Chapitre 2

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A mi-chemin entre le sommeil et le réveil, Bjolan se sentait serein. Tout était à sa place : il était sous de chaudes couvertures, Osferth lové contre lui. Il savait qu'en s'éveillant, il sentirait la chaleur d'un feu et entendrait les crépitements du bois - que bientôt les chevaux allaient hennir et les hommes s'affairer, en train d'aiguiser leurs lames.

Osferth remua contre lui, et son nez vint se perdre dans sa barbe. Cela chatouilla assez Bjolan pour que son cerveau émerge, et il se rendit compte qu'il se trouvait dans son appartement, les volets grand ouverts sur la lumière d'une chaude matinée et les klaxons des lève-tôts qui devaient essayer de se rendre au marché en ce splendide samedi de septembre. Dissipées les images de tentes et de campement, il fixait à présent un plafond blanc et le sommet du crâne d'Osferth ; dans cet état second, c'est la seule chose qui lui sembla naturelle. Osferth bailla à s'en décrocher la mâchoire et Bjolan passa une main dans son dos nu, appréciant les délicates courbes et les muscles qui se cachaient dessous.

"Oh, merde."

Le jeune homme eut un sursaut, s'écartant du corps de Bjolan et emportant la petite couverture avec lui. Le rouquin eut soudain froid et grogna, se frottant avidement les yeux. Quand il les rouvrit, il vit Osferth, le rouge aux joues et dont le regard oscillait entre leurs deux corps uniquement vêtus d'un caleçon ; et sur les différentes marques qui les parsemaient. Son expression à mi-chemin entre le chien perdu et l'effarement le plus total fit rire Bjolan, qui lui caressa doucement le bras.

"Je m'attendais pas à ce que tu sois du genre à mordre, ricana-t-il en portant son autre main au faible pincement qu'il sentait à la jonction de son cou et de son épaule."

Osferth rougit davantage et détourna le regard. Bjolan avait également laissé beaucoup de traces de son passage, et il pouvait retracer du regard tout son chemin sur le torse imberbe du jeune homme toujours assis au-dessus de lui.

"J'ai, euh, pas l'habitude de m'endormir après, euh, l'acte.

-T'es plus du genre à repartir en courant ?"

Osferth leva les yeux au ciel, mais Bjolan ne manqua pas le léger sourire qui s'esquissa à la commissure de ses lèvres.

"Pas en courant, non. Mais je ne reste pas. Enfin..."

Il se racla la gorge, ses oreilles reprenant une teinte rouge vif dans la lumière douce du début de journée.

"Je dois dire que ça ne dure pas aussi longtemps, non plus."

Bjolan éclata de rire, mais fut interrompu par un bâillement. Il se redressa pour faire face à Osferth, qui sembla d'un coup presque gêné de se retrouver dans cette position, les genoux fermement ancrés autour des hanches du rouquin et assis sur ses cuisses. Il cligna des yeux quelques fois, et Bjolan lui caressa la joue, retraçant d'un doigt la ligne droite de sa mâchoire.

"Qu'est-ce que tu en as pensé ?

-C'était, euh..."

Le fait d'avoir dansé si longtemps sans penser à aller reprendre à boire leur avait laissé plus de facultés cognitives que ce à quoi Bjolan s'attendait. L'adrénaline les avait gardé éveillés pendant un moment, et le rouquin se rendit compte avec délectation qu'il se rappelait plutôt bien de leurs ébats d'il y a quelques heures.

Ils y étaient allé tranquillement, en particulier au début ; Osferth avait de l'expérience, mais uniquement avec des femmes. Bjolan avait mit un point d'honneur à se laisser guider par le jeune homme pour qu'il ne se sente pas trop dépaysé. Bien sûr, il avait profité comme il se doit de tout ce qu'il avait à disposition ; Osferth avait un déhanché tout droit sorti des Enfers, mais ce n'était rien comparé à ses jambes. Par souci du détail, il avait fait en sorte de lui donner la meilleure pipe de sa vie ; Bjolan ne savait pas trop quelle était sa compétition, mais il se rappelait cette envie étouffante de l'effacer à jamais. Visiblement, Osferth avait été plus que satisfait.

Et demain l'automne (Fanfiction The Last Kingdom)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant