Chapitre 3

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Aujourd'hui, c'est le moment où ils annoncent les élus, c'est un jour férié personne ne travaille et reste fixé sur leur télé avec comme seul question : Qui seront le prochain peuplé la terre idyllique ?

Le pays, le village, notre maison tous semble figé avant l'annonce des nouveaux élus.

Le salon est plongé dans l'obscurité, seule la lumière du petit écran qui nous sert de télévision éclaire nos visages crispés par le stress de ne pas le voir ou de justement de le voir.

Savoir qu'il a réussi nous rendrait forcément fière mais ne lui permettrait pas de revenir mais ne pas le voir, ce serait sûrement pire, nous serions toujours seules mais sans savoir où il est, sans savoir s'il va bien. Pas que ces informations nous soient délivrées dans le cas inverse mais cela nous rassurerait sûrement.

Enfin c'est ce que j'aime à penser pour ne pas penser que plus jamais il ne sera le soir quand on rentre, que plus jamais je ne pourrais le prendre dans mes bras, lui raconter mes cours, voir cette lumière dans ces yeux lorsqu'il apprend de nouvelle chose. Plus jamais je n'entendrais son rire...

Nos disputes me manquent, elles étaient rares mais Arthur ne faisait rien qui puisse nous nuire, a l'inverse tout ce qu'il faisait était pour nous. Jamais il n'a pensé a lui en premier. Arthur était notre grand frère, celui que tout le monde rêve d'avoir et il n'est plus là, et ce pour toujours.

Mais savoir que quelque part il va bien, me permet de continuer d'avance, de continuer de grandir et d'apprendre.

Alors ce soir, alors que le village est plongé dans un silence presque religieux, Nina et moi se blottissons l'une contre l'autre dans un plaid épais.

Nous nous serrons toutes les deux en nourrissant l'espoir de voir Arthur apparaître sur notre écran.

Les personnes défilent, chacune avec un grand sourire qui vient comme tirer leurs visages.

Chaque visage qui apparaît est comme une délicieuse torture orchestrée par la Capitale. Chaque visage nous rapproche l'abominable vérité, celle que notre frère n'a pas réussi. Que le gouvernement a encore agi contre le petit peuple.

Je sens Nina défaillir à côté de moi alors qu'il ne reste plus que 3 place et lorsque le visage de notre frère s'affiche sur l'écran, cette fois-ci ce ne sont plus des larmes de tristesse ou d'angoisse mais bien de joie de le savoir en vie. Il a le teint un peu plus blême qu'avant sûrement qu'il est resté en intérieur mais il semble allé bien.

Son visage bien que pale reste comme gravé sur mes paupières alors que je ferme les yeux de soulagement tout en serrant ma sœur.

Il a réussi, Arthur a réussi

On passe le restant de la soirée devant l'écran éteint à pleurer de soulagement. Le reste du village vient toquer à notre porte pour nous féliciter. Ils nous félicitent, nous apportent des mets et des fleurs, ils nous félicitent nous alors qu'encore une fois, c'est Arthur qui s'est sacrifié, ils nous félicitent alors que plus jamais nous ne rêverons Artur. Le savoir en vie est certes un soulagement mais le voir sur cet écran était certainement la dernière fois que nous le voyons. Les élus une fois entrés a Ilicia nous plus de contact avec l'extérieur à part avec le gouvernement et encore cela reste rare. Notre dernier contact avec notre grand frère celui qui nous a élevées ce fait a travers un écran, sans que nous ne puissions lui répondre.

Les gens partis, Nina et moi reprenons la routine que nous nous étions créée. On dîne ensemble puis Nina part rejoindre Armand, il discute de tout et de rien puis il l'embrasse et Nina rentre à la maison un sourire béat collé sur son visage. On se rejoint dans la chambre d'Arthur et débriefons de la journée de l'autre. Quelques fois nous nous endormons là avec Arthur, comme s'il était là, qu'il n'était jamais parti. On l'imagine faire le sourd à la mention d'Armand, ou encore regarder ce dernier de travers lorsqu'il passe chercher Nina. De mon côté, pendant que Nina est avec son apprenti boulanger, je pars à l'aventure, je cours, escalade, pleur et crie. Je me défoule, je relâche loin des regards tout ce que j'ai gardé pour moi tout au long de la journée. Une fois rentré à la maison je fais comme si de rien n'était et redeviens celle que je suis, froide mais forte, je porte notre douleur pour nous deux. Je tiens ma promesse à Arthur, je laisse notre fleur grandir et s'épanouir.

Les jours passent alors que nous suivons notre routine comme un script duquel nous ne devrions pas nous éloigner.

Ce jour-ci est en apparence comme tous les autres jours, Nina est au village et moi a la recherche de ce que je trouve de mieux.

Le ciel bleu est pollué par quelque nuage qui vienne gâcher l'accès au soleil, l'air est légèrement frais, nous sortons tous doucement de l'hiver, l'odeur des cultures de lavande vient se loger dans mes narines alors que j'inhale en grand de bouffer tout en les traversant. C'est bien le seul endroit où je me sente réellement à l'aise, la maison a tendance à trop me rappeler ce que nous n'avons plus.

Tant bien que ni Nina ni moi n'entretenions cette maison, la voir tous les jours tomber un peu plus tombé en ruine, l'entendre hurlé de douleur me peine mais la repérer me ferait plus de mal qu'autre chose. Avoir l'impression de réparer quelque chose qui ne pourra jamais être réparé. Cette maison est remplie de souvenirs, de bons souvenirs qui ont été avalés par le temps.

Les mains remplies de lavande pour tenter tant bien que mal de redonner vie a ces 4 murs, je prends le chemin en direction notre maison.

À l'entente des voies au loin, je bifurque et sors du sentier pour m'enfoncer un peu plus dans les champs. Je ne fuis pas toutes interactions sociales disons seulement que je les limite

Ce soir-là en rentrant de mon tour, une enveloppe dans la boîte aux lettres attire mon attention, une enveloppe bleue. Ces enveloppes ne sont jamais de bon présage. Je l'ouvre délicatement comme si je craignais que quelque chose de caché dedans puisse me sauter au visage. Je déplie la lettre et y lis :

« En tant que famille d'Arthur MILLER, vous êtes conviés pour lui dire un dernier mot avant son départ pour Ilicia.

Ci-joint deux billets pour la capitale

Cordialement

Mme le président »

Je mets du temps à réaliser ce qui est vraiment écrit sur cette feuille, puis lorsque je comprends que je vais revoir, que nous allons revoir Arthur, j'abandonne les fleurs au sol et cours, je cours comme je n'ai jamais couru pour trouver Nina. Je vérifie la maison et tout le village. Je la retrouve derrière la boulangerie dans les bras de son amant, je ne prends pas le temps de même lui adresser un regard et me rue sur Nina en brandissant la lettre.

- Nina ! Nina ! On va le revoir ! On va pouvoir le voir ! Lui parler ! Je crie en lui agitant sous le nez la lettre

- Emma, je ne comprends rien à ce que tu me racontes, qui va-t-on revoir ? Et veux-tu arrêter de sauter dans tous les sens, me répond ma sœur en gloussant légèrement et en glissant un regard complice à Armand.

- Arthur, qui d'autre ?

- On va revoir Arthur, continue ma sœur en m'arrachant et en lisant à voix haute la lettre, En tant que famille d'Arthur MILLER, vous êtes conviés pour lui dire un dernier mot avant son départ pour Ilicia. Ci-joint deux billets pour la capitale, Cordialement Mme le président

Et ce n'est que seulement après quelques secondes de compréhension qui m'apparaisse comme des heures qu'elle ne comprenne :

- Oh mon Dieu, Emma on va revoir Arthur !

Nina et moi continuons de sautiller de joie jusqu'à ce que nos pieds nous fassent souffrir.

- Je suis désolé de te la piquer Armand mais nous avons un voyage à préparer, j'annonce en tirant ma sœur par le bras, tu te rends compte on va revoir Arthur

Nina me répond avec ses yeux remplis d'étoile et de larme de joie.

Après un énième baiser langoureux avec Armand, Nina et moi courons jusqu'à notre maison pour y préparer nos affaires.

Le ciel semble avoir lu aussi compris qu'il s'agissait d'un jour heureux, alors que nous courons à perdre haleine, le temps se dégage laissant le soleil presque couché, percé les nuages et venir nous effleurer le visage de ses rayons chaud et agréable. L'air en lui-même se réchauffe, c'est comme si nous courions à travers le temps, à travers les saisons.

Demain est un grand jour, pour la première fois de notre vie nous allons quitter ce village miteux et surtout nous allons revoir Arthur.

Les valises sont faites aléatoirement à base de ce que nous trouvons à droite et à gauche, nous vidons les placards de nourriture pour remplir notre pochon, nous préparons notre plus bel habit pour demain.

Demain, c'est notre journée, c'est notre journée avec Arthur.

Et rien ne pourra nous la gâcher, rien ni personne, c'est nous et rien d'autre. 

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 07, 2023 ⏰

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