Le temps d'un été

Chapitre 2

Cassiopée s'entendait très bien avec la plupart de ses collègues, en particulier avec Antoine. Avec Teyssier, c'était les montagnes russes, un coup oui, un coup non mais globalement ils parvenaient à travailler ensemble correctement. Elle avait eu l'occasion de rencontrer les élèves dont les profs parlaient le plus comme Greg Delobel, Eliott Prevost, Salomé Dekens, Enzo Lopez, Hortense Rochemont ainsi qu'Ambre Martin, Jasmine Kasmi, Tom Azem ou encore Deva Syed. Il s'agissait de fortes personnalités très douées. Certains d'entre eux avaient un peu la grosse tête, d'autres étaient trop humbles, ils étaient différents les uns des autres mais intéressants. Elle avait désormais rencontré quasiment tout le monde au château.

Ce soir-là, elle se fit réchauffer un plat de lasagnes et elle eut un peu honte quand elle se souvint de quoi des jeunes d'une vingtaine d'années étaient capables de cuisiner. Elle n'avait pas un très bon niveau de cuisine mais travaillait dans une école de gastronomie, c'était un peu paradoxal mais heureusement pour elle et les élèves, elle n'était pas derrière les fourneaux. Elle remplissait, pour l'instant, parfaitement les tâches que lui avait confiées Antoine, tout roulait très rapidement et la jeune femme s'en félicita. Elle se remémora les petits plats mitonnés par sa grand-mère et la nostalgie l'envahit. Elina avait tout fait pour lui apprendre à devenir une bonne cuisinière mais en vain. Sa grand-mère lui manquait, elle aurait eu tellement de choses à lui raconter. La jeune femme soupira, rangea un peu, fit la vaisselle, se prépara pour la nuit et alla se coucher avec un livre. Elle lut quelques pages avant d'éteindre la lumière et de s'endormir profondément.

Le lendemain, Emmanuel était d'une humeur massacrante, pour changer...Au téléphone avec Constance, il faisait les cent pas dans le bureau. Cassiopée voulut s'éloigner mais il lui fit signe de rester alors elle s'occupa d'effectuer des commandes auprès de leurs fournisseurs habituels, elle calcula, réfléchit à respecter le budget tout en répondant aux attentes des chefs et du reste du personnel.

-Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, lança Emmanuel d'un ton désespéré. Tu m'as quitté, tu m'as humilié. Notre mariage ne tenait plus debout à cause du temps qui passe, de nos enfants, en particulier de Théo et de sa jalousie maladive...Bref, ce que je veux que tu comprennes, c'est que même si je souffre encore de cet échec, que parfois tu me manques, je n'oublie pas pour qui tu es partie et...Oui...D'accord mais...Écoute Constance, sois heureuse avec lui et restons en bons termes. Ça fait des mois qu'on se fait la guerre, il faut que ça s'arrête.

Il raccrocha et Cassiopée observa le directeur malgré elle, ce qu'il venait de dire la touchait. Il semblait lui faire suffisamment confiance pour la laisser entendre cela et sans qu'elle ne comprenne pourquoi, son cœur battit plus fort et le rouge lui monta aux joues...Et merde, elle avait un crush sur Emmanuel Teyssier. Il avait gardé son téléphone à la main, les yeux baissés fixant un point invisible, quelque chose en lui était différent d'avant le coup de fil.

-Vous voulez être seul ? Demanda-t-elle timidement.

Il sembla se souvenir qu'elle était dans la même pièce et leva lentement les yeux vers elle.

-Non, je vous remercie, ça va passer. Je vais remettre mon masque de gros dur et vous oublierez aussitôt ce que vous venez d'entendre.
-Je n'ai rien entendu, monsieur.

Il se passa la langue sur les lèvres, s'apprêta à répondre quand les portes du bureau s'ouvrirent sur Antoine.

-Vous pouvez me rejoindre au double A tous les deux ?
-Pourquoi ? Demandèrent-ils d'une même voix.
-Vous n'allez pas me dire que vous avez oublié ça quand même ? S'étonna le proviseur.
-Ah oui, reprit Emmanuel, on vous a préparé un pot de bienvenue. Tous les membres du personnel sont là alors on en a profité. Ne me remerciez pas, c'est une idée d'Antoine.
-C'est adorable, répondit-elle touchée, la main sur le cœur.