Chapitre 9

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Lukas

Cette journée était interminable.

Mes 8h-19 h 30 aux urgences m'ont achevé. Bon, ce n'est rien comparé à la première année, je savais que faire médecine ne serait pas de tout repos, mais je ne pensais que je devrais me shooter à la caféine. C'est toujours mieux que la drogue hein... Mais bon, « Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au-delà. ». C'est satisfaisant de se surpasser je trouves. Les comptes pour « devenir un mâle alpha » sur TikTok disent toujours qu'il faut avoir confiance en soi pour être attirant. C'est peut-être pour ça que lui, il m'a attiré. Ça fait 4 jours, et je n'arrive toujours pas à penser à autre chose. Je vois ses yeux gris partout, il monopolise toute mon attention et s'accapare toutes mes pensées. C'est perturbant.

J'ai toujours eu du mal à me concentrer, mes profs disaient tous que je ne tenais pas en place et que c'était épuisant, et là, je suis encore moins concentré que d'habitude, je vous laisse imaginer. J'ai faillit me tromper dans le dosage d'une perfusion ce matin, heureusement que mon collègue s'en est rendu compte, je n'avais pas rajouté grand chose, ça n'aurait pas eu de lourdes conséquences, mais quand même. Je ne peux pas me permettre de faire d'erreur dans ce métier, ce n'est pas autorisé. C'est ça que j'aime dans cette filière, le besoin de perfection constante. Je suis un peu maniaque sur les bords je crois. Je compte pas le nombre de fois où on m'a pris pour un cinglé à l'hôpital. Ou dans la vie en général.

Ce qui est pratique, c'est que j'ai une bonne mémoire, j'arrive à retenir le poids au gramme près, la taille au millimètre près, l'âge, le nom, le traitement, la pathologie et mêmes les habitudes à l'hôpital de chacun de mes patients. Mon référent m'appelle Lex Luthor.

Je ne me suis même pas rendu compte que je marchais machinalement vers l'arrêt de bus. On appelle ça la mémoire motrice ou la mémoire procédurale. C'est quand le corps se souvient de gestes ou d'actions habituelles. En l'occurrence, je suis bien content d'avoir mémorisé ce trajet, parce que ça fait 10 minutes que je ne regarde pas où je vais. On me dit tout le temps que je suis trop dans la lune. Je ne suis pas dans la lune, je suis dans une autre galaxie.

Oh, mon bus.

En parlant de galaxie, « les gardiens de la galaxie 3 » sort en mai prochain. J'ai toujours adoré cette saga, j'ai vraiment hâte d'aller le voir au ciné. Le soir de la sortie, la séance de 23 heures, on ne change pas les bonnes habitudes.

PUTAIN MON BUS

Je tape le sprint de ma vie, heureusement que j'ai un cardio correct. C'est dans ces moments là que je suis content de ne pas fumer. Je traverse le passage piéton en courant sans vraiment regarder et manque de me prendre une voiture. Je me demande si mon corps n'a pas des pensées suicidaires ces temps-ci. J'ai frôlé la mort beaucoup trop de fois en beaucoup trop peu de temps.

J'essaye de reprendre ma respiration et toque à la porte avant du bus, qui n'est pas encore parti heureusement. Le chauffeur m'ouvre, il est sympa, je le salue, passe ma carte et pars m'adosser contre la paroi en posant mon sac à dos à mes pieds. Le nombre de fois où les conducteurs ne m'ont juste pas ouvert la porte alors que le bus était encore à l'arrêt.

Je suis content de l'avoir eu, il fait super froid, ça m'aurait soûlé d'attendre 25 minutes.

Je regarde par la fenêtre, j'observe les gens. Ça fait un peu stalker dit comme ça j'avoue. Les personnes qui marchent dans la rue ont toujours l'air pressées. Pour la plupart elles ont une vie de famille, des enfants à aller chercher à l'école, une femme ou un mari à retrouver. Je me demande si j'aurais une vie comme ça un jour. Bon avoir des enfants ce sera un peu compliqué, a moins de réussir à adopter après des années de procédure. Et puis je n'ai pas le temps de rencontrer quelqu'un, si je ne suis pas à la FAC, à l'hôpital ou à la bibliothèque, je suis chez moi. Les relations c'est pas trop mon truc. J'ai déjà eu des copains hein, j'étais pas non plus l'intello premier de la classe qui parlait pas et qui est jamais sorti avec personne. Bon le seul gars que j'ai vraiment aimé m'a quitté au bout de 4 mois en disant qu'en fait il était hétéro- Génial.

« Jusqu'au bout des Enfers » [BL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant