Chapitre 14 - Mais pourquoi ?

22 5 12
                                    



Dès qu'il la vit, il se jeta sur elle. Il l'embrassait avidement comme si elle allait lui glisser entre les doigts à tout moment.

— Tu sais, je ne compte pas m'enfuir, maintenant que je t'ai trouvé, lui dit Camille en riant.

— Je ne peux pas m'empêcher, lui répondit Raphaël.

Il lui fit un clin d'œil malicieux.

— On mange ensemble, lui demanda Camille.

— Je ne sais pas si j'ai vraiment faim, lui répondit Raphaël. Je crois que j'ai envie d'autre chose.

L'air malicieux s'était transformé en air complètement coquin.

Ils s'étaient retrouvés pour déjeuner ensemble dans leur café habituel. Raphaël avait eu sa réunion avec le scénariste dans le quartier un peu plus tôt.

Son téléphone sonna, il prit l'appel et revint quelques minutes plus tard vers elle, les sourcils froncés et les yeux crispés.

— Ça va Raphaël ?

— Oui, je dois faire un saut pour régler un détail administratif, tu vas au café et je te rejoins quand je finis.

— Tu en as pour longtemps ?

— Je ne sais pas trop.

— Je peux t'accompagner ?

— Ça ne sera pas hyper intéressant.

Quelque chose ne tournait pas rond. Raphaël était devenu blême. Il détournait presque son regard du sien. Il semblait lui faire comprendre qu'il préférait y aller seul. Mais, sans se l'expliquer, Camille sentait qu'elle devait rester avec lui. C'était presque vital.

— Mais ça te dérange si je viens ? Je pourrai nous prendre des sandwiches sur le chemin.

Raphaël se tut. Il réfléchit un instant et lui dit :

— Tu es sûre de venir ? Ça va être chiant à mourir.

— Tant que je suis avec toi, tout me va.

— Ok alors, dit-il.

Elle souffla profondément et le suivit.

Il l'entraîna rapidement dans les rues du quartier. Sa bonne humeur avait disparu. Elle sentait comme une distance brutale entre eux. Ils parvinrent à l'arrêt du bus et ils montèrent dans le premier bus qui s'arrêta devant eux.

Raphaël était silencieux, fermé. Elle sentait comme un gouffre entre eux.

Il ne voulait clairement pas qu'elle vienne avec lui.

— Si ça te dérange, je fais demi-tour et je t'attends au café ? lui proposa-t-elle doucement.

— Non, dit-il. Ça arrive plus tôt que prévu mais ça devait bien arriver un jour. Donc, ne t'inquiète pas. Je suis juste secoué, ça va aller.

Elle n'essaya pas de décrypter ce qu'il venait de lui dire et préféra attendre calmement. Le bus roulait lentement sur sa voie. Elle se concentrait sur les voyageurs qui montaient et ceux qui descendaient pour éviter de paniquer pour rien.

Soudain, elle reconnut le coin, le canal Saint-Martin et le quai de la Loire défilaient devant elle.

— C'est mon quartier, lui dit-elle.

— Oui, c'est vrai, je ne t'avais pas dit qu'on irait près de chez toi. Tu ne veux pas savoir où je t'emmène.

— Non, ça a l'air de te perturber. Je te suis, ne t'en fais pas pour moi.

Le passeur d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant