Chapitre 8

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(Trigger Warning pour mention d'abus sexuel sur mineur et des problèmes psychiatriques qui s'ensuivirent. Faites attention à vous)

Des mains sur ses épaules le firent sursauter ; en se retournant sur sa chaise roulante, Bjolan se retrouva nez à nez avec le grand sourire de Hild. Il resta de marbre, simplement parce qu'il ne savait pas trop à quoi s'attendre. Les yeux bleus de la femme pétillaient – rien que ça lui faisait plaisir. Quand il l'avait connue, elle était grise et terne. Maintenant, elle resplendissait.

Dans une certaine mesure, cela lui rappelait Thyra.

"Tu es prêt à partager des choses ?"

Bjolan lança un coup d'œil au texte dont il avait traduit le premier quart. Avec un sourire mauvais, il répondit :

"Non, c'est encore un brouillon."

Hild l'observa avec attention pendant quelques instants, ce qui le mit plus mal à l'aise que ce qu'il aurait cru.

"J'essaie de comprendre si c'était un moyen de détourner ma question parce que tu ne veux pas y répondre ou si c'était une boutade."

Lui-même eut un doute soudain, alors il se râcla la gorge.

"Un peu des deux, je crois. Je préfèrerais ne pas en parler au boulot, y a assez de bruits de couloirs sur ma pomme.

-Une bien belle pomme, dit-elle en ébouriffant ses cheveux rouges."

Bjolan se laissa faire, appréciant le geste mais espérant ne pas être décoiffé. Hild s'éloigna avec un sourire pour s'approcher de la machine à café, et le rouquin se concentra de nouveau sur son travail.

Il n'était pas stupide, le changement dans son attitude était visible. Malgré ses efforts pour rester neutre sur son lieu de travail, il se surprenait parfois à sourire à ou chantonner l'air d'une chanson qu'écoutait Osferth. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer de se contenir – pour ne pas s'épancher sur sa vie privée et par respect pour Ragnar, qui devait peut-être voir d'un mauvais œil une telle bonne humeur après le fiasco à la gendarmerie. Bjolan lui-même sentait sa joie s'envoler lorsqu'il prenait conscience de cette dualité des évènements et du fait que l'évolution de sa relation avec Osferth supplantait pour le moment la douleur de la disparition de Thyra.

D'un autre côté, il savait parfaitement que son amie comprendrait son état, puisqu'elle était passée par là avec Beocca. Bjolan n'avait pas expliqué les tenants et aboutissants de son état avec Osferth pour le moment ; cela ne faisait que quelques jours, qu'ils avaient passé dans une bienheureuse béatitude. Enfin, c'était ce que Bjolan avait ressenti. Osferth était plus réservé, comme à son habitude, mais le rouquin avait apprit à remarquer certains signes.

Lorsque, à la pause de midi, assit à une petite table pour manger sa galette de boulangerie réchauffée, Hild le rejoignit avec un autre grand sourire, il n'entra pas non plus dans les détails. Il adorait cette femme, elle était ce qu'il avait de plus proche d'une mère – ou, plus exactement, d'une tante – mais il voulait garder ce qu'il vivait avec Osferth près de lui, sans le partager. Il se sentait un peu comme un enfant territorial.

"Attends une seconde, dit Hild avec une expression à mi-chemin entre le rire et la déception. C'est la première fois que tu es sérieux avec quelqu'un et tu as rien trouvé de mieux que lui demander de sortir avec toi dans ton lit, en calbut avec un café à la main ?

-Il a accepté, c'est que j'ai dû faire les choses bien. Pour ma défense, je lui ai redemandé après une bonne douche et en étant habillé."

Il laissa flotter la suite, juste pour ne pas rentrer dans les détails sur comment Osferth avait de nouveau accepté et l'avait embrassé avec tellement de passion que Bjolan s'était retrouvé la tête entre ses jambes pour lui tailler une pipe. Heureusement pour lui, Hild se contenta de manger sa salade avec un petit regard entendu.

Et demain l'automne (Fanfiction The Last Kingdom)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant