Le réveil de Jackson fut lent et lourd. C'était toujours la même chose : il entendait son réveil bien trop fort lui casser les oreilles durant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il accumule l'impatience et trouve la motivation – bancale – de l'éteindre. Il pourrait le mettre moins fort, ou bien le changer, mais il savait qu'en faisant cela, il ne se réveillerait pas, resterait coincé dans le sommeil et n'aurait donc aucune chance de sortir de son lit avant le début d'après-midi. Et disons... Qu'il fallait bien qu'il retourne à la fac à un moment ou à un autre. Accumuler les absences, c'était sympa, mais s'il continuait ainsi, il finirait par voir son inscription s'annuler sans autre forme de procès.
Pour quelqu'un qui avait plus ou moins décidé de continuer à vivre sa vie, ce serait idiot. C'était son argent qui avait payé son inscription, et il n'en avait plus beaucoup, alors autant ne pas l'avoir investi dans sa propre éducation pour rien. Puisqu'il fallait avancer, autant le faire en s'en donnant les moyens. Et ce n'était pas en restant dans son lit qu'il allait réaliser quoi que ce soit. Sa routine fut aussi vide de chaleur que de soin pour lui-même : il mangea ce qu'il trouva, histoire de se caler un minimum l'estomac, se fit une toilette rapide et se vêtit avec les premiers vêtements qui se trouvèrent à sa portée.
Il allait continuer sa vie, oui, mais il n'avait aucune motivation, et personne à qui plaire. Ainsi, pas besoin de faire quelque effort que ce soit – vestimentairement parlant. Tout ce qu'il avait à faire, c'était rester propre, se nourrir et aller en cours. Faire ce qu'on lui demandait, avancer dans son parcours. Après ? Aucune idée. La possibilité de se laisser porter par le vent le tentait, mais elle était dangereuse. A force de laisser la vie s'écouler sans réellement lui donner un cadre pouvait conduire à toutes sortes de déboires et le laisser sur les pavés d'une rue bien plus rapidement qu'il ne l'imaginait. Jackson savait qu'il avait du potentiel ou du moins qu'il pouvait s'en sortir s'il choisissait de s'en donner les moyens. De là à savoir précisément ce qu'il ferait, non. Mais il avait de la ressource si besoin.
Enfin, il avait de la ressource, oui, mais il manquerait bientôt de ressources. Il allait donc bientôt falloir qu'il commence à se pencher sur la possibilité de se trouver un petit boulot étudiant, histoire de ne pas finir sans le sou. Ses économies et l'argent qu'il avait encore sur son compte lui permettraient de tenir quelques semaines, mais attendre ne ferait que repousser l'échéance. Il fallait s'occuper de cela le plus tôt possible, tant qu'il était plus ou moins motivé. S'il devait continuer de vivre, autant faire en sorte de s'accorder un minimum de confort financier. Autant ne pas rendre l'expérience, aussi morose soit-elle, pas plus difficile qu'elle ne l'était déjà.
Après s'être préparé avec une mollesse et un manque d'envie évident, Jackson s'en alla retrouver la petite voiture que ses grands-parents lui avaient légué il y a déjà deux ans de cela. Elle ne payait pas de mine mais avait au moins le mérite de rouler et de fonctionner tout à fait correctement sans que cela ne nécessite beaucoup d'entretien. Tout le contraire de la vieille Jeep bleue qu'il apercevait parfois en arrivant à l'université. Une véritable carlingue, cette ancienneté-là. Son propriétaire, un étudiant qu'il voyait s'énerver dessus de temps à autres, passait son temps à la réparer, d'une manière bien étrange, selon Jackson. Il utilisait généralement deux outils : une clé à molette et un rouleau de gaffeur. Parfois autre chose, mais pas souvent. Jackson n'arrivait pas à savoir comment il faisait et au pire, il s'en fichait. Il retenait simplement que l'étudiant ne devait pas avoir les moyens de changer cette horreur et se devait de la garder jusqu'à ce qu'elle rende l'âme. Jackson avait la chance de posséder un véhicule en bon état et pas près de le lâcher.
Le trajet, loin d'être long, parut pourtant des plus ennuyeux à Jackson. Il ne tenait pas en place, partagé. Oui, partagé entre l'idée de se forcer à assister à ses cours et de rentrer se calfeutrer chez lui. Le fait de retourner à l'université était une bonne chose et il le savait. Il avait la chance de ne pas se faire remarquer, de n'avoir aucun problème avec personne, aucun ennemi. Ainsi, rien ne l'empêchait d'aborder ses cours avec sérénité, mis à part... Ce besoin qu'il ressentait de rebrousser chemin. De s'enfermer, encore, pour ne peut-être plus jamais ressortir. Sa parole le narguait : il avait pris une décision, il devait s'y tenir.
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59 Minutes
FanficParfois, le hasard fait bien les choses. (Stackson) DISCLAIMER : - TW = Jeff Davis - Header = pas moi - Histoire = moi