Cherry. Présent.
Je grimpe les escaliers en sentant pertinemment bien les yeux de Luka dans mon dos. La douzaine de marches qui me mènent là-haut ne sont pas les fautifs de l'augmentation de mon rythme cardiaque.
C'est lui.
Comment peut-il être encore plus canon que dans mes souvenirs ? Sur les photos que maman partageait dans le groupe de messagerie de la famille, il était à tomber avec son teint mat, ses lèvres ourlées, ses abdos parfaits, mais en vrai...
En vrai, rien ne remplace ses intenses yeux verts qui brillent d'une lueur dangereuse et amusée quand il me regarde. J'ai toujours l'impression qu'il hésite entre jouer avec moi ou me contrarier. Entre me taquiner ou me mettre au supplice.
Le cœur est le plus capricieux des muscles du corps. C'est le seul organe que le cerveau peut difficilement convaincre. On a beau lui demander d'arrêter de ressentir une émotion, il n'en a que faire. J'ai parfois l'impression qu'il s'amuse à nous narguer en nous faisant éprouver exactement ce qu'on ne veut pas. Il est certes le point central de notre souffle de vie, mais il se donne de fait une indépendance bien souvent énervante. Je lui ai répété l'avertissement une bonne centaine de fois, mais il ne veut rien entendre. Il se met systématiquement à battre deux fois plus vite dès que je vois le meilleur ami de mon frère.
— Attends un peu...
Luka arrive en trombe, saisit la valise de ma main sans me laisser le temps de protester et se dirige vers la chambre de mes parents. Je ne sais pas s'il voulait vraiment m'aider où s'il voulait s'assurer que je ne dormirais pas avec Spencer. Mon frère et Luka étaient déjà un peu protecteurs avec moi, mais depuis l'incident de mes dix-sept ans, j'ai l'impression qu'ils sont devenus paranos. Dans leurs parages, aucun homme ne doit toucher un seul de mes cheveux. Je dois reconnaitre qu'une partie de moi – une toute petite partie – aime que Luka se soucie de moi de cette façon.
Dans le couloir, je dépasse la porte de Teddy, m'arrête devant la mienne qui a été laissée entrouverte. Une main sur la poignée, prête à pousser, je glisse un regard dans l'entrebâillement. Mes lèvres s'étirent et mes yeux s'agrandissent quand j'aperçois mon frère bouger ses sourcils pour m'inviter à venir m'occuper de Spencer, qui a de toute évidence trouvé un torse où pleurer. Je tends le pouce en signe d'encouragement à Teddy dont le visage affiche une malaisance que je trouve bienheureuse. Il m'a mis tellement de fois dans l'embarras que j'apprécie de le voir dans des situations déconcertantes.
Je reprends ma route vers la chambre dans laquelle je suis obligée de passer mon séjour selon mon ainé.
Luka m'y attend, adossé contre un des placards. Il range son téléphone dans sa poche quand il me voit venir.
— Merci pour l'effort, dis-je d'une voix calme et posée. Parfaitement inutile cela dit. Je pouvais me débrouiller toute seule.Comme il ignore ma remarque, j'attaque à nouveau.
— Je suis surprise que tu saches te servir d'un téléphone. Je suis donc bel et bien ta bête noire.
— Je t'ai écrit, se justifie-t-il. Pour ton anniversaire et Noël.
— C'est tout ce que je vaux ? Deux SMS annuel ? Trois mots à chaque fois ? « Happy Birthday Cherry », « Merry Christmas Cherry ».
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Breathless (SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ADDICTIVES)
RomanceIl ne peut pas me toucher. Il ne devrait surtout pas en avoir envie... Luka Arino. Pendant des années, le meilleur ami de mon frère venait passer chaque vacances avec nous, faisant battre mon cœur de gamine avec chacun de ses sourires. De toutes l...