Le passeur d'âmes

Chapitre 8 - Comme un rêve

Elle finit par se l'avouer, elle le trouvait carrément craquant.

Elle continua :

— oui, je n'ai pas eu le temps de lui montrer mes coups de poing de ninja et mes sauts à la Jackie Chan !

— C'est dommage, j'aurai bien aimé vous voir à l'attaque, dit-il, ça aurait été du grand spectacle !

Il lui sourit.

Camille baissa les yeux, déstabilisée. En réalité, elle ne savait pas attaquer. Aurait-elle frappé l'homme ? Mais elle se rendit compte qu'elle avait osé répliquer, elle avait dit ce qu'elle pensait. C'était un premier pas.

Comme elle ne répondait pas, le jeune homme se sentit à son tour mal à l'aise :

— Je ne voulais pas vous gêner. Je disais ça car je trouve que vous savez ce que vous voulez. Mais je m'excuse si vous l'avez mal pris.

— Non, vous ne me gênez pas, je vais vous dire un secret, je ne sais pas encore attaquer mais j'apprends. Et puis franchement, j'ai réussi à parler grâce à vous, je n'avais jamais fait ça avant.

Elle lui fit un grand sourire, il se rapprocha d'elle, plus rassuré.

Au même moment, elle entendit qu'on l'appelait. L'homme à la casquette se tenait près d'elle avec un paquet dans la main.

— Tenez mademoiselle, c'est pour vous remercier.

Il lui tendit une part de tarte au chocolat.

— Non, mais il ne fallait pas, lui répondit Camille.

— Si, j'ai vraiment agi comme un idiot. Pardonnez-moi.

Camille lui prit la part de tarte et l'homme s'en alla.

— Vous êtes une magicienne, vous savez, lui murmura le jeune homme à côté d'elle. Il la regardait maintenant comme une sorte de déesse. Ses yeux brillaient d'admiration.

Elle passa sa commande et prit son sandwich. Au moment de payer, elle ne savait plus quoi faire. Elle avait perdu l'envie d'aller se balader seule, elle regardait le jeune homme du coin de l'œil, il avait été servi en même temps qu'elle. Il semblait hésiter lui aussi.

— Je vous souhaite une bonne journée, lui dit-elle et elle se dirigea vers la porte.

— Merci, vous aussi, si c'était la première fois, continuez, vous... bredouilla-t-il.

Il cherchait ses mots. Il s'arrêta et la regarda fixement. Ses yeux semblaient lui dire quelque chose. Subitement, elle souhaitait que ces deux yeux bruns immenses puissent parler. Mais le jeune homme se ravisa, se contenta de la saluer et emprunta les escaliers pour monter à l'étage du café.

"Il mange ici", se dit-elle.

Elle s'arrêta, son cœur battait fort. Voulait-il lui dire quelque chose ? Sa réponse n'avait pas été très claire. Elle avait le choix : elle pouvait se dire qu'elle avait rencontré une belle personne et en rester là. Ou alors, elle voulait connaître ce jeune homme et elle savait ce qui lui restait à faire.

"Et puis ça coûte quoi ?" se dit-elle. Elle respira un grand coup et monta rapidement les escaliers. La salle était à moitié remplie. Le jeune homme s'était installé à une table qui avait la vue sur la baie vitrée et il avait les yeux fixés sur la rue.

— Vous attendez quelqu'un ? lui demanda-t-elle.

Il sursauta en l'apercevant. Ses yeux bruns devinrent encore plus grands, ils brillaient. Elle pouvait se perdre dans ce regard hypnotisant.