Chapitre 19

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Ralf

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Ralf

Les odeurs d'égouts emplissaient les narines du nouveau conseiller. Lorsqu'Ebba lui avait dit qu'elle avait un informateur, il s'attendait en effet à ce que la jeune femme le traîne dans un endroit mal famé comme celui – ci. En revanche, c'était le nom de l'établissement qui le laissait dubitatif : « le chevreuil transpercé ». Dans sa première vie – c'était comme ça qu'il avait choisi de la nommer – Ralf avait souvent envisagé d'ouvrir un bar avec ses amis. Durant leurs soirées alcoolisées, ils s'étaient amusés à trouver des noms à leur commerce. Le chevreuil transpercé n'était jamais ressorti, malgré une liste de mauvaises idées plus longue que leur avenir.

Malgré tout, l'endroit semblait plutôt fréquenté. Des odeurs de bière s'écoulaient de la porte laissée entre ouverte et des exclamations viriles retentissaient. Il s'apprêtait à passer le seuil – prêt à déguster sa première bière en présence d'un mystérieux, et peut – être dangereux contact – quand Ebba l'arrêta dans son élan.

- Mais où est – ce que tu vas ?

Déboussolé il lui répondit :

- Heu... Ben je croyais qu'on allait retrouver un informateur...

Ne voyant toujours pas où il voulait en venir, la théologienne leva un sourcil interrogateur :

- Dans une taverne ?

Se rendant compte qu'il avait peut – être consommé un peu trop de roman de cap et d'épée, il se rattrapa :

- Oui... Non... Tout compte fait, peut – être pas... Où est – ce que tu m'emmène alors ?

- Chez le boucher.

Ralf manqua de peu de bousculer un marchand de pigeons qui portait avec lui ses trois cages très sonores. Il l'évita de justesse, peinant à suivre Ebba qui serpentait dans la foule, avec la même aisance qu'un fantôme évanesçant.

- Tu reconnaîtras qu'une taverne sonnait quand même mieux !

La théologienne n'avait pas l'intention de rebondir sur sa remarque. Peut – être la trouvait – elle insignifiante, mais Ralf la soupçonnait de ne pas saisir son second degré.

- Le fils du boucher s'occupe des livraisons au sanctuaire. Pour gagner du temps il lui arrive souvent de faire les trajets de nuit. S'il se passe quelque chose dans ces bois il doit être au courant.

Ralf luttait toujours pour se maintenir à sa hauteur. Décidément, elle avait dû mémoriser chaque caillou de cette ville pour s'y déplacer aussi aisément. Ils arrivèrent devant la porte d'une arrière-boutique. La porte à double battant était en piteux état. Lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur, une odeur nauséabonde les accueilli. C'était le genre d'odeur qui provoquait une réaction viscérale, réveillant des terreurs primaires que le corps identifiait avant la conscience. L'odeur de la mort. Ralf porta la main à sa bouche, sentant la nausée lui monter. Ebba, un peu plus loin avait porté la cape à son nez et continuait d'avancer dans cette arrière – boutique, où, Ralf le savait, il n'irait jamais acheter de viande. Une fois l'effet de l'odeur encaissée, Raf se concentra sur son environnement pour en découvrir l'origine. Un coup d'œil lui suffit pour l'identifier. Dans cette salle insalubre au plafond bas, des morceaux de viande cru, encore ensanglantés gisaient sur le sol. Une grotesque tête de porc gisait dans un amas de sel. Les autres parties de son corps avaient elles aussi leur propre lit salé. Mais l'odeur ne provenait pas de ce cadavre... Des morceaux de chair animale – en tout cas il l'espérait - en décomposition étaient empilés dans un recoin de la pièce sans sel pour ralentir le processus de putréfaction. Ralf frémit de dégoût à la vue des mouches qui tourbillonnaient autour.

le royaume sans étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant