Insécurités ~Jikook~

Chapitre 54

    

  Si je pouvais remonter le temps, il y a des chances que je choisisse de le faire. Pourtant, je savais que le temps était irréversible et que revenir dans le passé ne me ferait pas apprendre des erreurs que j'avais pu commise. Tout semblait tellement démesuré, tout semblait plus... lourd et parfois j'avais l'impression de suffoquer alors que j'étais sur la terre ferme. J'étais parti et j'avais tout laissé derrière moi il y a deux ans et demi mais j'avais toujours cette impression de toujours être relié à cet endroit si cher. Il y avait ma famille après tout là-bas, la seule famille que je n'avais jamais eu et je m'étais permis de partir comme ça, sans dire un seul au revoir à ma famille. Je ne savais même plus si j'étais toujours légitime de les appeler ainsi mais d'un certain sens, mon cœur me faisait moins mal quand je restais dans le déni. Depuis que nous nous sommes installés à Los Angeles avec Joon, tout a changé, il a changé.... Il s'est mis à sortir de plus en plus et toutes les semaines, il revenait avec une nouvelle fille à son bras avant de rompre durement avec elle au bout de quelques jours. Il n'était plus le même homme incroyable que j'avais connu. En ce qui me concerne, j'avais beaucoup réfléchi, suffisamment pour comprendre que j'avais fait une erreur alors j'ai décidé de rester ici encore et j'ai eu un suivi très serré avec un psychologue. Petit à petit, mes cauchemars se sont arrêtés, mes crises d'angoisses et de paniques se sont calmés et il ne me manquait juste un seul truc pour pouvoir enfin entièrement guérir. Retourner en Corée.

     Bien évidemment j'y avais pensé, beaucoup pensé même mais je n'osais toujours pas le faire par peur ou peut-être même par honte. J'étais frappé par la honte d'avoir fait vivre tout ça à mes amis et je ne pouvais pas retourner en Corée et m'attendre à ce qu'on m'y accueille les bras ouverts et qu'on fasse comme si rien ne s'était passé. Je savais que ça finirait par des cris et des pleurs, je savais qu'ils me diraient tous à quel point je les avais déçu et à quel point ils ne pourraient jamais me pardonner parce que j'avais été la pire personne possible avec eux. Ils allaient souffrir, beaucoup, et je ne pouvais pas laisser passer ça une nouvelle fois par ma faute encore. J'avais ruiné suffisamment de vie comme ça pour pouvoir le faire de nouveau. Je fixe inconsciemment la photo de nous sept que Namjoon avait ramené et je soupire en passant une main dans mes cheveux qui commençaient à devenir un peu plus long puis je triture le piercing à ma lèvre avant de me lever du canapé et d'aller dans le coin cuisine afin de me servir un verre d'eau puis je redresse mes lunettes un peu plus sur mon nez avant de m'adosser au mur tout en sirotant mon verre d'eau, mon téléphone à la main. Honnêtement, je faisais défiler toutes mes applications sans grande conviction ayant bien pris soin de ne pas me connecter et de délaisser mes autres réseaux sociaux, là où ceux que j'appelais toujours mes amis postaient. Je ne pouvais pas les voir, je ne voulais pas voir à quel point ils pouvaient être heureux sans nous. Dans ma tête c'était toujours nous sept et je savais que si je regardais, tout changerait parce que le changement est inévitable dans la vie. Peut-être même nous avaient-ils remplacés ? Tout ce que je savais c'est que je ne leur en voudrais pas parce que c'était de notre faute.

     Tout à coup, Namjoon rentre en trombe dans la cuisine avec un grand sourire et je lui jette un bref regard avant de me concentrer de nouveau sur mon téléphone portable m'attendant déjà à ce qu'il allait me demander. Il se place devant moi et je finis par céder et je croise son regard en attendant à ce qu'il me propose de nouveau de venir à cette stupide fête à laquelle il avait probablement été invité.

« -Jungkook. Il me dit. Il y a une fête ce soir, tu viens. Il me dit fermement alors que je soupire en regardant de nouveau mon téléphone portable. Jungkook.

-Quoi ? Je demande presque en criant. J'ai compris et je refuse de venir.

-Mais pourquoi ? Il me demande alors que je roule des yeux en soufflant.