Prologue :

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Leif

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Leif

Cette nuit-là n'aurait dû être qu'une fraîche nuit annonciatrice de l'automne qui s'installait peu à peu sur la grande forêt. Les étoiles, elles, auraient dû servir de veilleuse à tous les enfants qui peinaient à s'endormir.

Ce ne fut pas le cas. Tous les habitant de Stellis étaient rassemblés devant les portes du palais, terrifiés. Les femmes tenaient leurs enfants dans les bras, n'ayant pas voulu les laisser seuls dans cette obscurité inquiétante. Les villageois les plus hardis, dissimulaient leur peur derrière des hurlements d'indignation. Ils criaient à la malédiction et imploraient les théologiens de lever le sortilège qu'ils avaient jetés sur la ville.

Derrière les vitraux de la salle du trône, le prince contemplait la foule éclairée par de multiples flambeaux de pierre de fos. S'il déplaçait son attention au-dessus d'elle il n'y avait plus rien à voir. Aucune étoile, aucune lune n'était visible et l'horizon n'était plus qu'une substance noire prête à absorber celui qui se risquerait à s'y enfoncer

Le ciel avait pourtant été d'un bleu limpide tout au long de la journée. Sois une énorme tempête se préparait, sois les astres au-dessus de leurs têtes avaient disparus.

Soudainement angoissé par la vision de cette masse sombre, Leif se détourna de la fenêtre pour s'intéresser à nouveau au conseil restreint qui avait été réuni. Il avait laissé son esprit vagabonder quelques minutes mais un bref coup d'œil lui confirma que la même sidération présidait le débat. L'impuissance passait comme une ombre sur le visage du roi et de la reine de Stellis. Et pour cause, Le jeune prince savait que son père était un guerrier et stratège redoutable mais il se trouvait ce soir face à une énigme qui ne pouvait être réglée par ses redoutables tactiques militaires.

Les cinq conseillers se regardaient en chiens de faillance. Aucun d'entre eux n'était suffisamment qualifié dans le domaine de l'astronomie pour se permettre de théoriser sur le sujet. La rationalisation comme défense contre l'angoisse grandissante l'emporta :

- Nous pourrions attendre la nuit prochaine avant de nous alarmer. Peut-être que ce n'est qu'une nouvelle forme d'éclipse.

Excédé par la remarque du vieil homme, le prince, prêt à retourner dans le débat répliqua :

- Connaissons-nous un astre suffisamment grand pour éclipser l'ensemble des constellations du ciel ? Ou bien cette nouvelle lune est vraiment très grosse et nous devrions donc nous inquiéter dès ce soir.

C'était une moquerie. Leif n'avait jamais caché son mépris à l'égard du conseiller Ricci. Constamment avachis sur lui-même, il n'était de bon conseil qu'en matière de liqueur et de paries. Le jeune prince senti le regard de ses parents le fusiller pour son impertinence.

Tant pis, le pique en avait valu la peine.

Le roi poursuivit :

- Ricci à raison. Nous n'avons pas besoin de prendre de mauvaises décisions guidées par l'ignorance et l'affolement. Grim est en route. Nous savons tous que les théologiens sont de bien meilleurs astronomes que nous. Attendons sa venue pour décider de la marche à suivre.

Comme si prononcer son nom l'avait invoqué, le théologien fit son entrée dans la salle du trône, le visage dissimulé sous une cape de velours cramoisie. L'inquiétant personnage s'inclina théâtralement devant le conseil.

- Vos majestés, messieurs les conseillers. Vous avez bien fait de me faire appeler. Ce qui se passe cette nuit est des plus... Intéressants...

- Grim. C'est toujours un honneur pour nous de vous recevoir à la cour. Avez-vous fait bonne route malgré... Les circonstances ?

L'angoisse transperçait la voix de la reine. Un sourire en coin vint déformer le bas du visage de Grim.

- Ho vous savez, l'obscurité de m'atteint pas ma reine... Cela fait bien longtemps que j'en suis libéré.

L'homme souleva sa capuche, découvrant un visage mutilé qui laissait apparaître de grosses boursouflures au niveau de ses cavités oculaires. La tension montât d'un cran dans la pièce. Il remit son vêtement sur son crâne couvert de tatouages et prit place sur l'un des sièges disponibles.

Un tremblement se fit entendre au loin et Leif reporta son attention derrière les vitraux à la recherche de sa cause. Seul l'obscurité lui répondit. Le bâtiment ne fut parcouru d'aucunes secousses laissant supposer que la catastrophe avait eu lieu bien plus loin.  Leif déclara sur un ton accusateur :

- Croyez-vous toujours qu'il n'y a aucune raison de nous inquiéter conseiller Ricci ?

Le petit homme avait abandonné sa suffisance et ses traits étaient désormais tirés par la panique qui l'habitait.

- Par tous les diables ! Notre royaume serait-il sur le point de se faire engloutir par l'enfer ?

Un homme entra dans la salle. Le bruit de ses pas affolés raisonnaient contre la pierre de l'édifice.

- Majestés ! Un séisme ravage la cathédrale des voyageurs ! Une malédiction s'est abattue sur nous !

Grim s'était levé à la mention de la cathédrale.

- Si ce que tu dis est vrai, alors il n'y a aucune malédiction à blâmer. La menace est bien plus grande. Un portail vient de se créer. Envoyez tout de suite des hommes à la cathédrale des voyageurs ! tuez tout ce qui en sortira, cela ne vient pas de notre monde. Si vous laissez des survivants la disparition des astres ne sera que le début de nos tourments... 

le royaume sans étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant