L'ange déchu (d'après l'œuvre de Cabanel)

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Qu'il est bas l'ange nu qui descendit des Cieux.
Qu'il est bas, mais troublant, le reflet dans ses yeux.
Qu'il est bas. Mais si beau. Seul. Sur le sol rugueux.
Sous ses cheveux ardents, j'ai entrevu un dieu.

Qu'il est beau l'ange nu, précipité sur Terre.
Qu'il est beau, mais violent, dans sa sourde colère.
Qu'il est beau. Mais si bas l'affront fait à son Père.
Dans son regard brûlant, j'ai aperçu l'Enfer.


Je vois un Phaéton qui s'est cru le Soleil
Et un nouvel Icare à la douleur sensuelle.
Je vois une ambition qu'on ne peut satisfaire,
Un immortel second qui ne veut plus s'y faire.


Pourtant je crains le mot que ses lèvres retiennent,
Si parfaites soient-elles, des souffrances humaines
Il pourrait présager. Je ne sais quoi penser,
Honteux d'être attendri par un monstre blessé.


Oserais-je donc dire que je fus séduis ?
J'ai vu naître Vénus dans une écume pâle
Mais, à sa majesté, antique paradis,
J'ai osé préférer la naissance du mal...


Et si l'armée des anges descendue du ciel
S'en venait m'accuser, mille épées à mon cou,
Que moi dans ma disgrâce j''étais à genoux,
Traître je m'écrierais: «Accablez Cabanel»!


Jamais ne meurt la poésie!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant