Prologue

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Quels étaient ses premiers mots à son égard ? Il tentait encore de se les remémorer. Cette sensation déchirante d'un amour qui se perd, et que l'on n'accepte pas de voir disparaître. Pas dans un monde aussi grotesque d'absurdités, comblé par les illusions et les rêves. Une unique pensée pour un seul être qui se perdra à jamais dans l'oubli, si ce n'est le vide de son coeur, créé par le gouffre de la douleur. Il était hors de question qu'il le perde comme il avait perdu lui-même autrefois son unique raison de vivre en cet amour imperturbable, qui aujourd'hui le pousse à accomplir tant de merveilles.

Au pas de course sur la terre humide, ses semelles manquèrent de glisser et de le faire s'écrouler dans sa course effrénée. Il se rattrapa tant bien que mal à un tronc d'arbre, où il en profita pour tenter de reprendre son souffle. Ses poumons étaient en feu, alors que sa peau était rougie par la température glaciale. Il ne sentait même plus le bout de son nez, ni de ses doigts, et ses pieds lui faisaient souffrir le martyr. Il avait couru combien de kilomètres depuis le point de départ, espérant que sa présence à cet endroit précis changerait quelque chose en cet instant ? Son téléphone, au creux de sa main n'avait pas cessé de sonner. Il n'osait pas répondre. Il n'avait pas le temps, et il n'aurait pas la force de tout expliquer à ses proches. C'est en levant la tête, une larme perlant le long de sa joue, que dans un énième souffle, il alla se perdre dans les ombres de la nuit, repoussées seulement par la lampe torche de son téléphone et la clarté de la lune. Lorsqu'il soudain il se souvint de cette fameuse phrase :

"Les étoiles ne disparaîtront pas ce soir."

- Elles ne disparaîtront pas ce soir, et toi non plus.

Il était proche. Tout en s'écorchant contre les branches, il fendait l'air comme un boulet de canon. Son corps lui criait de faire une pause, mais son cœur le portait plus loin encore que ses battements contre sa cage thoracique. Il lui intimait en un souffle à quel point il était proche du but. Dans son être entier, il savait que s'il venait à échouer il se perdrait à jamais lui-même. Bercé par cette prise de conscience, il arriva enfin à l'entrée de la caverne, pour retrouver celui qui l'avait aidé à se reconstruire au cours des derniers mois de sa vie, au bord du gouffre. Il se dressait là, probablement prêt à sauter, et à disparaître comme bien d'autres avant lui.

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⏰ Dernière mise à jour : May 31 ⏰

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