Chapitre 52

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Chapitre 52


Le nouveau directeur de Poudlard surplombait le domaine depuis la tour d'astronomie. Il profitait du petit matin et du peu de temps seul qu'il aurait aujourd'hui, veille de la rentrée. L'été n'avait pas été de tout repos, il avait passé un certain temps auprès de Voldemort. Harry avait été transféré au Terrier sans trop de pertes. Et, même si le mariage de Bill et Fleur avait été interrompu par les mangemorts, le fameux trio avait pu s'échapper. Tout se déroulait comme Albus et lui l'avaient prévu. Tout était parfait. Si parfait qu'il ne pensait presque pas à Azaela. Il parvenait à l'enfermer dans un coin de son esprit. Il restait cependant aux aguets. Elle n'avait pas émergé et personne ne savait où elle était. Mais il savait qu'elle était en vie. Peut-être avait-elle fini par se retirer définitivement du monde des sorciers. Il s'était assuré que ni Agatha ni aucun autre de ses amis ne savaient où elle était. D'aucun dirait qu'il l'avait cherchée activement ces derniers mois et ils auraient sans doute raison.

Il remarqua des silhouettes traversaient le grand pont. Les professeurs de cette année arrivaient. Il n'avait pas trop changé l'équipe pédagogique pour ne pas étouffer le rôle de résistance de l'école, seulement deux mangemorts, pas les plus intelligents. Il avait chargé McGonagall de rappeler les professeurs.

Il retrouva les premiers professeurs dans la Grande Salle, dont les tables avaient été poussées sur les côtés. McGonagall le salua en premier. Elle avait le visage fermé et n'était pas certaine de comment se comporter avec le nouveau directeur. Allié ou ennemi ? Il ne pouvait lui en vouloir. Parfois lui-même ne savait plus où se placer. Ils se serrèrent la main silencieusement. Il voulut échanger quelques mots mais les portes derrière lui s'ouvrirent et il tourna la tête.

Azaela était là, dans une longue robe bleue, le visage tendu. Il resta immobile, incapable de faire le moindre mouvement alors que leurs regards se croisaient. Il avait mis tant d'efforts pour se persuader qu'il ne la reverrait plus jamais et qu'il ne servait plus à rien d'espérer quoique ce soit. Mais à cet instant, il se surprit à désirer être avec elle de nouveau. Il n'eut d'ailleurs pas l'impression de voir de la haine dans ses yeux, ni même de la déception, elle semblait simplement ailleurs.

一 Monsieur le directeur, murmura-t-elle en lui tendant une main.

Il déglutit et se força à retrouver son air neutre et détaché. Il était en public et il s'était promis de ne plus la mettre en danger. Les deux mangemorts Carrow ne manquaient certainement aucune seconde de cet échange.

一 Professeure Locks, je ne pensais pas vous revoir cette année. Je vous avoue que je ne suis pas certain qu'il y ait besoin d'assurer les cours de vol.

Elle l'interrogea d'un sourcil.

一 Le quidditch ne sera plus enseigné ici. A quoi leur servirait un balai dans la guerre qui les attend ? déclara-t-il dans un demi-sourire

Azaela ne réagit pas et haussa simplement les épaules. Severus se força à se détourner d'elle pour s'adresser à l'ensemble des professeurs.

一 Je vous recevrai tous individuellement dans mon bureau.

Il annonça l'ordre de passage de son ton flegmatique habituel.

一 Et en dernier, Professeure Locks.

Voila. En dernier, ce serait parfait. Ils auraient le temps. Même s'il doutait que ce temps suffirait pour aborder... pour rien du tout. Il devait vraiment arrêter d'espérer.


Azaela attendit patiemment que les entretiens s'enchaînent. Très honnêtement, elle ne comprenait pas bien ce qu'elle faisait ici. Elle avait passé ces derniers mois bien loin de la guerre, ou même du monde des sorciers. Elle avait entendu ce qu'il s'était passé au mariage de Bill Weasley, de la chute du ministère de la magie et de la fuite de Harry Potter. Et elle avait repensé à la lettre d'Albus. Elle avait un rôle à jouer dans cette histoire. Il lui avait dit de protéger Harry, mais elle en avait décidé autrement. Elle avait choisi de suivre son seul désir, d'être égoïste, de le revoir et de demeurer au cœur de l'action.

一 Professeure ?

Elle releva la tête. Il l'appelait. Elle traversa l'espace qui la séparait de la porte sans lui accorder un seul regard. Ils étaient surveillés. Il referma la porte derrière elle et resta tourné quelques secondes. C'était le temps de retirer son masque. Il l'observa s'asseoir sur le siège.

一 Azaela... Qu'est-ce que tu es venue faire à Poudlard ?

一 Enseigner le quidditch.

Il soupira.

一 Ecoute, je ne veux pas te voir ici, j'ai déjà assez de choses à gérer comme ça. Je n'ai pas en plus envie de...

一 Tu ne m'as pas bien compris Sev. Je suis venue pour jouer mon rôle dans cette guerre.

一 Quel rôle ? ricana-t-il sans doute plus méchamment qu'il ne l'aurait voulu

一 Tu es un très bon tacticien, un excellent sorcier mais tu sais aussi bien que moi, qu'il te manque un petit quelque chose pour être le meilleur dans cette bataille.

Il lui lança un rictus hautain. Comme si elle pouvait savoir...

一 C'est moi qui t'empêche de libérer ton plein potentiel, ou plutôt c'était mon absence. Tu ne savais pas où j'étais et tu t'inquiétais. "Et si cette action la mettait en danger ?" 

Severus serra la mâchoire.

一 Mais, c'est bon. Maintenant je suis là, dans ton champ de vision.

Elle se leva pour s'approcher de lui. Il s'attendait à tout à cet instant. Une gifle ? Un sortilège peut-être ? Mais il ne pouvait certainement pas prévoir ça. Elle l'entoura de ses bras pour le serrer contre elle. Il sentit son cœur rater un battement.

一 Et je ne vais nulle part.

Il n'aurait jamais pensé pouvoir la sentir si près à nouveau. Elle lui avait tellement manqué. C'était comme une partie de lui-même qui refaisait surface. Mais il n'en avait pas le droit. Il se détacha d'elle doucement et se força à la regarder en face.

一 Je ne peux pas... Je suis désolé.

Elle ne répondit rien.

一 Avec tout ce que je t'ai fait, je ne peux pas accepter que tu reviennes. Je ne mérite pas d'être avec toi.

一 J'ai lu la lettre Severus. J'ai compris et je ne t'en veux pas.

一 J'ai tué ton père, Aza ! J'ai tué la personne qui te connaissais le mieux, la personne que tu aimais le plus ! Tu ne peux pas débarquer comme ça et me dire que tu me pardonnes, ça ne marche pas comme ça. Tu devrais me détester.

一 Il était vieux, il a choisi sa mort et tu n'aurais rien pu faire pour en changer l'issue finale. J'ai même envie de te dire que c'était mieux ainsi. Je préfère que ce soit toi plutôt qu'une ordure. 

Severus baissa la tête. Elle ne comprenait rien. Elle voyait toujours le meilleur côté de lui, jamais la vérité.

一 Je n'ai pas le droit d'être heureux. Je me le suis promis au moment où j'ai lancé ce sortilège. Je t'ai fait trop souffrir, je ne te mérite plus.

Azaela rigola. Elle semblait réellement amusée par la situation.

一 Cesse de t'apitoyer sur ton sort. Si tu as cru que j'allais te laisser te reposer tranquillement dans ton coin, tu ne me connais pas. J'ai décidé de te donner une seconde chance, alors tu vas la saisir.

Elle l'embrassa du bout des lèvres.

一 Je suis assez grande pour prendre mes propres décisions. Et aujourd'hui, ce que je veux c'est être avec toi.

Il eut presque un sourire sur le visage.

一 Parce que je t'aime. Et parce qu'il est hors de question que je tu meures.



Merci pour la lecture !

La mécanique de ses larmes (Snape x oc)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant