Chapitre 15

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Ebba

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Ebba

Privée de la fête qu'elle écoutait au loin, Ebba sentait le vent glacial lui gifler les joues. Surveiller les reliques sacrées des mondes faisait partie de la mission de théologiens mais ce n'était pas la partie qu'elle préférait de sa vocation. Elle devait rester debout durant tout la nuit, les sens en alerte au cas où une personne mal intentionnée se risquerait à mettre la main sur les reliques. La jeune fille ne les avait elle-même jamais vues. Parfois, lorsque son moral baissait, elle s'imaginait que la salle aux portes scellée ne renfermait absolument rien et qu'elle passait ses nuits et ses journées à garder une pièce vide.

Les bruits de pas de Ralf raisonnèrent dans le couloir. Elles les reconnaissaient à leur légèreté. A sa démarche de chat s'ajoutait souvent également quelques sifflements joyeux. Jusqu'à maintenant elle avait passé peu de temps en sa compagnie mais elle appréciait le calme qu'il gardait dans chacune des situations qu'ils avaient pu rencontrer. Lorsque les bruits de pas se rapprochèrent suffisamment d'elle, Ebba les accueillis :

- Qu'est ce qui t'amène dans les environs ? Tu t'es perdu ?

Un bruit sourd contre la porte lui indiqua qu'il s'était assis à côté d'elle.

- Ho non. Je me promène simplement, à la recherche d'une personne avec qui partager cette magnifique bouteille de cidre.

- Je ne bois pas. Et même si c'était le cas je ne le ferais pas en gardant les portes qui renferment les reliques de plusieurs centaines d'années.

Ce fut un bruit de gorge qui lui répondit. Quelques instants plus tard, le son de la bouteille qui tintait contre la pierre l'accompagna :

- Mmmmh... C'est donc ça que vous faites les théologiens... Vous gardez des portes secrètes. Intéressant. Enfin, je n'en ferais pas mon domaine mais après tout... Chacun ses compétences. Ebba la gardienne de portes.

Ebba pouvait sentir le mépris du jeune homme pour sa profession. Jamais encore elle n'avait et à rougir de sa condition. Les théologiens étaient très respectés à Stellis. En tant que détenteur et transmetteurs du savoir de leur royaume, chaque individu manifestait à leur égard une admiration similaire à celle d'un prince. Mais Ralf n'était pas ainsi. Elle pouvait sentir qu'il se méfiait de leur ordre.

- Nous ne faisons pas que garder des portes. Nous sommes les protecteurs des frontières entre les mondes. Et comme tu as pu le constater il y en a réellement besoin.

Les bruits de déglution avaient cessé. Cette fois – ci elle sentait qu'elle avait toute son attention.

- Si les frontières ne sont pas des portails, aucun d'entre vous n'a jamais quitté ce monde. Dans ce cas, comment êtes-vous au courant de leur existence ?

- Je ne sais pas... En réalité personne n'évoque jamais l'origine de nos connaissances. Nous nous contentons de les transmettre de génération en génération.

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