS LE PREMIER À SUBIR MON COURROUX LORSQUE JE SORTIRAI !

- Vous entendez ça, les gars ? Drago Malefoy, cet enculé de Mangemort prétentieux, veux me faire subir son « courroux » ! Quel honneur ! ricana l'homme, sarcastique.

De nouveaux éclats de rire retentirent. Drago tenta de se débattre. Il se démena comme un damné entre les deux sorciers à la carrure aussi épaisse que leurs cervelles semblaient étriquées et qui lui maintenaient les deux bras pour le faire avancer. L'homme qui le menaçait de sa baguette – il ne connaissait pas son nom et n'en avait, de toute façon, strictement rien à foutre - se plaça face à lui, son bout de bois pointé en direction de son visage.

- Et, en plus, il croit qu'il va un jour sortir d'ici, le petit fils à papa, poursuivit-il, des accents de cruauté dans la voix. Je crois qu'il n'a pas très bien saisi le principe de la perpétuité... Ce sont les Doloris de ton « Maître » qui t'ont ramolli le cerveau ?

- Je sortirai. Et quand je le ferai, tu seras le premier que je buterai, sois en certain, siffla Drago avant de lui cracher au visage, seule chose qu'il était, en cet instant, capable de faire.

La réaction du geôlier fut immédiate. Il le frappa violemment et Drago sentit son nez se casser sous le choc. Un flux sanguin se mit à s'écouler de ses narines.

- Enfermez-moi ce connard ! ordonna l'homme à l'intention des deux lourdauds. Je lui rendrai une petite visite un peu plus tard.

Sonné par le coup qu'il avait reçu, Drago n'opposa plus aucune résistance.

- Attendez ! repris le geôlier alors qu'ils s'apprêtaient à le traîner dans un autre couloir.

Les lourdauds s'immobilisèrent et le blond vit le visage anguleux du salopard qui l'avait frappé, entrer dans son champ de vision. Il se pencha vers lui, se plaçant au niveau de son oreille et sa désagréable voix s'insinua jusqu'à son tympan gauche.

- J'espère que vos nouveaux appartements vous satisferont, Messire Malefoy. Personnellement, je les trouve dignes de votre stature, souffla-t-il avec perfidie. Bonne visite !

Il s'écarta puis fit signe aux deux autres de se remettre en chemin.

Moins de deux minutes plus tard, le corps de Drago était projeté dans une cellule. Il atterrit sur un sol de pierre glacé et humide puis un claquement sec retentit en arrière-plan. Les lourdauds avaient fermé la porte, le plongeant dans le noir le plus complet.

Presque aussitôt, Drago se redressa. Il ne prit même pas la peine d'essuyer le sang qui gouttait abonnement de son nez et se jeta sur la porte. Contre toute attente, il ne perçut pas la sensation du bois sous ses poings serrés. Il étendit alors ses bras de part et d'autre de son corps et tata le mur, affrontant l'obscurité, pour la retrouver. Elle semblait tout simplement avoir disparue. Il ne percevait plus que la froideur de la pierre et son humidité presque poisseuse sous ses doigts.

Laissant sa rage l'envahir, Drago poussa un cri puis se mit à tâtonner à l'aveuglette autour de lui afin de délimiter l'espace qu'il lui avait été « généreusement » accordée. La pièce – si l'on pouvait appeler ça ainsi – était minuscule. Peut-être deux mètres sur trois, à peine. Et elle était... entièrement vide. Il n'y avait absolument rien. Pas de lit ou même de paillasse, aucun sanitaire aussi archaïque puisse-t-il être et aucune ouverture sur l'extérieur. Rien hormis cette foutue pierre glacée et luisante.

Enragé, Drago y abattit violemment ses poings. Une fois. Deux fois. Trois fois. Cinq fois. Et il hurla sa colère jusqu'à s'en briser la voix.

Les mains et le nez en sang, le souffle court et la gorge atrocement irritée, le Mangemort appuya son front contre un mur et souffla longuement.

Il devait rester calme. S'il voulait un jour sortir d'ici, il devait rester calme et ne surtout pas céder à la panique. Il avait été condamné à la prison à perpétuité mais il ne demeurerait pas enfermé ici toute sa vie. Ça, Drago se le promettait. Il patienterait, attendrait le moment propice mais il quitterait cet endroit de merde et butterait tous ces connards. Il commencerait par cet enculé de gardien qui avait cru pouvoir s'adresser à lui de cette façon et lever la main sur un Mangemort – un Malefoy qui plus est -, sans en subir les conséquences. Et il le ferait souffrir. Oh oui ! Il y prendrait même un sacré pied !

Ensuite, il tuerait tous les autres cons qui avaient osé poser leurs mains sur lui et, enfin, il exterminerait ce salopard de juge du Magenmagot qui l'avait condamné sans même avoir ouvert son dossier. Il savait que cela requerrait beaucoup de temps, extrêmement de précautions, de rigueur et de préparation mais, par Salazar, il sortirait de ce trou à rat qu'était Azkaban et se vengerait. Il les tuerait. Tous.

Un sourire carnassier étira les lèvres de Drago Malefoy qui, retrouvant son calme, s'assit simplement par terre, attendant que vienne son heure tel le serpent patientait jusqu'au moment propice pour bondir sur sa proie et lui infliger la pire des morsures.

OoOoOoO

- Tuez-moi, tuez-moi, souffla-t-il d'une voix faiblarde.

Un rire sadique s'éleva de la gorge de son tortionnaire.

- Malefoy, Malefoy, Malefoy, susurra ce dernier d'une voix doucereuse en se baissant pour être à la hauteur de l'homme qui gisait au sol, cela fait bientôt trois ans que tu n'ouvres la bouche que pour dire cela et, pour autant, je n'ai jamais accédé à ta... requête. Pourquoi penses-tu qu'aujourd'hui serait différent ?

Malefoy ne l'écouta pas et répéta :

- Tuez-moi, tuez-moi...

- Ce que tu peux être ennuyant ces derniers temps ! se plaignit l'autre en se redressant. Je t'appréciais définitivement davantage lorsque tu faisais preuve d'un peu plus de vigueur. Endoloris !

Malefoy ne réagit presque pas. Enfin, son corps réagit mais lui, non. Il convulsa mais son esprit demeura stoïque et rien ne franchit ses lèvres si ce n'est un nouveau « tuez-moi, tuez-moi » à peine audible.

Le geôlier lui lança un nouveau Doloris puis pesta contre son « manque de réaction ». Alors il tenta autre chose. Mais rien ne fonctionna. Rien ne fonctionnait plus désormais. Rien ne fonctionnerait plus maintenant que Malefoy était brisé. Il demeurait immobile, allongé sur le sol de sa minuscule cellule et attendait. Attendait qu'il arrive, qu'il lui dise quelques mots – il ne savait lesquels, cela faisait bien longtemps qu'il ne l'écoutait plus -, qu'il se mette à le torturer, qu'il parle encore, qu'il le torture encore puis qu'il s'en aille pour revenir un peu plus tard et recommencer le même manège, inlassablement.

Les heures, les jours, les années étaient passées mais le rituel demeurait identique. Malefoy n'avait aucune notion du temps qui s'écoulait. Seul son geôlier, celui qui lui avait cassé le nez dès son arrivée à la prison d'Azkaban et lui avait promis une « visite » peu après, abordait parfois une quelconque notion de temporalité. Mais Malefoy ne l'écoutait que si rarement, voire même plus du tout désormais, qu'il ne savait pas depuis combien d'années il était ici. Seul, plongé dans le noir – excepté quand il arrivait – malade, blessé et épuisé autant moralement que physiquement. Peut-être cinq ans ? Sept ? Dix ? Vingt ? Il n'en avait absolument aucune idée.

Tout ce qu'il savait c'était que la porte de sa cellule s'ouvrait soit pour qu'il reçoive sa très maigre ration de nourriture. Qu'il avait, au début, trouvée répugnante mais qui lui semblait, à présent, n'être qu'une simple ration de nourriture tout ce qu'il y avait de plus banale. Soit pour qu'on lui administre un léger traitement médicomagique destiné à le maintenir en vie un peu plus longtemps encore – à son plus grand désarroi. Ou alors et c'est ce qui arrivait le plus souvent, pour être torturé.

Car, oui, à présent, Malefoy n'aspirait plus qu'à une seule chose : mourir. Mourir sous la torture, mourir d'une maladie atrocement douloureuse, d'une blessure infectée ou simplement mourir dans son sommeil : il s'en foutait totalement. Il voulait juste crever.

Malefoy | DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant