Chapitre 12

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« Comment oses-tu amener une Elf ici ! » hurla Hadès alors que le métal de sa lance à deux fourches se mettait à rougeoyer si intensément que l'on aurait pu croire qu'il allait fondre. Il plaça sa main gauche horizontalement et frappa le sol avec son arme de toutes ses forces avant de remonter son avant-bras pour qu'il forme un angle droit au niveau de sa fosse ulnaire. L'arène entière se mit à trembler déchirant son sol en deux. La cavité qui se créait engloutissait le sable et les cailloux, seul un grognement s'en échappa. La foule se mit à fuir ; elle avait compris ce qui se passait, tout comme Thaméril qui expliqua de manière complètement paniqué à sa sœur qu'elle devait ajouter deux flèches à son arc alors qu'au même moment deux pattes géantes sortir de ce qui s'était transformé en immense fosse pour s'agripper sur son rebord.

« Mais pourquoi veux-tu que je tire trois flèches d'un coup ? »

Cette question trouva sa réponse au moment où le reste du corps de Cerbère bondit sur le terrain de l'arène.

Thomas se mit en garde malgré ses blessures déjà grave. Pâle défense face à un chien à trois têtes faisant deux fois sa taille.

« J'invoque Hécate la désirable, la sentinelle des routes et des carrefours, céleste, terrestre et marine, drapée dans son péplos de safran. Fille de Persée, amie nocturne des chiens et reine redoutable, je t'implore. » Thaméril s'était agenouillé et avait légèrement entaillé sa main pour offrir un peu de son sang afin que la déesse puisse répondre à son appel. Aucune goutte n'était tombée au sol. Elles avaient perlé le long de sa paume avant d'atterrir dans une autre main.

La déesse aux trois visages posa son regard sur Cerbère, qui cessa de grogner et se coucha en plein milieu de ce qui restait de l'arène. Elle regarda longuement les quelques gouttes de sang qui avaient chuté dans sa main avant de finalement prononcer très calmement :

« Tu n'étais pas obligé de te blesser, je préfère les yeux de paon jaune.

-La fleur ?

-Oui, je trouve leur odeur si attirante, bien plus que celle du sang en tout cas. Hadès je les emmènes avec moi, j'imagine que tu seras heureux qu'ils quittent ton royaume.

-Partez d'ici, je vous bannis des Enfers.

Hécate ferma son poing droit et une porte en pierre sortie de terre, elle la poussa et invita nos trois compères à la suivre.

« Voici le volcan d'Héphaïstos, ici vous serez en sécurité. Je vais vous accompagner jusqu'à sa forge.

-Pourquoi ne pas avoir fait ouvrir la porte directement dans sa forge ? demanda Thomas qui commençait à tituber

-Qui sait ce qu'il fait, j'aurais pu le couper en deux par inadvertance. »

Lynn rattrapa in extremis son compagnon avant qu'il ne s'écroule au sol. Il avait perdu trop de sang lors de son combat et avait fini par s'évanouir.

Lorsqu'il se réveilla, notre héros vit qu'il avait le bras enroulé dans un tissu vert. La légitime princesse des Elfs avait déchiré le bas de sa cape pour lui faire un bandage de fortune qui avait fonctionné puisqu'il était encore en vie. Affaiblie, mais vivant. La déesse avait son regard plongé dans un de ses portails, observant le monde des mortels. Elle remarqua que Thomas la fixait, intrigué. Cette dernière s'approcha donc de la couchette de notre héros et posa son majeur et son index sur son front. L'homme ferma les yeux et s'endormi. Que lui avait fait Hécate ? Ca il l'ignorait, mais cette nuit là les étoiles le transportèrent dans les yeux d'autres personnes.

***

Les gouttes de pluie coulaient le long de son visage, passant à côté de ses oreilles aux lobes cautérisés, marque de son engagement en tant qu'espion pour l'Empire Elfique, avant de quitter son menton pour aller s'écraser dans la boue. L'Homme à coté de lui s'effondra. C'était désormais à son tour de chuter dans l'abime des ténèbres, emplissant de son propre corps sa tombe. L'eau qui glissait le long de son visage devint rouge et tombant en avant il s'en allait rejoindre l'amoncèlement de cadavre du bastion de Draunylath, que les habitants appelaient "le Rampart de l'Ouest".

Loin au Nord-Est s'étendait les ruines d'une ville désormais disparu. La végétation était incapable de pousser en cet endroit, les animaux eux-mêmes ne s'en approchait pas de tel sorte que le vent portait avec lui les rumeurs de ce lieu maudit où seul les ombres restaient. Elles qui avaient été arraché à leur vie si violement. Seuls quelques pilleurs osaient encore s'approcher de Ketrick, rêvant de trésors abandonnés dans cette ancienne ville commerçante. Mais rien de ce qui entrait dans ces ruines n'en ressortait. Les ombres dévoraient l'âme des intrépides laissant derrières elles des cadavres au visage marqué par la terreur.

Au cœur du Royaume la foule se hâtait, tous voulaient assister au mariage du roi Ryza, lui qui aurait pour reine la fille unique du roi de Byrlem, sellant ainsi le destin du royaume de ce dernier, condamné à disparaitre après sa mort dans une longue et douce intégration administrative et culturelle. Afin de s'élever au rang d'Empereur, Ryza avait désormais les yeux posé sur l'Empire Elfique. Les guerres intestines avaient morcelées le sud de l'Empire, et un peu d'or suffirait amplement à rallier certains peuple elfique à sa cause. Mais le temps pressait car les marchants revenant du Col de Riss apportait avec eux d'inquiétantes nouvelles. Par delà les mer à l'Est, sur le second continent les seigneurs de guerres de l'Imperium avaient cessé de se guerroyer pour répondre à l'appel de leur Empereur-Dieu, celui qu'ils nommaient Invictius. Seul une fine bande de terre de 180 km de long séparait les deux continents. La rive Est était sous le contrôle du Grand Duché de Serkash qui ne ferait jamais le poids face aux hordes de l'Imperium. Quand à la rive Ouest, elle était contrôlé par le Royaume d'Alessat, lui même dirigé par un lointain cousin de Ryza, une alliance serait donc envisageable, mais suffirait-elle ?

La Porte des EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant