Chapitre 4 : La banque

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Assise dans le jardin de la maison des Dursley, Ipomea a les yeux dans le vide. Depuis un mois et demi désormais, elle vit chez son oncle et sa tante. Bien que tout se passe correctement, ces relatifs ayant trop peur de Xanxus pour lui chercher problème, l'espoir de rentrer chez elle diminue petit à petit. Si tout s'était passé correctement, la planque n'aurait pas été attaqué et son mentor serait venu la chercher.

Cependant, ce n'est pas l'absence du chef des assassins qui l'inquiète. A ces yeux, son ainé est invincible. Son inquiétude provient de cette lettre reçu quelques jours plus tôt, affirmant qu'elle est une sorcière déjà inscrite dans une école de sorcellerie. Les questions se bousculent dans sa tête. Depuis toute petite, elle sait activer ses flammes du ciel, comme expliqué par ses mentors. Elle sait également que dans certaines communautés, ces flammes sont considérées comme de la magie et à l'aide d'un catalyseur, les sorciers peuvent dépasser les limites de leur flamme du ciel. Car ces écoles ne sélectionnent que des ciels actifs, laissant les autres éléments dans la nature et donc régulièrement attrapé par la mafia.

Mais voilà, si elle était en Italie, la question ne se serait même pas posée, elle aurait continué à étudier sous la supervision de Xanxus. Là, désormais isolée du monde sans avoir le droit de contacter sa famille de cœur, la question se pose. Soit elle espère encore, soit elle accepte. En vérité, accepter ne l'engage à rien, car la rétractation est toujours possible avant la montée dans le train. Pourtant, Ipomea a le sentiment qu'accepter la priverait de son choix pour les sept années à venir.

Quand vient la veille de la date limite, c'est avec le cœur lourd que la fillette s'inscrivit à Poudlard. En suivant les informations fournies par la lettre, elle se rendit seule sur le chemin de Traverse pour faire ses courses, à la fois effarée et amusée par l'ambiance. Tout est très moyenâgeux, bien loin de l'aspect Steam punk de la mafia. Ici, la technologie semble avoir été oublié au profit de la magie, ébahissant Ipomea. Normalement, des possesseurs de flammes du ciel ne peuvent pas être aussi polyvalent et faire autant de chose !

Ne pouvant compter sur les Dursley pour lui payer ses fournitures, Ipomea se dirigea résolument vers la banque. Avec l'argent que lui a laissé Xanxus, elle devrait pouvoir payer les fournitures pour son année scolaire. Elle aura alors ensuite un an pour refaire son capital.

Comme tout bâtiment gobelin, la banque est un étalage de grandeur et de richesse. Suivant avec précision les enseignements de Mammon au sujet de la négociation gobeline, la fillette se rendit aux comptoirs d'attente. Contrairement aux autres sorciers qui se précipitent vers un comptoir dès qu'il se libère, Ipomea attendit qu'un gobelin lui fasse signe. En effet, un bon négociateur n'est jamais pressé.

Pendant presque une demi-heure, elle attendit, faisant un simple signe de négociation aux gobelins l'observant. Pendant une demi-heure de plus, les rusés négociants la firent patienter, la testant toujours plus et elle endura. Finalement, un gobelin, bien plus riche et gradé s'approcha d'elle, dénigrant tous les autres sorciers. Il inclina légèrement la tête avant de s'exprimer en gobebabil.

-          Le sang de vos ennemis a-t-il coulé à flot ?

-          Autant que le fleuve d'or qui coule dans vos veines.

Répondit simplement Ipomea avec un accent parfait, s'attirant un grand sourire de la part du gobelin. Mammon a bien fait son travail en lui inculquant toutes les techniques pour négocier avec un gobelin et bien évidemment, leur langue.

-          Je m'appelle Orlog, gestionnaire en chef de la banque de Londres. Veuillez me suivre dans mon bureau, nous serons plus à l'aise pour discuter de vos affaires.

-          Je vous remercie du temps que vous m'accorder.

Ipomea s'inclina légèrement et suivi Orlog en direction des salles de négociation de la banque, sous les regards incrédules des sorciers présents. Pour les sorciers anglais, seules les très grandes demandes de prêt ou d'échange commerciaux peuvent éventuellement mener aux salles de négociations.

Sans se soucier des pensées des humains présents, la fillette continua son chemin, saluant comme il se doit chaque gobelin rencontré. Elle finit par atterrir dans un bureau lourdement décoré et remercia sa petite taille d'enfant, lui permettant d'être confortable dans le siège gobelin.

-          Rare sont les humains à connaitre et appliquer nos coutumes. Plus rares encore sont ceux que nous ne connaissons pas. Qui es-tu jeune humaine et qui t'a enseigné nos codes ?

-          Je me nomme Harriet Potter. Quant à mon tuteur, il s'agit de Mammon, gardien du brouillard de la Varia. J'aimerai toutefois que cette information reste confidentielle, personne ne doit savoir que je me cache ici.

-          Soit. Pour l'apprentie de Mammon, nous pouvons garder le secret et faire en sorte qu'aucun humain ne puisse le découvrir de notre fait.

-          Je vous remercie, gestionnaire en chef de la banque de Londres Orlog.

Face à Ipomea, le gobelin sourit. La fillette connait à la perfection les usages gobelins, pas que cela l'étonne d'une apprentie de Mammon. L'arcobaleno est connu pour la richesse de ses négociations.

-          Qu'est-ce qui vous amène à la banque ?

-          Plusieurs choses. La première, j'aimerai avoir accès à l'ensemble de mes coffres et en faire un audit complet. Quelqu'un s'est vu attribuée le rôle de tuteur à mon égard, mais je ne sais pas qui. Je ne l'ai jamais rencontré. J'aimerai donc mettre en pause chaque transaction en cours et ayant lieu depuis la mort de mes grands-parents.

-          Vous remettez en cause les décisions de feu lord Potter votre père ?

-          Je préfère m'assurer de la viabilité de ses affaires. Ayant pris le titre de lord pendant la guerre et étant mort durant celle-ci, il a peut-être promis ou fournis des fonds n'ayant plus lieu d'être.

-          J'accèderai à votre demande.

Pour ce faire, Orlog sortit un parchemin de son bureau où toutes les demandes d'Ipomea ont été retranscrites. Prenant une plume de sang, le gobelin signa avant de tendre le tout à fillette, qui fit de même. Aussitôt, de nombreux parchemins apparurent, se remplirent et s'empilèrent dans une caisse qui se nomma sobrement Harriet Potter.

-          J'étudierai moi-même ces demandes. Avez-vous autre chose à me faire savoir ?

-          Je commence Poudlard cette année et j'ai besoin d'argent sorcier. Pourriez-vous me convertir ma monnaie ?

-          J'ai une autre proposition à te faire.

-          Je vous écoute.

-          Exceptionnellement, en récompense de votre connaissance de nos coutumes et en présage de nos futurs partenariats, la banque est prête à mettre à votre disposition un portefeuille de prêt à taux 0. Lorsque l'audit sera terminé, nous prendrons automatiquement la somme que vous avez déboursé. Evidemment, si vous n'avez plus les moyens...

Le sourire carnassier du gobelin voulait tout dire. Personne ne vole l'or des gobelins en toute impunité. Mais cet arrangement convient parfaitement à Ipomea. Elle ne compte pas beaucoup dépenser et si par malheur, ses comptes ne sont plus accessibles, elle peut toujours rembourser avec l'argent fourni par Xanxus.

-          J'accepte, je vous remercie de l'immense confiance que vous m'accordez.

Orlog hocha la tête, ravi et salua sa nouvelle cliente. Grace à elle, les gobelins ont enfin le droit de mettre leur nez dans tous les comptes sorciers ayant, même de loin, interagit avec les Potter. Cela leur permettra, au passage, de récupérer toutes les dettes et objets d'origine gobeline. Oh oui, un avenir fructueux en devenir.

La fleur du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant