Ce matin, la tache était à l'assemblage du radeau pour les deux nouveaux amoureux. D'un côté, Chrissy ficelait les lianes ensemble pour faire des cordages un minimum solide, et de l'autre Eddie était grimpé sur les bûches pour les lier ensemble en serrant le tout avec des nœuds marins. Le garçon avait retiré ses bottes pour s'aider à s'accrocher sur son support encore instable, se concentrant de tout son être pour ne pas tomber. Chacun s'attelait à sa partie avec beaucoup de sérieux, bien déterminés à s'échapper d'ici dès que possible. Le Capitaine épiloguait tout de même de choses et d'autres pour maintenir un peu d'amusement dans leur travail ennuyeux.
- Comment je disais à l'époque? "Je suis profondément épris de vous, Comtesse". Qui parle encore comme ça? J'ai bien quatre ans de piraterie dans les genoux, là il n'y a pas de doute.
- J'aimais bien ta façon de parler avant. Mais je trouve que celle que tu as te va tout bien aussi. Et puis ça reste plutôt soutenu dans l'ensemble. Tes matelots ont moins de langage.
- J'ai eu une éducation dans la noblesse jusqu'à mes seize ans, je ne peux pas tout faire disparaître aussi facilement. Mais ça va vite. Toi aussi tu as perdu de ta soutenance.
- Moi !?
- Oui, toi. Tu parles beaucoup plus librement et c'est bien plus naturel. Je préfère ça.
- Ce n'est pas correct pourtant..
- Que t'a donc fait la noblesse chère Chrissy? Qu'à-t'elle fait à la petite fille qui me reprochait de ne pas aimer quand elle courrait?La Comtesse rougit en se rappelant ce souvenir, redoublant d'effort dans son travail pour cacher sa gêne. Eddie eut un rire, reprenant également ce qu'il faisait pour accélérer le pas. Chrissy avait un peu honte de penser qu'elle serait bien resté vivre ici si cela n'engageait pas leur mort au bout d'un moment. Ce qu'elle avait vécu sur cette île lui paraissait de l'ordre de l'irréel et elle craignait que tout disparaisse dès l'instant où ils s'en iraient. Elle soupira profondément, levant ses yeux vers l'homme qui lui avait prit son cœur, mordant sa lèvre dans une interrogation inquiète.
- Dis Edward..
- Oui?
- Tu n'envisagerais pas de rentrer à Hawkins avec moi?
- A Hawkins? Pourquoi faire? Je suis un marin, ma place est sur la mer.
- Tu restes tout de même un Marquis.. Et puisque ton père.. Ton père est lui aussi considéré comme mort, et bien tu peux récupérer son titre et devenir Duc. Tu vivrais aisément.
- On me couperait la tête pour sorcellerie tu veux dire. Tu me croyais mort depuis quatre ans Chrissy. Je suppose que la famille Munson n'existe même plus dans la tête des gens là bas.
- Tu as raison..
- Et puis je ne supporterais pas la vue de ton père. Je l'égorge si il croise mon chemin cet espèce d'animal.La jeune femme sentit sa gorge l'étrangler et sa poitrine se serrer en entendant le ton froid et agressif que Eddie employait pour dire de telles atrocités à propos de son père. Elle déglutit avec difficulté avant de faire retomber ses yeux sur ses mains, se sentant trembler d'appréhension et d'angoisse maintenant que le sujet avait été abordé. Chrissy savait depuis longtemps que le Capitaine détestait sa famille et principalement son père, mais il n'avait encore jamais donné la véritable raison de cette haine. La Comtesse se doutait que l'état de son dos devait avoir un lien avec cette histoire, mais également que celle-ci s'étendait bien au delà de quelques coups de fouet.
- Mon père.. Est-ce que c'est.. Est-ce que c'est lui qui a fait ça à ton dos?
- Pas personnellement. Mais c'est lui qui l'a ordonné. Et crois-moi qu'il a prit bien du plaisir à regarder ce chien..
- Edward. S'il te plais. Raconte-moi tout veux-tu bien?
- Tu es sûre de vouloir entendre ces choses là? Ce n'est vraiment pas une belle histoire.
- Oui. Et n'épargne aucun détail.. Je veux découvrir quel genre d'homme est vraiment mon père..
- Bon hem.. Très bien.
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Passion des Océans
FanficQuand la Comtesse Cunningham se réveille d'un sommeil tourmenté par ses souvenirs, elle se remémore qu'aujourd'hui n'est autre que le jour fatidique où elle doit épouser le Duc Carver, son fiancé choisi par son père. Mais alors qu'elle s'apprête à f...