Chapitre 14

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Le soleil se couchait sur la plage. C'était magnifique mais magnifiquement cruel. Chaque jours qui passait me faisait prendre conscience de ma solitude. On aurait pu penser que j'allais m'adapter, que j'allais m'habituer, mais vous savez, c'est comme quand on change de collège en milieu d'année. Les groupes sont déjà faits. Et tu passes le restant de ton collège toute seule car tu seras toujours la fille bizarre qui reste tout le temps seule. Sauf qu'en plus de ça, moi j'étais humaine et je n'avais pas le talent de Ssss... je n'avais pas son talent de sociabilisation. On pouvait même me qualifier d' « associable ».

La solitude me réussissait mieux.

-Oh, mais qui voilà ?

Oh non... Cette grosse brute d'Ao nung et ses amis... ou larbins... prenaient un malin plaisir à venir me pourrir la vie. Sauf que plus rien n'était mûr dans ma vie. Il ne restait que du moisi.

-Ce ne serait pas la nouvelle fille du grand héros Jake Sully ? Une humaine.

Il accentua le mot humaine pour bien me faire comprendre que je le dégoutais. Ses amis autour de lui rigolèrent... de vrais sous fifres... Ils me rappelaient les pétasses du lycée...

Je me le vais doucement et me retournais :

-Tu sais ce qui me dégoute, An noun ?

Il détestait que je détruise son prénom.

-C'est de voir ta face de rat et celle de tes amis à chaque fois que je suis tranquille et seule. A croire que vous me guettez... Vous avez rien de mieux à faire ? Sérieusement ? Vous faites vraiment pitié, les gars. Alors pour garder votre dignité, déjà bien émiettée, je vous conseil de m'éviter. Ça me ferait vraiment du bien, merci d'avance.

Je me retournais face à la plage et m'asseyais. Ils m'avaient gonflée ces idiots... Si jamais il rouvrait la bouche, je n'irais pas par quatre chemins. J'avais usé de la parole mais quand celle-ci ne servait à rien, il fallait savoir utiliser la violence. C'est ce que mon père m'avait toujours appris. Mon vrai père.

Soudain, une main m'attrapa violemment les cheveux et me tira la tête en arrière. Je me retrouvais sur le dos dans le sable et la tête d'Ao nung au-dessus de la mienne.

Alors qu'il ouvrait la bouche pour dire je ne sais quelles bêtises, je lui lançai mon bras gauche en plein torse. Il fut tellement surpris qu'il me lâcha. Je levai les jambes et lui envoyait mes pieds dans la tête. Il n'eut pas le temps de réagir qu'il avait la semelle de mes chaussures imprimée sur le visage.

Il tomba en arrière et je me relevai promptement, en garde. Ses copains m'avaient encerclés. Si ils s'y mettaient un par un, je pourrai les avoir, malgré ma taille dix fois plus petite que la leur, mais si ils attaquaient en même temps, je n'avais aucune chance.

Soudain, des pieds balayèrent mes jambes et je me retrouvai à nouveau dans le sable. Je l'avais oublié celui-là... Ao nung s'était relevée et était planté au-dessus de moi.

-C'est qui le rongeur maintenant ?

Comment savait-il ce que c'était ? Je ne me posais pas plus la question car An noun m'envoya son pied dans le ventre.

Tout l'air présent dans mes poumons disparu. Je me recroquevillai sur moi-même alors qu'une série de coups de pieds me tomba douloureusement dessus.

L'espace d'un instant, je crus entendre des voix m'appeler mais c'était sûrement une illusion due à la douleur...

Pourtant quelques secondes plus tard, les pieds disparurent et furent remplacés par des cris de rage.

Je ne sentais plus un de mes doigts et j'avais des bleus à peu près partout sur mon corps mais je me relevai quand même et contemplai mes « frères » venus à ma rescousse. Spider faisait parti du lot alors que je ne lui avais plus adresser la parole depuis l'incident du bateau...

Souvent, mes « frères » se retrouvaient à un contre deux mais ils avaient toujours l'avantage. Ils étaient bien plus entrainés et forts que ces gourdes de subalternes de Ao nung. Et en parlant de ce crétin de Na 'vi, je ne le voyais nulle part.

Je me retournai et évidemment, il était juste derrière moi.

Il me gifla si fort que ma tête m'entraina dans une chute sans fin. Ah bah si, y avait une fin. J'atterris, encore une fois, la tête la première dans le sable mais n'eus pas le temps de souffler que Ao nung m'avait rattraper par les cheveux et soulever en l'air.

C'était absolument, atrocement douloureux. J'en avais les larmes aux yeux. Et lui, en tant que Na 'vi, il savait combien les cheveux pouvaient être sensibles, pourtant, ça ne l'arrêta pas. Pour lui, je n'étais qu'un insecte sans défenses. La proie idéale. Mais j'allais lui montrer.

Je lançai mon pied dans son ventre mais ne l'atteint jamais car Spider s'était jeté sur lui.

Pitié non, je ne veux pas me faire sauver par un homme ! Je veux être ma propre héroïne. Je ne veux pas dépendre des garçons comme ses princesses pleurnicheuses qu'on voyait dans les films. Je voulais être comme Raiponce ! Quelqu'un a une poêle ? Une casserole ferait l'affaire aussi !!

Assez rigolé, je poussai Spider et me jetai moi-même sur Ao 'nung.

Il tomba et je lui montai à califourchon dessus. Je lui donnai un coup de poing, puis deux, puis trois jusqu'à ce que son visage ne ressemble plus à rien. A chaque fois qu'il essayait de se défendre, je lui assenai un coup plus fort que les autres et ça le calmait tout de suite. La rage avait pris le contrôle de mon corps. J'avais besoin d'extirper toutes ses ondes négatives et, désolé Ao nung, il était la cible parfaite pour se défouler. Alors je continuai encore et encore.

Je voulais voir du sang sur son visage et sur ses poings. Je voulais voir du sang sur le visage de SPIDER. Alors j'imaginai qu'il était Spider et c'était étonnement efficace.

Sans m'en rendre compte, les larmes avaient coulés sur mes joues. Je ne voulais pas être cette personne violente. Je ne voulais pas être la personne que je devenais.

Je descendais du torse du pauvre Ao nung. La fatigue m'avait rattrapée plus vite que ce que je pensais. Au travers de mes larmes, j'aperçus une fissure sur mon masque... J'avais une fissure sur mon masque... Ce qui expliquait ma soudaine fatigue... C'était con ça, pour une fois que je me défendais contre l'adversité, voilà que cette fichue planète me rappelait que je n'étais qu'un être faible...

Je m'effondrai plus que je ne descendais du corps d'Ao nung alors que celui-ci se relevait péniblement. J'eus au moins la satisfaction de voir sa grimace de douleur avant que mes yeux ne se ferment tout seuls. A la frontière de mon esprit, je senti que quelqu'un me secouai et me criai dans les oreilles mais j'étais déjà au pays des bisounours avec Raiponce...

Spider -AVATAR 2-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant