VIII) Pavillon

3 0 0
                                    

Le temps semblait s'arrêter,  l'environnement autour devenait de plus en plus flou, a tel point que je ne pouvais discerner ni la route de Selly Oak, ni les voitures garées sur le parking non loin de la, ni même les hauts sapins verts bordant la route. Je fermai solennellement les yeux, attendri par la présence de Tante Lucy. Une larme de joie coula sur mon visage abîmé par la violence que j'ai subi durant maintes années.

"Merci Tata" Répetai-je en un sanglot que je ne pouvais contenir

"De rien Luckie" Repondit Lucy en rigolant

Ce moment durait 3 bonnes minutes, j'ouvris mes yeux humides que je sechai aussitôt. Je faisais face à un pavillon typique des années 80 au Royaume-Uni. Les murs étaient en béton jaune pale et le toit était fait d'ardoises datées qui tenaient malgré le temps . Un portillon en ferail peint en blanc s'ouvrait sur un petit jardin au devant de la maison, sur lequel on pouvait distinguer des plates bandes de tulipes et de roses. Une allée coupait ce jardin fleuri, allée en marbre blanc menant directement à l'édifice. Je distinguais sans grand mal des conifères encore feuillis en ce mois de janvier derrière la batisse.

Tata Lucy me fait signe d'emprunter l'allée en marbre, puis elle me suivi de son pas nonchalant que je reconnaissais malgré l'impact du temps et de la séparation.

Elle passa devant moi lorsque le temps d'ouvrir la porte vitrée terminant l'allée était venu. Quelques marches nous séparaient de l'ouverture centrale de la maison. Une fois la clé ayant fait deux tours dans la serrure, la porte s'ouvrit en un grincement assourdissant.

"Voilà! Bienvenue chez toi Luckie!" dit ma tante

J'étais tout bonnement émerveillé devant la pièce qui s'ouvrait devant moi: une pièce de vie gigantesque, mais pour autant decorée a souhait avec des photos souvenirs, des cadres et autres objets ornementaux de ce style. La tapisserie était datée mais étrangement cela ne sautait pas aux yeux, elle s'habillait bien avec le style vintage de la pièce.

Dans un coin de la pièce se trouvait un canapé marron affaissé et abîmé par le temps, car aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, je ne me souviens pas avoir vu ce canapé en bon état. Aux côtés de ce canapé se trouvait un fauteuil. Il était légèrement incliné en direction d'un vieux poste de  télévision datant sûrement des années 1980. Un tapis aux couleurs vives habillait le sol et rendait à la pièce une atmosphère chaleureuse et réconfortante. Des rangements étaient présents en quantités suffisantes. Ils étaient fermés par des placards et tiroirs soigneusement ornés par Lucy

"La deco te plaît? Je l'ai faite moi même" Dit ma tante d'un air fier et un brin ironique

"Oui j'aime beaucoup! Je reconnais la tante de mon enfance!" Repondis-je sincèrement.

Un sourire franc se dessina alors sur nos lèvres, j'avais souvent le don de la faire pleurer, je ne l'ai pas perdu: Je la regardai et je vis naître de son œil droit une larme de bonheur reflétant toute l'émotion qu'elle ressentait mais  aussi tout l'effort qu'elle avait mis pour l'ornementation de la pièce

"Merci Luke!" Repondit-elle

"Mais de rien Tata, je suis sincère."

Voyant la nécessité de me faire un câlin qu'elle éprouvait a ce moment, je lui proposai, elle ne refusa pas.

Une fois qu'elle eut repris ses esprits, elle me fit signe de monter a l'étage. Sans doute pour me montrer ma chambre sans doute.

"Après toi jeune Homme" Dit-elle

"Merci Madame" repliquai-je en rigolant

Elle rigola de même d'un rire franc et contagieux

Je gravis alors la première marche de l'escalier en bois de sapin grinçant lorsque je manquai de peu de me casser la figure

"Fais attention ou tu marches! Certaines planches sont un peu bancales" prévint Lucy

"Ne t'en fais pas tata, je gère!"

Une fois arrivé sur le long palier (et en un seul morceau), Ma tante sortit un trousseau de clés pour ouvrir la porte de ma présumée chambre

"Désolé, ça fait depuis longtemps que je n'ai pas ouvert cette pièce" Avoua ma tante

"T'inquiètes" dis-je machinalement

La porte s'ouvrit sur une magnifique chambre, mansardée, avec un velux sur la face ouest, ou se trouvait le pan du toit. La chambre était de couleur bleue, principalement. Le lit deux places collé au mur du fond était paré d'une couverture bleue marine, d'un oreiller blanc et d'un traversin bleu marine également. Sur le mur en face de la porte se trouvait deux traiteaux et une planche de bois faisant office de bureau, et à vrai dire cela me convenait. A l'image du salon, les rangements étaient en quantité suffisante. Il y avait même un dressing dans un coin de ma chambre. Pour couronner le tout, une table de chevet se tenait à côté de mon énorme lit. La pièce était suffisamment grande pour laisser de l'espace pour d'autres trucs, entre autres ma guitare électrique.

"Je... je sais pas quoi dire... C'est tellement mieux que ce que j'esperai!" Dis je enchanté.

"Content que ça te plaise Luke!" Repondit ma tante soulagée de ma réaction.

Ma tante tourna ses talons en direction de la porte de ma chambre

"Désolé, je dois filer au travail!" Dit Lucy pressée

"Pas de problème Tata, travaille bien!"

Elle quitta la pièce le sourire aux lèvres.

"Oh et j'oubliais..." reprit-elle "je passerai par la mairie pour m'occuper des mesures administratifs concernant ta prise en charge"

"Merci Lucy"

"De rien Luckie, c'est normal"

Elle partit

La journée se passa paisiblement, je profitais de ce vendredi après midi pour lire, prendre l'air et surtout prendre connaissance de la maison.

Je reçus un mail sur les coups de 16 heures:

Bonjour Mr Brown

Ne vous ayant pas vu au lycée aujourd'hui, l'équipe éducative de l'établissement se pose de sérieuses questions sur l'assiduité que vous consacrez à vos études

par conséquent, la retenue de demain sera alourdie et sera maintenant de 8 heures, de plus vous serez convoqué chez Mr Darwin, le directeur d'Hillcrest demain à 18h30 dans son bureau

Cordialement
Mr Byrne

Pris de rage, je battais mes bras dans les airs, puis, presque inconsciemment, je renversai la lampe bleu nuit posée sur la table de chevet posée a quelques centimètres de moi, sans pour autant la toucher, j'avais presque oublier que j'avais cette faculté.

Elle ne se cassa pas.

Je commençai à pleurer et un sanglot me prit à la gorge.

Au même moment j'entendis la porte de la maison s'ouvrir, c'était ma tante. Elle monta chaque marche de l'escalier avant d'entrer dans ma chambre

"Ça va Luke?"

Birmingham Où les histoires vivent. Découvrez maintenant