Larmes incomprises

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Le bal de printemps était le sujet de discussion principal au réfectoire ce matin. Les gens n'arrêtait pas d'en parler. Filles ou garçons, ils étaient tous excités à la perspective de pouvoir faire la fête librement, sans que qui que ce soit ne vienne leur demander des comptes. C'était insupportable pour moi de les entendre déblatérer là dessus, et pas parce que j'haïssais ce type de soirée en temps normal : j'étais nerveuse, ou plutôt, Sean m'avait rendue nerveuse...

Par chance Dan et Felicity n'y avaient pas vraiment fait allusion, ayant choisi de se prétendre critiques gastronomiques en donnant leurs avis sur le petit déjeuner qui nous avait été servi. J'avais fait deux ou trois commentaires pour leur prouver que je ne m'ennuyais pas du tout, c'était vrai, et ça nous allait curieusement de n'être que trois. Mais ça, c'était avant que Jude ne s'introduise dans la salle, l'air à la fois perdu et remis en forme. Felicity, les joues légèrement roses, fit un sourire en inclinant la tête tandis que j'avertissais son meilleur ami, vu qu'il avait le dos tourné vers l'entrée et qu'il ne le voyait pas arriver. Au même moment, il nous aperçut et gaiement, il vint nous rejoindre.

- Ça pour une surprise, s'exclama Dan en se levant, Jude est enfin sur pied !

- Tu pensais en avoir fini avec moi ? dit-il, avant que l'appariement de leurs paumes ne retentisse autour de notre table. Salut Bobbie !

- Salut Jude, il était temps que tu reviennes !

- Ouais je sais que je vous ai beaucoup manqué, votre visite d'hier après-midi me l’a franchement montré ; s'amusait-il avant d'observer Felicity.

- Ça va Jude, dit-elle.

- Très bien, Felie.

Il lui parut impossible de détourner son attention d’elle, ne remarquant même pas la manière dont il faisait briller son regard. Elle avait l’air joyeuse. « T'attends quoi pour t'asseoir Jude ? » le réveilla Dan, aussi conscient que moi de l'émotion qui le saisissait. J’étais contre cette intrusion mais Dan m’envoya une œillade, pour me rappeler notre complicité. Ensuite, en même temps que notre revenant, il se posa sur le banc derrière eux. Nous n’étions plus trois mais quatre élèves qui mangeaient ensemble, Jude ayant pris adroitement une des tartines de Dan.

- Je t'en prie sers-toi ! lui permit-t-il, bien que ce n'était plus nécessaire. De toute façon aucun d'entre nous n'en raffole vu la confiture avec laquelle on les a tartinées.

- Oui d'ailleurs moi la confiture de raisins me donnent envie de vomir, confiai-je.

- Vous savez quoi, goûtez à la bouffe qu'ils servent à l'infirmerie et je vous jure que même les croûtons de toutes ces tables vous feront envie ; nous répondit-il la bouche pleine.

- Ça a mauvais goût à ce point Jude ? s'étonna Felicity.

- T'aurais du mal à croire que c'est toujours Straffi tellement elle est immangeable !

- Peut-être qu'ils vous refilent les vieux restes d’il y a un mois, supposai-je, crados !

- Ou qu'ils vont chercher des trucs sur Mars, affabula Dan.

- Je suis même sûr qu’ils mangent mieux que ça sur Mars !

Les mots de Jude nous firent tous rire. Il faillit lui-même rejeter ce qu'il avalait.

- Je ne m'en étais pas rendu compte mais il faut croire que le groupe n'était plus le même sans toi mec !

- J'ai eu la même impression que Dan moi aussi, appuyai-je. On dirait que nous sommes au grand complet maintenant que tu es là.

- Oh, fit celui dont on parlait, toi aussi tu m'as manqué Copain-Bobbie !

- Ah ça va !

J'étais trop heureuse de le revoir pour m'énerver de sa petite référence sur mes tendances masculines. Il l'avait dit pour plaisanter en plus, pourquoi aboyer ?

Une fille au cœur tendre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant