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༄ Trois mondes,
Séparés par des frontières imperméables. Leurs habitants n'auraient pas dû se rencontrer un jour.
༄ Les théologiens, leurs gardiens.
Lorsque les étoiles du Royaume de Stellis disparaissent, les théologiens...
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Leif
Les dédalles humides des cellules du château étaient sans nul doute l'endroit au monde qui l'angoissait le plus. Lorsqu'il était petit, son frère Cilian l'emmenait jusqu'à la grille rouillée dans le sol qui donnait sur ce royaume de terreur. De cet observatoire, ils devaient rester le plus longtemps le nez collé au métal froid de la grille. Le premier à s'écarter avait perdu. Leif se revoyait encore à genoux sur le sol à fixer l'obscurité souterraine, écoutant les pleurs de terreur de ses occupants. Parfois, ils devaient s'écarter pour laisser un geôlier descendre par l'échelle qui longeait les parois.
Aujourd'hui, Leif pouvait descendre à son tour, sans craintes. Il savait désormais que ces souterrains prenaient fin, quelques kilomètres plus loin certes, mais la seule à régner dans ces lieux était la couronne. Lui. Malgré tout, il éprouvait le besoin de se répéter ces certitudes, alors que ses bottes dérapaient le long de l'échelle. Fort heureusement, cette dernière s'arrêtait au premier niveau pour céder la place à un escalier tortueux, directement creusé dans la pierre. Une fois à l'étage intermédiaire il senti sa respiration se calmer. Ses deux pieds étaient sur la terre ferme. Il pouvait écouter les gémissements des oubliés de l'étage inférieur. Ces derniers ne recevaient jamais de visite. Des bouts de pain sec leur étaient directement jetés de cet étage. Certains n'avaient pas vu la lumière du jour depuis plusieurs décennies. Ce n'était que lorsque l'odeur de la chaire en décomposition venaient incommoder les soldats qu'ils prenaient la peine de descendre pour y faire un peu de ménage.
Cependant, la femme qu'il était venu interroger n'avait pas été installé à ce niveau. Il n'en avait pas encore fini avec elle et son complice. Il trouva rapidement sa cellule. Ayant été interpellée pendant la nuit, elle était encore vêtue de sa robe de chambre. Malgré sa tenue modeste, son cou privé de ses parements de pierres et son front nu, la baronne gardait sur elle cette enivrante beauté qui l'avait toujours envoûté. Leif senti son corps se liquéfier quand la jeune femme plongea ses yeux sombre dans les siens. D'une voix mal assurée il engagea le dialogue :
- Baronne.
Le regard animé d'une rage incandescente elle le saluât :
- Majesté. Je m'excuse de vous recevoir dans de telles conditions mais le personnel est plus négligeant dans ce recoin du château. Je crains fort que la lumière ne soit pas non plus la plus flatteuse.
- Voyons Tara, vous profiteriez toujours du luxe de vos appartements si vous ne vous étiez pas laissé manipuler par Ragnar. Racontez – moi tout et je ferais en sorte de vous épargner la falaise des déchus.
A l'évocation de la falaise, Leif pu voir le corps de la baronne se raidir. Malgré tout, elle garda ses yeux de renard plantés dans les siens, se rapprochant des barreaux pour les empoigner :
- Je ne suis pas assez sotte pour m'allier à un homme qui a perdu les faveurs du roi. Peu importe son rang et son influence.
- Dans ce cas, que faisiez – vous avec lui dans les jardins cette nuit ? Quelques heures avant que la reine ne soit empoisonnée... Par la drogue dont vous lui avez fait cadeau.
