Chapitre 7 - Cherry

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Cherry 16 ans. Automne 2017

Celui qui a dit que l'espoir fait vivre, n'a pas vécu des années constellées d'illusions

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Celui qui a dit que l'espoir fait vivre, n'a pas vécu des années constellées d'illusions. Je sais que c'est ma faute. J'interprète mal les signaux de Luka. En fait, je cherche à voir des signaux où il n'y en a surement pas. Lorsqu'il touche mes cheveux par exemple, ou lorsqu'il me prépare mes tartines en même temps que les siennes.

Typiquement, ce soir, pendant que je profitais de la brise automnale, Luka m'avait rejoint sur la terrasse. Au lieu de me donner une serviette pour effacer la fine moustache de chocolat chaud qui s'était placée au-dessus de mes lèvres, il l'a effacé avec son pouce. Puis il a léché son doigt l'air de rien. J'ai cru défaillir parce que... duh! C'est l'un des gestes les plus intimes et sensuels que j'ai jamais eu. Juste après je me suis dit que si Ted nous avait vu, il aurait pris ce geste comme plus que ce qu'il n'était. Un peu comme moi. Mais pour Luka il ne voulait rien dire. Il peut me le faire à moi et à d'autres nanas. C'était juste mon second grand frère qui m'aidait à m'essuyer la bouche parce que j'étais une gamine qui n'arrivait pas à boire un chocolat sans en laisser sur mon duvet. Eh merde, j'ai même un duvet !

Dans le petit salon attenant à notre grand séjour, ma mère a mis une vidéo YouTube qui projette un fond de cheminée et mon père a allumé les notes de jazz de Ella Fitzgerald sur son lecteur vinyle. L'ambiance cocooning s'arrête là. Entre nous, c'est une véritable bataille.

— Unoo ! S'écrie Teddy, juste après avoir posé deux cartes +4.

Je sais que je n'ai pas de quoi contrecarrer son jeu mais je regarde quand même le lot de cartes dans mes mains et fait la moue en piochant les 8 cartes supplémentaires.

— Désolée Bouboule, je ne pouvais pas faire autrement, s'excuse-t-il sans le penser.

Je lui balance un coussin au visage.

— Arrête de m'appeler comme ça !

— Bah quoi, t'es aussi grosse qu'une boule. C'est la vérité.

Je serre les dents. C'est la vérité. Mais ça ne devrait pas me faire aussi mal. Qu'y a-t-il de honteux à avoir des kilos en trop ? Il bouge légèrement pour venir me tirer une joue, enfonçant mon mal être.

— Maman ! Dis-lui d'arrêter !

Il reçoit un de mes coups de pied dans le tibia.

— Oh Cherry, il s'amuse avec toi c'est tout.

— Je n'aime pas ce genre d'amusement !

— Bah t'as qu'à maigrir bouboule, répond Teddy. Tant que tu auras le visage d'un hamster joufflu qui a des noix dans la bouche, je continuerais de jouer comme ça avec toi.

Il m'adresse un sourire pincé, partiellement défaitiste.

— Je dis ça pour ta santé tu sais.

Peut-être mais ça me fait mal quand même. Surtout venant de quelqu'un que j'aime. En principe le fait que nous partagions le même sang signifie qu'il ne me veut pas de mal. Je pense qu'il ne se rend juste pas compte que ça me blesse vraiment. Je me sens rabaissée. Constamment. Pourtant je lui pardonne à chaque fois qu'il se débrouille pour jouer son rôle de grand frère.

Breathless (SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ADDICTIVES)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant