La vitre s'embrumait depuis qu'Amaël avait actionné le chauffage.
Dehors, les premiers flocons tombèrent sur le bitume blanchi et durant le temps où j'en apprenais davantage sur mon cousin qui, soi-disant, n'aimait pas parler, la température s'était largement rafraîchie.
J'appréhendais le moment où je lui mentirai une nouvelle fois pour fuir le rendez-vous de cette soirée.
Cette angoisse ne m'avait pas quitté depuis mon départ furtif de la maison et mon entrée clandestine dans la voiture d'Amaël.
Nous avions conduit sur plusieurs kilomètres depuis, ce qui semblait être, la fin définitive de notre discussion.
Amaël n'avait renchéri avec aucune une blague et ne s'était contenté d'émettre qu'un rire déprimé.
Est-ce qu'il était devenu comme Arman, à détester sa famille ?
Je me doutais bien que certains des garçons se sentaient prisonniers de ces deux noms de famille, mais pas qu'ils les subissaient au point de vouloir recommencer une vie à zéro ou de prouver le contraire aux gens.
Je me rendis compte qu'en pensant comme ça, j'endurai leurs mécontentements.
J'essayai de me focaliser sur autre chose, mais rien ne me rendait joyeuse.
À l'évidence, je vivais dans une maison luxueuse avec une famille problématique dont l'un des habitants était mon harceleur et un autre, mon meilleur ami.
Ma maison était réduite en cendres, mon père séjournait à l'hôpital à la suite de ce foutu incendie et mon livre était retourné dans la terre, en le polluant avec ses encres chimiques.
Mon souffle se coupa, en ramenant en moi cette réalité.
Celle que je me forçais d'ignorer depuis la conversation de l'hôpital, avec ma mère.
Je ne pouvais pas me tenir assise ici, tout en sachant que Loann m'observera constamment.
Rien que de me repasser sans cesse depuis ce matin sa phrase qui m'était clairement destinée, m'affola jusqu'à m'en tordre l'intestin. Une présence désagréable se forgea dans mon bas ventre, m'étirant un sourire gêné lorsque je sentis mon envie d'évacuer mon désarroi aux toilettes.
— Ça va ? Tu as la tête d'une personne qui veut vomir...
« Et peut-être qu'il me servira plus tôt que prévu... ».
J'acquis.
Je voulais vomir.
Vomir de peur, de ce que j'avais avalé ce matin.
Je voulais vomir cette peur qui m'étranglait lorsque je voyais n'importe quelle tête blonde où quelqu'un qui s'appelait Loann.
Je craignais les hommes blonds et les Loann...
J'appréhendai davantage, en glissant le regard sur le tableau de bord qui donnait une vitesse moyenne de soixante-dix kilomètres-heure.
J'avalai une glaire et questionnai Amaël d'une voix tremblante :
— On est bientôt arrivés ?
— Oui, dans moins d'une heure, répondit-il en fixant l'écran à droite du panneau lumineux.
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Un 25 décembre et des poussières
Teen FictionYu Jimpan est obsédée par le premier roman qu'elle a lu. L'histoire d'un garçon qui découvre l'Afrique accompagné d'un zèbre. Depuis, elle n'a que lui en tête. Elle rêve de lui, imagine des scénarios avec lui et l'humanise. Mais un jour, Yuyu se ren...