Little White Lies

Chapitre 6, Harry.

Simon me regarde en silence. Je n'ose même pas affronter son regard. Je sais bien qu'il a toujours été au courant pour moi, malgré le fait que je ne lui ai jamais rien avoué concrètement, mais je n'arrive pas à le regarder. Je suis comme bloqué.

- Qui est-ce ? me demande-t-il simplement.

- Louis. Un ami, je lui réponds, les yeux toujours fixés devant moi, sur la route.

- Seulement un ami ?

- Mais oui, Simon ! Seulement un ami ! Je n'y peux rien si les médias se mettent à raconter de la merde sur moi !

- Calme-toi, mon grand. C'était juste une simple question.

J'ose enfin me tourner vers lui. Après tout, il a raison. Je ne devrais pas m'emporter aussi vite, et encore moins contre lui : il n'y est pour rien. Il me regarde également et me sourit. C'en est presque réconfortant. Mais ça ne m'explique pas comment les paparazzis ont réussi à me trouver. J'avais des lunettes, j'étais habillé banalement, je ne cherchais pas à attirer l'attention. Ils devaient sûrement être là avant, et ils sont tombés sur Louis et moi par hasard. Au bon endroit, au bon moment. Un coup de chance pour eux.

Nous poursuivons notre trajet, qui se fait long, en silence. Je passe ce temps à me demander ce que pourrais bien penser le monde entier face à cette rumeur, qui n'en est une qu'à moitié. Oui, je suis peut-être gay et je l'ai caché à pas mal de gens, mais non, je ne suis pas avec Louis. Nous ne sommes seulement que des amis. Je l'aime énormément, mais je ne pense pas qu'il pourrait se passer un jour quelque chose entre lui et moi. Enfin, peut-être, qui sait ? En tout cas, ce n'est pas dans mes plans.

Nous arrivons dans une petite rue de la ville, calme et paisible. Aucune personne en vue. Je ne connais pas cet endroit. Lorsque nous sortons de la voiture, Simon m'accompagne à l'intérieur d'un immeuble, plutôt vieillot. Si l'extérieur semble délabré, l'intérieur en est tout le contraire. Des murs d'une blancheur inégalable englobent plusieurs pièces, spacieuses, décorées avec des meubles de style contemporain. Tout est beau ici. Simon m'emmène à l'étage ou je découvre le studio photo. J'y découvre plusieurs personnes s'activant : des maquilleuses, des habilleuses, le photographe, et bien sûr, mon producteur, le seul que je connaisse parmi toutes ces personnes, Alex. Il vient vers moi et me serre la main.

- Harry ! Tu vas bien ? J'ai vu ce foutu article dans le journal, il ne faut pas que tu t'y attardes ! Des conneries, des conneries. J'espère que tu ne le prends pas trop à cœur. Ce que les gens peuvent être cons parfois !

Il ne me laisse même pas le temps de lui répondre qu'il s'est déjà éclipsé. Je n'ai jamais vraiment compris le caractère d'Alex. C'est quelqu'un de bien, mais il a toujours été grossier. Pas moyen pour lui d'énoncer une phrase sans un seul gros mot. Mais bon, au fond, je l'aime bien. Il croit en moi, depuis le début. Il croit en mon talent.

Dès que les autres se rendent comptent de mon arrivée, on s'active autour de moi. On me donne des vêtements et on me laisse me changer dans une pièce située un peu plus loin. Il s'agit d'un simple costume, plutôt classe. J'aime bien, ça change de mes habituels slims noirs et de mes éternelles boots. J'enfile rapidement ces vêtements et ressors, pour me faire maquiller. Juste un peu de poudre sur le visage pour cacher quelques imperfections. Il ne faudrait pas non plus qu'on me confonde avec une de ces filles pot de peinture.

Le photographe me fait prendre des poses assez simples, et me demande simplement de sourire. Facile, ça, je sais faire. La séance se termine rapidement, au bout d'une heure de photos, tout est fini. Je me change, et cours un instant chercher Alex. En parlant de cette rumeur, il faut que je lui parle de Louis. Il est assis devant un bureau et signe quelques papiers administratifs. Je m'assois devant lui et toussote afin qu'il remarque ma présence.