Chapitre 5

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Valka se rendait compte combien elle s'était trompée. Les dragons n'étaient pas seulement des créatures du ciel, qui attaquaient pour se défendre. Il y avait autre chose. Elle avait devant elle l'évidence de l'étendue de l'intelligence des dragons, de leur grande perception des choses. Alors qu'elle fixait le regard jaune et réfléchi du dragon devant elle, elle comprenait tout cela. Les dragons étaient tellement plus qu'une simple meute de loup.

Elle lâcha son épée sur le sol et voulut avancer sa main vers le museau du dragon mais l'arrivée de Stoick fit dégringoler la situation. Elle voyait à présent un feu de tous les côtés et son cœur rata un battement quand elle vit le dragon ouvrir la gueule pour viser son mari, qui tenait Harold dans ses bras. Instinctivement, elle se précipita. Elle refusait que sa famille soit blessée à cause de son erreur.

Elle tira de toutes ses forces sur l'épaule du dragon pour l'empêcher de cracher son feu et le Foudroyant se retourna vers elle, les pupilles fines.

Elle ne savait pas comment, elle ne savait pas pourquoi, mais quelques secondes plus tard, elle se retrouvait au beau milieu du ciel, entre les serres du dragon. Elle cria de peur, appelant son mari avec l'infime espoir qu'il puisse lui venir en aide. Ses yeux étaient écarquillés et elle essayait d'empêcher son repas de remonter dans sa gorge. Elle voyait avec angoisse Beurk s'éloigner toujours plus et se débattit, avant de se rendre compte qu'elle était au-dessus de l'océan. Si elle ne se faisait pas tuée par le dragon, alors elle mourrait noyée. Elle aurait aimé avoir d'autres options que mourir.

Elle cessa de se débattre lorsque le dragon resserra sa prise sur elle. Beurk s'éloignait de plus en plus et elle sentit son cœur se serrer à la penser de son fils. Au moins, il avait survécu. Elle prit soudain conscience que sa faiblesse, son incapacité de tuer le dragon lorsqu'elle en avait eu l'occasion, avait failli coûter la vie aux deux êtres qu'elle chérissait le plus au monde.

•••

Le voyage fut long, très long. Plus ça allait, plus le froid s'intensifiait et très bientôt, Valka tremblait. Ses vêtements n'étaient pas adaptés pour un tel climat. Lorsque les dragons avaient attaqué Beurk, c'était le soir, un soir d'été d'autant plus, et elle comptait aller se coucher dans peu de temps. A présent, elle était entre les griffes d'un dragon orangé doté de quatre ailes, au-dessus d'un océan glacial et avec la certitude de mourir dès que le dragon atterrirait. Elle se demanda brièvement pourquoi le dragon ne l'avait pas déjà achevé mais cette pensée fut très vite oubliée lorsque son cœur loupa un battement. Le dragon s'était brusquement mis à voltiger dans les airs, esquivant roches et parois de grottes. Elle voyait la roche défilée sous ses yeux sans parvenir à se repérer dans l'espace.

Elle se rendit à peine compte que le dragon la déposait sur le sol avant d'atterrir quelques mètres plus loin. Sa tête lui tournait affreusement et elle sentait son dernier repas remonter dangereusement dans sa gorge. Elle prit quelques minutes pour remettre ses idées en place, pour calmer les battements de son cœur et pour empêcher son estomac de recracher ce qu'il avait avalé.

Ce n'est que quand elle reprit relativement le contrôle de ses émotions qu'elles lui échappèrent une seconde fois, lorsqu'elle se rendit compte que le dragon qui l'avait enlevé se penchait dangereusement vers elle. Elle eut l'impression que son sang se glaçait dans ses veines et elle fit un bond en arrière, du mieux qu'elle put considérant qu'elle ne s'était pas encore relevée.

Le dragon la suivit du regard et fit quelques pas pour la rattraper, Valka continua de reculer mais lorsque son dos heurta douloureusement le mur, elle s'immobilisa de frayeur, n'osant plus bouger un seul muscle.

Le dragon orange s'approcha lentement d'elle et elle écarquilla les yeux lorsqu'il ouvrit la gueule, à un mètre à peine de son visage. Il allait cracher son feu, c'en était fini d'elle. Serrant les paupières pour ne pas voir la mort arriver, elle attendit, les muscles bandés, de sentir la brûlure. Mais à la place du feu, ce fut la surprise qui l'envahit quand un long ronronnement résonna dans la grotte. Le son était doux et, étrangement, dénué de toute agressivité.

Elle rouvrit lentement un œil, puis l'autre, pour découvrir que le dragon était toujours mais qu'il avait fermé la gueule et qu'il l'observait avec des pupilles dilatées et curieuses, la tête penchée sur le côté. Se surprenant elle-même, Valka ne sentit pas l'adrénaline provoquée par la peur envahir son système sanguin. Elle était face à un dragon de certainement plus d'une tonne, qui pouvait sans aucun doute la tuer d'un coup de patte si l'envie lui en prenait, un des animaux les plus létal de cette planète et étrangement, elle se sentait en confiance.

Comme hypnotisée par le regard perçant du dragon, elle tendit la main vers le museau écailleux, lentement pour indiquer au dragon qu'elle n'était pas une menace. Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines quand le dragon eut un mouvement de recul mais elle lutta pour ne pas faire de même par réflexe. A la place, elle détourna le regard, essayant de se faire le plus petite possible.

Sa respiration se bloqua quand elle sentit un souffle brûlant sur sa paume, puis le contact rugueux d'écailles chaudes. Lentement, elle tourna de nouveau la tête vers le dragon et un long ronronnement parvint à ses oreilles. Elle n'en croyait pas ses yeux. Le dragon ronronnait. Parce qu'elle caressait ses écailles. Elle n'aurait jamais pensé cela possible.

Rassemblant son courage, elle tenta de se mettre debout. A son geste, le dragon recula brutalement, grondant. Plus aucune trace du ronronnement doux et apaisant d'auparavant. Cette fois-ci, il grondait belle et bien et semblait sur la défensive. Valka se figea, telle une statue, et le dragon gronda une dernière fois, avant de s'enfuir prestement, plus silencieux qu'un oiseau de proie. Il escalada une paroi, pour se faufiler dans un trou dans le mur, juste assez large pour lui.

Valka l'observa partir presque avec soulagement. Un dragon calme et ronronnant était une chose mais une bête effrayée et se sentant menacée était tout d'un coup bien plus intimidante.

La Viking se laissa retomber sur le sol sans grâce, son cœur battant à vive allure dans sa poitrine. Tout ce qu'elle souhaitait pour l'instant, était de rentrer chez elle et de ne plus jamais s'approcher d'un dragon de toute sa vie. Elle avait assez eu d'émotions fortes pour les quarante prochaines années.

Elle prit son temps pour ralentir sa respiration et son rythme cardiaque, avant de relever la tête, pour étudier les lieux. Elle se trouvait dans une caverne très large et haute de plafond. La grotte semblait interminable, continuant encore loin dans ce qui semblait être un glacier. Le seul était fait de roches plus ou moins hexagonales et étonnement lisses et douces au toucher. Elle se releva, s'appuyant sur la paroi de glace et remarqua que l'eau gelée avec une couleur très bleue comparée à la glace qu'elle avait pu voir se former sur Beurk. De plus, elle lui semblait beaucoup plus compacte et solide.

Elle mit ses interrogations concernant cette glace étrange dans un coin de sa tête et décida d'explorer la grotte, pour tenter de trouver une sortie. Il fallait absolument qu'elle mette la main sur un moyen de rentrer chez elle. Stoick devait se faire un sang d'encre et Harold, le tout petit Harold, avait besoin d'elle. Le passage qu'avait emprunté le dragon pour s'enfuir était trop haut pour elle et elle n'avait absolument aucune idée de par où ils étaient entrés. Elle se condamna donc à errer dans la caverne à la recherche de la sortie.

Elle marcha longtemps à travers les colonnes de glace bleues, se retrouvant plusieurs fois face à des culs de sac et fut forcée de faire marche arrière tellement souvent qu'elle avait arrêté de compter. Son estomac commençait à la tirailler douloureusement et ses jambes meurtries criaient grâce. Ce n'est que lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était revenue à son point de départ qu'elle abandonna. Cela faisait trop longtemps qu'elle marchait au hasard, elle était incroyablement fatiguée, épuisée ces émotions ayant drainées une bonne partie de son énergie avant même qu'elle ne se retrouve ici. Elle avait faim, soif et plus qu'une seule chose n'occupait plus ses pensées : son lit. Elle donnerait tout ce qu'elle avait pour pouvoir être présentement dans son lit, blottie sous les couvertures, avec les ronflements bruyants de Stoick qui emplissaient la pièce. Elle serait même heureuse qu'Harold se réveille en pleurs au milieu de la nuit, comme il lui arrivait encore de le faire de temps en temps. Tout mais pas rester piéger ici, loin de sa famille et de ses amis.

C'est sur cette pensée qu'elle s'endormit, le cœur serré, allongée sur le sol dur, froid et inconfortable de la grotte.


Malheureusement, ceci est le dernier chapitre rédigé :( La prochaine mise à jour sera un résumé de la fin ;)

Dragonniers - ValkaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant