Chapitre 4

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Valka passait un bon moment. Un très bon moment même. En compagnie de Stoick, Gueulfor et Krakdur, elle s'amusait depuis le début de la fête et il se trouvait que Stoick était très sympathique quand on cherchait vraiment à le connaître. Elle ne regrettait pas d'avoir accepté son invitation le moins du monde et ne pouvait s'empêcher de sourire.

La musique retentissait dans la Grande Salle et son petit groupe discutait avec énergie. Elle chercha des yeux son meilleur ami Calrak, qui avait trouvé le courage d'inviter Helga. La jeune fille avait accepté, au plus grand bonheur du Viking et il semblait à Valka les avoir vus s'écarter un peu de la fête, au fond de la Grande Salle. Elle était heureuse pour son ami. Cela faisait si longtemps qu'il voulait aller lui parler et lui avouer ce qu'il avait sur le cœur, qu'il ait enfin réussi la remplissait de joie.

Elle reporta son regard sur la discussion, lorsque Stoick lui tapota l'épaule pour attirer son attention. Elle lui adressa un regard interrogateur et il lui désigna la sortie d'un mouvement de tête. Elle hésita, avant d'accepter et de le suivre vers les grandes portes. Gueulfor et Krakdur, absorbés qu'ils étaient sur leur discussion sur la meilleure manière d'éventrer quelqu'un, ne remarquèrent leur fuite que lorsque les portes se refermèrent avec un bruit étouffé que la musique recouvrit sans problème.

Dès qu'elle fut dehors, le froid l'assaillit et ses bras se couvrirent presque immédiatement de chair-de-poule. Elle les frotta pour les réchauffer et accepta avec reconnaissance la fourrure que lui tendit Stoick. Elle l'enroula autour d'elle et sentit la chaleur revenir peu à peu.

-Alors ? demanda-t-elle. De quoi tu voulais me parler ?

-Je, euh..., répondit Stoick en se grattant nerveusement l'arrière de la tête. Je voulais savoir si tu...

Le voyant hésiter, elle tenta de le rassurer en posant une main sur son épaule. Il lui adressa un sourire reconnaissant et prit une grande inspiration avant de poser sa question.

-Je voulais savoir si tu...accepterais de sortir avec moi ?

De surprise, Valka retira sa main et écarquilla les yeux. Le fils du chef qui lui demandait à elle si elle voulait bien sortir avec lui. Elle n'aurait jamais pensé cela possible.

-Je...je..., bégaya-t-elle sans savoir quoi répondre.

-Tu peux dire non, enfin je veux dire, si tu ne veux pas, tu dois dire non, dit le roux.

-Non, enfin, si, enfin je veux dire...

Valka était quelque peu perdu. Elle ne savait plus où elle en était. Elle appréciait énormément Stoick et ce serait mentir que de dire qu'elle n'aimait pas la soirée qu'ils passaient ensemble. Elle était tentée de dire oui. Elle avait très envie de dire oui. Alors, qu'est-ce qui l'en empêchait ?

•••

Valka sourit sans s'en rendre compte, perdue dans ses pensées. Elle chérissait beaucoup ce souvenir. Ce Snoggletog avait été un des plus beaux qu'elle ait passé. Et à présent, elle était mariée à cette même tête de mouton qui lui avait timidement demandé si elle voulait sortir avec lui, devant les portes de la Grande Salle, et dans ses bras, elle tenait délicatement un petit bébé qui dormait paisiblement. A vrai dire, jamais elle ne s'était imaginée maman aussi jeune. Mais la voilà, à vingt ans, avec un petit bout de Viking dans les bras, son plus cher trésor.

Elle avait été à la fois heureuse et à la fois terrifiée quand elle avait appris qu'elle était enceinte. Elle n'avait pas vraiment d'expérience avec les bébés mais le fait que la femme de Mastok soit également enceinte depuis un mois et demi l'avait aidé. Sa belle-sœur lui avait donné quelques conseils et elle lui en était reconnaissante. Elle avait été heureuse d'apprendre que son amie Krakdur Thorston (qui avait réussi à trouver un mari et à lui faire adopter le nom de cette famille de fous), était également enceinte, de jumeaux. Helga avait aussi donné naissance à un enfant Ingerman, au plus grand bonheur de Calrak. Varek était né quelques mois avant Harold.

A vrai dire, sans compter les jumeaux de Krakdur, Harold était destiné à être le plus jeune de sa génération. La femme de Mastok était tombée enceinte avant lui, tout comme la nouvelle membre du clan Hofferson, la femme d'Arne. Mais le destin en avait choisi autrement et à présent, Harold était le plus vieux après Varek. Valka avait littéralement paniqué quand elle avait senti des contractions, à son septième mois de grossesse seulement. Harold était tellement petit quand il était né, un minuscule bébé avec une touffe de cheveux bruns sur le crâne. Elle s'était inquiétée, terriblement inquiétée qu'il ne survive pas. Stoick, de son côté, était persuadée que leur petit Harold réussirait à battre le destin. Et il avait eu raison. Harold avait survécu. Il n'était pas un Haddock pour rien.

Le fils de Mastok était né trois semaines plus tard et le couple avait nommé le garçon Rustik. Presque au même moment, Frida Hofferson avait accouché d'une petite fille blonde, Astrid. Krakdur avait été la dernière à donner naissance, à d'abord une petite fille nommée Kognedur puis un garçon, Kranedur. Valka n'avait jamais vraiment compris ce que les Thorston avaient avec les noms mais si cela allait à leur porteur, alors tout allait bien.

Valka n'avait pas vraiment eu l'occasion de voir la petite Astrid. Les Jorgenson et les Hofferson n'étaient pas des familles très proches. En revanche, elle connaissait bien les quatre autres. Son neveu, Rustik, était déjà assez pénible, de son point de vue du moins. Elle ne savait pas si elle aurait pu gérer un bébé qui pleurait chaque nuit pour réclamer de l'attention. Et elle bénissait les dieux de lui avoir offert un enfant aussi calme et sage qu'Harold. Le bébé ne disait presque jamais rien et faisait ses nuits parfaitement. Valka trouvait la bouille qu'affichait son petit Harold lorsqu'il dormait absolument adorable (en même temps, elle était sa mère, c'était assez normal) et elle adorait quand son fils s'endormait dans ses bras. Elle trouvait cela reposant et la respiration régulière et profonde de son bébé la berçait.

Harold fêtait bientôt ses huit mois d'existence et elle ne parvenait pas à se rendre compte que cela faisait déjà huit mois qu'il faisait partie de sa vie. Le temps était passé beaucoup trop vite à son goût. Harold arrivait déjà à bredouiller de manière incompréhensible quelques mots et était plus curieux qu'un louveteau. Il parvenait à peu près à se tenir debout mais ce n'était jamais pour bien longtemps et il n'avait pas encore effectué ses premiers pas. Valka avait hâte de pouvoir lui apprendre tout ce qu'elle savait. Stoick semblait également impatient que son fils apprenne à marcher. Le chef de Beurk comptait bien en faire un héritier digne de ce nom. Valka devait souvent lui recommander d'être patient avec Harold. Il n'était qu'un bébé et il n'avait certainement pas besoin qu'on lui mette une hache entre les mains dès qu'il commençait à peu près à se tenir debout.

Le sang de Valka se figea lorsqu'elle entendit des cris au-dehors. Une attaque de dragon ?! Maintenant ?! La nuit était déjà tombée et elle attendait que son mari rentre de sa journée de chef. Mais apparemment, c'était elle qui devrait aller le retrouver sur le terrain. Elle n'aimait pas les attaques de dragons. Non seulement parce que cela signifiait laisser son fils seul, parce que des Vikings y perdaient parfois la vie, parce que ces reptiles faisaient beaucoup de dégâts mais également parce qu'elle savait que ces-mêmes reptiles ne méritaient pas qu'on les mette à mort. Aucun Viking ne penserait à tuer une meute de loup parce que celle-ci s'approchait un peu trop près. Les Beurkiens savaient que les animaux de la forêt ne les importunaient pas s'ils les laissaient tranquille. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les dragons ? Beaucoup lui avaient déjà rétorqué que c'était au contraire les dragons qui les attaquaient en premier. Mais peut-être était-ce seulement parce qu'ils les voyaient comme une menace ? Peut-être que si les Vikings arrêtaient de massacrer les dragons, ceux-ci changeraient d'avis à leur sujet et arrêteraient de les attaquer. Après tout, personne ne savait qui avait commencé le combat des siècles plus tôt...

Valka se leva et déposa son bébé dans son berceau, en sécurité à l'intérieur de la maison, avant de sortir. Dehors, le feu et la mort régnait. Elle eut un pincement au cœur en entendant le rugissement agonisant d'un dragon au loin. Cela ne lui plaisait pas, mais elle devait se battre...

Dragonniers - ValkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant