Chapitre 6

197 6 0
                                    

Quand Cassiopée reprit conscience, elle était allongée dans l'infirmerie de l'Institut, Lisandro à son chevet. Il lui tenait la main et lui sourit en la voyant ouvrir les yeux. La porte s'ouvrit avant qu'il n'ait pu dire un mot et Teyssier arriva dans la pièce, le teint pale et l'air contrarié.

-Lisandro, vous pouvez nous laisser s'il vous plaît ? Demanda-t-il d'un ton autoritaire.
-Et pourquoi ? Répondit-il sur la défensive.
-J'ai besoin de parler à Cassiopée en privé.
-Je suis son petit ami, je veux rester avec elle.
-Comme c'est charmant, railla Teyssier.
-Qu'est-ce que vous voulez lui dire ? Vous voyez bien qu'elle n'est pas en état et qu'elle a besoin de repos ! Vous êtes vraiment sans cœur, Emmanuel, j'aurais honte de mon comportement à votre place !
-Lisandro, intervint Cassiopée d'une petite voix, ne t'énerve pas. Laisse-le me parler et tu reviens tout de suite après d'accord ?
-Tu es sûre ?
-Oui, ça va aller, ne t'en fais pas.

Lisandro s'exécuta à contre cœur, il se leva, lui fit un baiser sur le front avant de quitter l'infirmerie en lançant un regard assassin à Teyssier.

-Comment vous vous sentez ? Demanda-t-il alors d'une voix beaucoup plus douce.
-Je suis en état de choc...Mais ça va. Que vouliez-vous me dire ?
-J'ai parlé avec Constance et elle m'a dit de venir vous voir, que si vous le souhaitiez vous pourriez m'expliquer "quelque chose", je n'en sais pas plus.

La jeune femme soupira.

-Je pense que Charlène et moi avons été agressées par la même personne.
-Pardon ?! Demanda-t-il effaré.

Cassiopée lui expliqua brièvement ce qui lui était arrivé il y a cinq ans et Emmanuel comprit alors beaucoup mieux pourquoi elle avait réagi ainsi la première fois qu'elle avait revu Lisandro.

-Je pense qu'à présent, la gendarmerie nous prendra beaucoup plus au sérieux. Nous sommes deux et nos agressions se sont déroulées exactement de la même manière. Vous pourrez dire à votre fille qu'elle peut venir me voir et que je l'accompagnerai dans ses démarches si elle le souhaite.
-Merci beaucoup, dit-il. Elle va avoir besoin de soutien. Le votre aura plus de poids que le mien ou celui de sa mère, vous pouvez la comprendre bien mieux que nous.
-Vous ne pouvez que l'entourer, l'aimer et la rassurer, c'est tout ce dont elle a besoin de votre part...

Il n'ajouta rien, baissa les yeux et la remercia encore avant de quitter les lieux. Lisandro revint et elle se rappela alors les mots qu'il avait prononcés "je suis son petit ami"...Cela l'avait étonnée car leur relation n'était pas vraiment officielle, elle souhaitait prendre son temps. Il y a cinq ans, un véritable coup de cœur s'était emparé d'elle, aujourd'hui elle ressentait de l'attirance, du désir, de la complicité...Elle se sentait bien avec lui mais tout cela signifiait-il qu'elle était amoureuse ? Elle n'en avait pas la conviction. Lisandro la raccompagna chez elle et ne resta pas car elle préférait rester seule.

Le week-end terminé, Cassiopée revint dans son bureau tôt le lundi matin suivant. Charlène frappa à la porte avant d'entrer et demanda à parler à la proviseure adjointe. Cassiopée comprit qu'il s'agissait d'une discussion privée et les deux jeunes femmes sortirent. Charlène n'était pas au courant de toute l'histoire de Cassiopée et celle-ci la lui expliqua.

-Est-ce que vous accepteriez de m'accompagner à la gendarmerie ? Demanda-t-elle enfin.
-Oui, bien-sûr ! S'exclama Cassiopée.

Elles convinrent de se retrouver en fin de journée. Emmanuel la remercia brièvement mais avec reconnaissance quand elle réapparut dans le bureau. Vers 18h, Cassiopée rejoignit Charlène dans le parc. Elles ne se parlèrent pas beaucoup durant le trajet. Au poste, Charlène expliqua qu'elle voulait porter plainte à l'agent que Cassiopée connaissait.

-Je l'accompagne, dit-elle, nous avons été victime du même homme.

L'officier les emmena dans son bureau. Cassiopée raconta son histoire, l'homme s'en souvenait et Charlène expliqua alors en détails sa soirée. Ce fut difficile mais Cassiopée la soutenait et cela lui donna du courage. C'était déjà très difficile de devoir revivre son agression mais entendre celle de Charlène fut tout aussi compliqué. Le gendarme sembla prendre la plainte avec plus de considération et cela les réconforta toutes les deux. Sur le chemin du retour, elles discutèrent un peu plus. Si au départ, Cassiopée avait trouvé la jeune femme trop sûre d'elle et désagréable, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir connectée à elle désormais, unies dans une même douleur.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant