15. It's the hard knock life

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Ophir vit Napoléon l'abandonner aux mains de Makar avec un grand désarroi. Son désarroi augmenta lorsque le Russe ferma la porte de la chambre de Darcy.

— Mais, euh... pourquoi...

— Il faut bien qu'on discute de la suite des événements, toi et moi ! répondit Black Stag d'un ton acide.

— Il y a des salles de conf' pour ça, si Graham...

— Tu n'as pas compris ? Darcy n'est qu'un simple outil, pour eux.

— Je n'ai pas tout à fait compris ça, Black, fit l'Israélien en fronçant les sourcils.

— Elle a été récupérée à la place de son amie parce qu'elle s'était mise en danger imminent. Et elle se faisait surveiller parce que son père a eu maille à partir avec Mayhem. L'unité est littéralement responsable de son état actuel.

— Attends, si son père était un criminel, Mayhem ne peut pas être tenu respon...

— Peu importe ! balaya le Russe en agitant la main. Elle n'a jamais été sélectionnée. Elle a été gardée parce qu'elle n'est pas complètement demeurée, mais elle leur sert d'outil pour que toi et moi cessions de nous antagoniser.

— C'est-à-dire ?

— C'est-à-dire : tu es un élément – et cela m'écorche la bouche de le dire...

— J'entends ça.

— Tu es un élément prometteur à leurs yeux et je suis un élément indispensable mais très peu contrôlable. Ils pensent que notre performance est diminuée parce que nous ne nous entendons pas.

— On peut dire ça.

— Non. C'est la réalité des choses. Graham leur sert à la fois de carotte et de bâton : ils ont saisi que je voulais à tout prix être son Mentor.

Ophir se garda bien de demander la raison de ce caprice, mais il se jura d'obtenir une réponse dans les semaines à venir.

— Et ils savent que tu tireras beaucoup d'avantages et de maturité en devenant un Mentor. Au lieu de la réinsérer dans la société civile à la fin de son sevrage, ils ont décidé de la prendre comme excuse pour nous associer. Soit nous échouons et je commets quelqu'irréparable erreur à ton encontre, leur donnant une excuse pour me virer ou me neutraliser...

— Tu exagères, déglutit Sakal.

— Absolument pas. Ils veulent avoir un point de contrôle... ils veulent me mettre un mors dans la bouche. Bref : soit nous échouons et Darcy est la victime de cet échec en disparaissant précocement ou en étant réinséré dans un autre pays et sous une autre identité, soit nous réussissons et Mayhem récupère trois agents dont un plus mature et l'autre plus... disons plus apprivoisé.

Ophir fit la grimace et prit le temps de réfléchir à ce que sa bête noire venait de déclarer presque sans respirer.

— Tu... tu dis ça pour me manipuler ou pas ? Je n'arrive pas à savoir.

Black écarquilla ses yeux de chat, exprimant une menace silencieuse qui fit frissonner Sakal.

— Je n'arrive pas à croire que tu es encore plus crétin que ce que je croyais, Sakal, et c'est beaucoup dire.

— Avec toi, si je peux me permettre, on ne sait jamais. Personne ne sait jamais.

— Darcy a été capable de plus d'observation en deux minutes que toi en plusieurs années.

— Et peut-être que les agents senior ont reconnu que c'était un exploit de pouvoir lire dans ton jeu de cartes, tu ne crois pas ?

— Justement. Je veux être sûr qu'ils voient ce que je vois en elle.

Mayhem's MenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant