La Porte des Enfers

Interlude

Le petit feu de camp laissait échapper quelques flammes qui venaient lécher le vieux mur en pierre. Jadis il avait fait parti d'une structure plus grande, probablement une maison ou une petite tour, désormais tombé en ruine. Seule subsistait l'angle de ce mur et quelques pierre taillé éparpillé autour de l'endroit. Maigre abris au vu du vent qui s'était subitement abattu sur la plaine, dissipant légèrement la brume. La nuit était finalement tombé. Montrant à Thomas que le temps s'écoulait bien en ce lieu. Mais aucune étoile n'étaient là pour illuminer le ciel, la Lune aussi ne semblait pas vouloir se montrer. Le feu de camps étant la seul source de lumière depuis le coucher du soleil, on ne voyait pas vraiment plus loin qu'avec la brume du jour. Les seuls bruits se faisant entendre était les crépitement du bois, les violents frémissements de l'herbe ainsi qu'une respiration saccadée. Le corbeau, lui, se tenait sur une pierre, il ne semblait pas régit par le vent, si bien que si les flammes ne s'étaient pas reflétées dans son oeil obsidienne, il aurait été complètement invisible, dû a ses plumes noires. Thomas, lui était recroquevillé sur lui même, collé au feu pour capter toute la chaleur qui s'en échappaient. Pourquoi fallait-il qui ressente encore le froid, la peur et la fatigue. La mort n'était-elle pas synonyme de repos éternelle ? Pourquoi n'avait-il pas rejoint ses parents ? Quel était ce lieu ? Tant de question que le corbeau ne faisait qu'éviter, facile pour lui. Il n'avait qu'a s'envoler pour aller alpaguer une autre âme perdu.

"Rien ne t'a choqué durant ton bref passage sur Terre ?"

C'étaient les premiers mots de l'être volant depuis qu'ils avaient trouvé ce refuge. Thomas le regardait incrédule. Que voulait-il qu'il ait remarqué ? Tout est spéciale lorsque l'on vit, des couleurs l'aurore à celles de l'aube en passant par l'odeur de la forêt, la multitude de bruits qui s'en échappe, signe de vie, le goût de la nourriture, ceux qu'on aime... Tout ça pour finir ici.

"Je veux dire, qu'a tu retenu de ton voyage ?

-Parce qu'il y a une leçon à retenir ?

-Evidemment, tu n'es pas ici pour rien.

-Et toi pourquoi es-tu là ?

-Je me suis échappé de mon ancien maître, n'est-il pas choquant pour toi de voir un corbeau qui parle ?

-Tu es bavard quand cela t'arrange. Mais non, j'ai vu tellement de choses de mon vivant.

-Huginn, c'est mon nom.

-Cela ne me dit rien. Vu que tu as l'air enclin à parler, pourquoi moi ?

-Je t'observe depuis plus longtemps que tu ne le penses. Tes exploits si je puis dire, n'ont pas fait de toi quelqu'un de discret. C'est d'ailleurs bien ton ambition qui t'as mené ici.

-Et quel est cet endroit ?

-Nous sommes dans un monde nulle. Il disparaîtra avec toi.

-Mais ne suis-je pas déjà mort ?

-Aucun homme ni dieu n'est éternel."

***

Cette phrase me parue être la plus dure que j'eus entendu. C'était comme si tout ce en quoi j'avais cru c'était avéré faux. La beauté et la paix de la matinée, les livres que j'avais lu, les rencontres que j'avais faites ainsi que cet amour pure que j'avais gardé dans mon cœur bien trop longtemps n'avaient jamais eu de sens. Le temps était passé en une minute et je n'avais pas pu être qui je voulais être. Je plongeais petit a petit dans la noirceur, oubliant ce pour quoi je m'était battu, mes rêves, l'amour, la sécurité et la volonté d'avancer. Aucun dieu n'avait eu de plan pour moi. Tout ce qu'il me restait était une envie de tout brûler, de détruire tout le reste, ne serait-ce que pour sauver la vie d'elle même.

***

Alors que Thomas regardait ses mains, constant les épreuves qu'elles avaient enduré de son vivant, une légère craquelure se forma sur celle de droite. Un fin filet tremblant rouge en sortait pour se diriger vers le corbeau. Après seulement quelques seconde, cette liaison disparu. Seule la fissure sur son corps demeurait. Le corbeau pris son envole, laissant l'homme affronter la nuit glaciale, tant dis que le feu s'éteignait. Les journées étaient plus longues ici, tout comme les nuits.