La compassion d'un ennemi

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Environ 1 an plus tard (soit 18 mois après sa capture)

3ème Personne POV

Carmen était nerveuse. Elle tordait ses doigts dans tous les sens en avançant. Elle avait terminé son travail assigné lorsque le Professeur Maelstrom l'avait convoquée dans son bureau. Depuis sa tentative de suicide, elle avait été surveillée de près par la Faculté, mais cela faisait un moment maintenant qu'elle avait regagné leur confiance pour ne pas se blesser par elle-même. Ils lui laissaient plus d'autonomie, tant qu'elle respecte les règles mises en place pour sa sécurité. Elle avait même réussi à rester sage et ne pas causer d'ennuis pendant le mois demandé et avait ainsi pû retrouver la photo de son père et elle. Maelstrom n'était pas vraiment fan et s'était montré dur et intraitable avec elle dans les jours qui ont suivi. Finalement, c'est Bellum qui avait fini par la punir lorsqu'elle a renversé et cassé accidentellement une éprouvette en rangeant sa salle de classe. Depuis, elle n'avait pas réussi à le récupérer. L'origine de sa nervosité est justement qu'elle est convoquée dans son bureau ! A chaque fois qu'elle y est appelée par un des membres de la Faculté, il n'y a que deux issues. Dans l'un, c'est un interrogatoire sur son état mental (avec Maelstrom ou Bellum) et dans l'autre... elle se fait battre pour une raison qu'ils refuseront de lui dire. Prenant une respiration, elle calme sa nervosité et lève la main.

Carmen toqua à la porte des quartiers du Professeur Maelstrom et entra lorsqu'elle en reçut l'autorisation. Le professeur était assis à son bureau, concentré sur un dossier et il leva à peine les yeux pour reconnaître sa présence. Sachant mieux que de le déranger, Carmen alla s'agenouiller à l'endroit habituel (à savoir près de son bureau, à portée de main pour qu'il puisse faire ce qu'il veut sans avoir à trop se déplacer) et baissa la tête. Son corps tremblait de froid, les courants d'airs étant nombreux dans le vieux château et sa 'chambre' n'était pas vraiment bien isolée, sans compter ses vêtements qui ne la protégeait que peu. D'après ce qu'elle avait pu entrapercevoir par la fenêtre de sa chambre, il avait neigé hier, donc c'était l'hiver. Quelques minutes s'écoulèrent avec uniquement le bruit de l'écriture de Maelstrom avant que ce dernier ne se lève pour aller poser le dossier sur l'armoire près de la porte, s'arrêtant quelques instants pour tapoter sa tête en guise de félicitation pour son bon comportement. Retournant s'asseoir confortablement dans son siège, il l'étudie, cherchant clairement une chose à lui reprocher. Il se sourit à lui-même lorsqu'il voit sa posture parfaite en dehors du tremblement. Distraitement, il caresse ses cheveux et trace le contour du collier sur la peau de son cou avec son index.

"Comment vas-tu mon enfant ?"

"Bien, Professeur."

"Rien d'inhabituel à me signaler ?"

"Non, Professeur."

"Aucune pensée qui ne sort de l'ordinaire ou qui présenterait un quelconque danger ?"

"Non, Professeur."

"Tant mieux..." Il réfléchit un instant avant de reprendre la parole. "Comment va ta main petite Mouton Noir ?"

Elle baisse les yeux sur sa main droite enveloppée dans du bandage. La douleur ne l'a pas quittée une seule fois ces deux dernières semaines et elle a encore du mal à la plier depuis que Cleo l'avait punie. Carmen se souvient encore de la douleur du moment.

Flashback 2 semaines plus tôt

Carmen POV

Je nettoyais le reste du self après le repas des étudiants. C'était bas de la part de la Faculté de me confier un travail si près de nourriture alors j'en recevais peu, juste assez pour survivre et travailler. Et encore seulement si j'en faisais assez à leur goût. Même si je préférais nettoyer plutôt qu'avoir à leur servir leurs plats et les regarder manger. Mais je ne pouvais rien faire, j'étais condamnée à passer le reste de ma vie à essayer de satisfaire la Faculté toujours plus exigeante. C'est là qu'est ma place.

Pourquoi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant