Quatre heures que j'étais assise sur cette foutue chaise...
Quatre heures que je fixai aveuglément cette tâche sur le mur...
Quatre heures que les battements frénétiques de mon cœur remplaçaient le silence assourdissant du couloir...
Quatre heures que...
- "Mademoiselle Anastasia Stefanova ?" une voix interrompit mes pensées.
Une infirmière venait d'apparaître...Il était temps.
Le tressautement agressif de ma jambe qui semblait agacer la vieille dame assise à côté de moi, cessa instantanément.
L'infirmière était plutôt jeune. Elle avait une peau assez pâle avec de grands yeux bleus et une chevelure blonde noué dans un chignon strict. Elle avait l'air épuisée.
- Ce sera moi. Je répondais d'une voix que j'essayais de rendre forte et claire. Mais un petit tremblement, à peine perceptible, gâcha cet effort. Peu à peu, le temps et la fatigue, me faisaient envisager le pire .
Je la regardais, avide d'information, car j'appréhendais ce qu'elle allait m'annoncer.
Cela fait plus de quatre heures que ma grand-mère est rentrée dans cet hôpital. Je l'avais retrouvé, en rentrant de l'école évanouie dans la cuisine.
Elle me regardait avec prudence et compassion et j'ai su à ce moment-là que ma vie ne serait plus la même.
- Votre grand-mère à fait une crise cardiaque...elle en est décédée. Je suis sincèrement désolée.
A vrai dire, je ne sais ce qui s'est passé après. Quelques bribes me reviennent. Mais j'étais tellement dans un état second que tout m'a échappé. Je me souviens juste que mon cœur s'était serré d'une telle façon que la douleur m'avait coupé le souffle pendant plusieurs minutes.
*
-Bonnn... nom, prénom, date de naissance ?
Je sortais de ma léthargie et prenait petit à petit conscience de mon environnement. Je me tenais dans une pièce sombre dont la seule source de lumière provenait de volets à moitiés détruits, laissant passer même fermé, la lumière du jour. Cette lumière mettait en évidence, de légères filées de poussière traversant la pièce. Celle-ci étant étouffée par une odeur omniprésente de caféine. Dans le silence suivant sa question, j'entendais uniquement les clapotements de la machine à café se trouvant à l'autre bout de la pièce.
Je me penché pour mieux apercevoir mon interlocuteur. C'était un homme dans la trentaine, avec un léger chaume apparent, non par style mais par négligence, des cernes protubérantes, un air ennuyé et les lunettes légèrement penchées sur le bout de son nez me rappelant étrangement ma grand-mère.
-Anastasia, Stefanova, 14 novembre 2007.
-Hum, Hum... Il marmonnait dans sa barbe et notait les informations que je lui disais. Je percevais quelques bribes, de ses pensées désordonnées, qu'il ne prenait pas la peine de trier.
-Apparemment vous avez des frères, Londres, votre frère ainée à accepté de prendre votre garde, vous devriez les rejoindre sous peu...oui c'est ça. Il marmonnait encore, mais je n'y prêtais plus attention.
Frères...des frères...
La possibilité d'avoir une famille autre que ma grand-mère, ne m'était jamais venu à l'esprit, je n'avais jamais rien envisagé de tel.
J'étais assaillie par tout un tas de pensées négatives.
Actuellement, je ne me sentais pas rassuré que l'on m'ait dit que j'avais des frères, à vrai dire je ne ressentais rien, à propos de cette nouvelle. La tristesse avait laissé place à l'indifférence.
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ANASTASIA
AksiSuite à la mort de sa grand-mère, Anastasia se retrouve sous la garde de son frère aîné dont elle ne connaissait l'existence. Froid, mystérieux, et strict, la Anastasia maladroite, courageuse et têtue va devoir s'adapter... . Voyez évoluer Anastasi...