⟣ ☾ ⟢Quelques jours sont passés ensuite. Ton état s'est à nouveau amélioré avant de se dégrader encore. Le mardi, tu étais apparemment à un cheveu de reprendre conscience. Le mercredi, on m'a annoncé que tes poumons lâchaient lentement. Le jeudi, l'espoir dégoulinait dans la voix des médecins, avant d'être remplacé par de la crainte car quelque chose de nouveau se dégradait. Et ainsi de suite. Chaque bonne nouvelle était contrée par un événement qui nuisait à ta vie, et chaque mauvaise annonce était ravalée par un rayon d'espoir.
Je ne voulais plus croire vainement à des espoirs brisés trop vite, plus pleurer pour des mauvaises passes rapidement corrigées. Je me suis contentée d'attendre, vide, terrifiée. Alors il y a eu ce moment de flottement étrange ou la rage a pris le pas sur tout ; j'ai haï ces médecins qui m'ont fait croire le pire. « Pourquoi m'avoir fait avaler le fait qu'il allait mourir dimanche dernier s'il est encore là et qu'il va mieux ? ». J'en ai voulu à ces personnes, terriblement voulu. Mais j'ai davantage détesté mon cœur fou, celui qui y croyait encore et toujours.
J'ai finalement fixé la date programmée de ta mort avec terreur, celle qui était définitive et qui ne serait plus repoussée. Lundi quatorze février, pour la Saint Valentin, comme pour me narguer à jamais. Si tu ne reprenais pas conscience, alors ils te débrancheraient. Je crois que c'est secrètement ce que j'ai toujours souhaité, mais la peur m'a aveuglée.
Le samedi soir, le douze, je n'ai pas trouvé le sommeil. J'ai senti mon cœur se tordre dans tous les sens, j'ai senti mon être entier se faire broyer par le poids de la peur. Il ne me restait plus que deux jours. Deux jours à prier pour qu'un miracle ne me tombe sur le coin du nez, pour que quelque chose te fasse rouvrir les yeux, reprendre conscience.
Finalement, c'est moi qui me suis réveillée, et c'est toi qui m'as tirée du sommeil. J'ai ouvert les yeux à six heures du matin et j'ai su. J'ai su la terrible vérité avant même qu'elle ne soit énoncée. L'appel qui a suivi, ce fatidique dimanche treize février, n'a fait que confirmer ce que mon cœur m'a soufflé avant même que qui que ce soit ne vienne le crier.
« C'est fini, il est parti tout seul. »
Parti sans moi.⟣ ☼ ⟢
Van Gogh, La nuit étoilée (juin 1889)
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𝗕𝗘𝗙𝗢𝗥𝗘 𝗧𝗛𝗘 𝗗𝗔𝗪𝗡
Krótkie OpowiadaniaElle a traversé une nuit sans étoiles, a vu un amandier sans fleurs et des tournesols fanés. Entre mots et coups de pinceaux, Lyne raconte sa bataille contre la maladie et le deuil, dans une lettre adressée à celui qu'elle aime. « Pour mon précieux...