Chapitre 16 : Le pétage de plomb

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L'ambiance lourde se ressentait. 

Plus personne ne parlait. 

J'avais arrêté tout mouvement en constatant Loann, le coin des lèvres pincées, qui mangeait en rythme avec moi. 

Les sanglots d'Isis ne cessaient pas. Alors, Loann se leva. 

Son regard plongé dans le mien, il me scruta même en enlaçant sa mère, pleurante. Vivianne, audiblement énervée par les aveux de sa fille, se renfrogna en clinquant ses couverts sur la porcelaine.


— Très bien. Je t'aurais prévenu, Isis.


À la fin de son éteinte, Loann retourna s'asseoir et commença à jouer avec mes nerfs :


— Tu devrais prendre de la viande, Yu. Elle est délicieuse.

C'est ta chair que tu vas déguster si tu l'as ramène encore, connard !


Je souris, hypocrite et me laissai aller.


Ne pleure pas. Ne pleure pas !


Les baguettes plantées dans mon riz recouvert de bouillon épicé, je me renfrognai. 

Je voulais partir, disparaître. 

Ou lui lacérer la langue ! 

Avec la légende sur les baguettes, l'un ou l'autre risquait de se produire. La tête baissée, j'entendis Amaël brailler à l'encontre de son frère. À sa carrure, il fit comprendre sa déception au cadet qui le lorgna.


— Que se passe-t-il, Amaël, remarqua ma mère, par son agitation.

— Rien de grave, ment-il, son regard soutenu. Je suis inquiet pour le chaton.

— Il est juste sous tes yeux, tu n'as pas à chercher plus loin !


A bout de patience lui aussi, Amaël tira sur son lobe percé. Il siffla de douleur quand son petit doigt rentra dans son écarteur.


— Je ne rigole pas.

— Pourquoi as-tu si peur ?


Gêné par l'attitude de Loann plaignant une fausse souffrance, il l'ignora en se concentrant sur sa conversation :


— Je veux qu'il ne manque de rien.

— Je te comprends, intervint mon père finissant tout le bol de champignons. J'ai réagi pareil quand Yu est née.

Me comparer à un chaton ? Sérieusement, papa ?


En remarquant l'ignorance de son frère à son égard qui rigolait avec mon père, Loann poussa un souffle d'agacement.


— Au fait, comment s'appelle-t-il ?


Il tira la tronche, les yeux ronds puis me questionna du regard. Perdu ou sans imagination, je lui rendis la pareille sur son aide en baptisant l'animal :


— Caddie.

— Caddie ? répéta-t-il interloqué. Pourquoi ?

Un 25 décembre et des poussièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant