Les pins enneigés s'enchaînèrent quand la voiture s'engouffra dans les montagnes Alpines.
J'étais installée durant une heure sur l'un des deux derniers sièges du SUV familial, juste derrière Loann qui avait sa tête posée sur l'épaule de sa mère. Isis n'arrêtait pas de tourner la tête toutes les minutes pour me demander si j'allais bien, tout en me proposant continuellement des petites gourmandises sucrées que je refusais.
En parallèle, son abominable fils rigolait dans son polo marine d'une grande marque en lui disant de ne pas nourrir « le ballon que j'étais », au risque d'une explosion imprévue.
Pourquoi est-ce que ma mère me faisait subir ça ?
Elle savait qu'il avait un comportement dégueulasse depuis qu'il était petit à cause de son père, mais elle minimisait ce harcèlement...
Emmitouflée dans l'épais manteau de ma dite grand-mère, je récupérai du bout des doigts les miettes d'un brownie chocolaté que tante Isis m'avait ordonné de manger ; puisque je cite :
« ça se voyait à ton sourire crispé que la compote de l'hôpital ne t'avait pas régalé ».
Certes, j'avais faim. Cependant, entendre à nouveau les rires soufflés de Loann à chaque croc fait, me donnait envie de tout recracher.
Je léchai mes doigts gras et gobai les morceaux dispersés sur la fourrure avant de m'essuyer sur celle-ci, quand le son de l'application photo attira mon attention dans la voiture.
Puis un rire assumé qui s'en suivit.
Je compris tout de suite que j'étais la cible de l'objectif frontal, alors, je fermai les yeux en imaginant être dans ma chambre, jusqu'à m'en dormir.
Le froid me chatouillait le bout du nez en même temps qu'un pincement s'effectua sur le dos de ma main. Toute la famille de ma mère venait de sortir.
Loann me réveilla en me crachant au visage « debout, la grosse » avant de forcer un sourire.
Il claqua la portière quand je m'apprêtai à sortir après lui quand le siège fut baissé.
Sans surprise et une fois sous le porche, la porte d'entrée se referma. Le plafonnier s'éteignit et en apportant ma main sur le fer gelé pour pousser le lourd bois, je constatai qu'il m'avait bloqué.
Loann venait de verrouiller l'entrée.
Je lâchai une insulte qui, une fois lancée, laissa sur son passage une fumée blanche.
Je tirai sur le manteau beige et recouvris ma main pour appuyer longuement sur la sonnette avant d'entendre la porte se débarrer.
La tête toujours baissée pour éviter le regard rieur de mon harceleur, j'avançai en traînant les bottes en fourrures que ma grand-mère m'avait achetées, avant de venir me rendre visite avec sa famille.
Mais mon corps heurta un torse sentant la braise.
— Dieu merci, t'es vivante ! s'exclama Arman avant de me serrer contre lui.
Je souris tendrement à la voix qui venait de prononcer ces mots avant de répondre émotive, à son câlin.
Mon cousin nous entraîna dans le hall chauffé avant de m'embrasser les joues.
— Non, Yu... commença-t-il en voyant mon expression se crisper de tristesse. Je vais le tuer, ce petit con ! hurla-t-il la tête tournée vers une autre pièce, les bras de nouveau accrochés autour de mon cou.
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Un 25 décembre et des poussières
Teen FictionYu Jimpan est obsédée par le premier roman qu'elle a lu. L'histoire d'un garçon qui découvre l'Afrique accompagné d'un zèbre. Depuis, elle n'a que lui en tête. Elle rêve de lui, imagine des scénarios avec lui et l'humanise. Mais un jour, Yuyu se ren...