Chapitre 1

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Un train arriva à quai dans la gare du nord de Paris. Il venait de Marseille. À bord de ce train, une jeune femme. Elle était élancée et assez fine, des cheveux blonds bouclés venaient se poser sur ses épaules. Elle portait une robe blanche comme pour montrer sa pureté aux yeux de tous. Au loin, elle vue un contrôleur assez pressé arriver. Quelques secondes plus tard, ce même contrôleur examina son ticket.

- Bonjour madame dit-il. Vous avez de la chance, vous êtes la dernière et il me reste 5 minutes. Je vais enfin pouvoir prendre mon temps. Comment vous appelez-vous ?

- Lucie Ward répondit la jeune fille

- C'est bien correct. Je vérifie toujours parce qu'il y a des futés qui trichent. Est-ce que je pourrais savoir la raison de votre déplacement à Paris ?

- Je quitte Marseille pour m'installer définitivement dans la ville dites des amoureux.

- Avec qu'un petit sac s'interrogea le contrôleur trop curieux

- Euh ... oui. Un peu gênée, Lucie trouva une excuse. Je ne suis pas quelqu'un de peu matérialiste

- Pas besoin de preuve, j'en ai une devant moi. Je vous souhaite une très bonne vie à Paris.

Ces mots résonnèrent comme une musique en boucle dans la tête de Lucie. Cela fait depuis quelques mois que personne ne lui avait prêté attention. « Je vous souhaite une très bonne vie », elle ne demandait que ça mais à chaque fois qu'elle ferma les yeux, les affreuses images du passé revenaient la hanté jusqu'à la moindre molécule d'oxygène dans ses poumons.

Le train était arrivé à quai, elle y sortit. Direction le 9e arrondissement pour y réceptionner son appartement. Il était situé au 4e étage. C'était un logement composé de 2 chambres assez spacieuse. Lucie fut contente que la vie lui ait donné un second nouveau départ. Comme symbole, elle écrivit son nom sur la boite aux lettres. Cela peut paraitre bête mais pour Lucie c'était un geste qui lui fit couler quelques larmes. Il était presque 13h00, la jeune fille devait se rendre à sa 1re journée de travail. Le commissariat se trouva à une poignée de minute de son appartement. Une chance pour elle qui déteste les métros.

Le commissariat était situé juste dans une rue assez étroite, juste à coté d'une église luthérienne. Lucie entra et tomba sur une femme. Elle avait les cheveux longs noirs et des lunettes de bibliothécaire. Légèrement plus grande que Lucie, elle dégageait un tempérament strict.

- Madame dit-elle. Il faut prendre un ticket pour porter plainte !

Lucie ne comprenait pas ce que cette femme lui voulait

- Je pense qu'il y a erreur madame répondit-elle. J'ai été affecté dans ce commissariat et c'est mon premier jour ici.

- Ah oui ! cria-t-elle. Vous devez être Lucie Word, Wurd, Wird...

- Ward, Lucie Ward. Et vous êtes ?

- Commandante Sophie Beaulieu. Je tiens à vous préciser que vous ne tiendrez pas 3 min de retard. Les femmes comme vous ne tiennent pas 3 jours à mon service.

- Comment ça ? J'ai 5 ans dans le métier.

- Vous êtes la 5e lieutenant en 1 mois... J'ai calculé, la moyenne est de 8 jours mais vu ton âge et ton retard, je t'en donne 3.

Lucie était assez gênée par le jugement précoce que sa collègue lui procura.

- J'espère que tu n'avais rien de prévu demanda Sophie

- Non pourquoi ?

- On a une affaire ! Rendez-vous dans ma voiture, c'est moi qui vous conduis. C'est la caisse noir et blanche au fond

La jeune marseillaise se dirigea jusqu'à cette fameuse voiture. À chaque pas, elle se demanda si elle avait pris la bonne décision de quitter sa ville natale.

- Direction le pont Mirabeau ma belle. En route Simone s'écria Sophie.

Les deux collègues prirent la route. Le trajet fut une occasion pour faire connaissance. Bizarrement, un silence assez gênant s'était installé. La commandante le brisa.

- Alors comme ça tu as déménagé. Pas trop dure de quitter sa famille ? demanda-t-elle ?

- Non, ça va répondit froidement Lucie

- Étonnant pour une jeune femme. Je me rappelle du jour où j'ai quitté la maison. J'ai versé toutes les larmes de mon corps mais dès le lendemain matin, j'ai vite compris que ma vie commençait enfin. L'indépendance, la liberté et l'émancipation personnelle. 3 mots qui traduisent mon quotidien. Cela ne vous fait pas ça ?

- Je vous comprends lança la lieutenante qui se retenait de ne pas pleurer. Mais ma famille est partie depuis longtemps. Pour le coup, c'est eux qui ont quitté la maison.

Sophie ne savait plus où se mettre. Les propos de Lucie étaient vagues mais elle avait compris que son monologue était une erreur. Au lieu de répondre par une autre bourde, Sophie alluma la radio.

- Le pont Mirabeau, nous voilà ! dit-elle mais aucune réponse de la part de Lucie.

Un corps sans vie était posé là sous ce pont. Comme si la mort avait aspiré l'âme d'un humain et avait laissé son emballage sur terre. Couché sur le sol, l'enveloppe corporelle, rien qu'à sa position, montrait toute la souffrance qu'il avait ressentie lors de ses dernières secondes sur terre.

Sophie et Lucie arriva au chevet de l'oeuvre de la mort. Marc, le médecin légiste de l'équipe était déjà sur place.

- Bonjour Sophie, bonjour ... je suppose que tu es, encore, la nouvelle de l'équipe ...J'ai l'impression de vivre dans une boucle temporelle. Cette Sophie-là, incroyable, elle ne sait pas tenir ses lieutenants. Et le nombre que j'ai vu défiler. Tout ça parce que madame ne supporte pas qu'on soit un peu plus fort qu'elle.

- Marc cria Sophie

- Mais en soi, il n'y a qu'un statut et quelques années d'expériences entre un lieutenant et un commandant. Alors faudrait qu'elle se calme cette bonne femme.

- MARC cria de tout son souffle Sophie. Tu as encore oublié de tourner 7 fois ta langue dans ta bouche.

Marc était un spécimen à lui tout seul. Il avait la mauvaise habitude de dire tout ce qui lui passa par la tête et si personne ne l'arrête, il continue. Un fois, il a parlé pendant 45 minutes d'un pigeon qui lui avait déféqué sur sa tête.

- Je te présente ma nouvelle lieutenante Lucie Ward. Que peux-tu nous dire concernant ce corps ? Demanda Sophie

- Il s'agit de Lucas Caron, 16 ans. Assez facile puisqu'il possédait une pièce d'identité. Il présente 3 coups de couteau au niveau de l'abdomen ainsi qu'un hématome au niveau de la tête comme si quelqu'un avait tenté de l'assommer. Mais ce qui est étrange, c'est son pantalon. Regardez, il est déchiré au niveau des genoux.

- Comme si quelqu'un l'avait trainé jusqu'ici continua Lucie. Ce qui nous porte à croire que l'assassinat ne s'est pas passé ici mais que le corps a été déposé pour nous le faire croire.

- Exactement confirma Marc. Au niveau de l'heure du décès, je dirai entre 21h00 et 23h00.

Sophie, un peu jalouse que la nouvelle lui passe si vite devant, reprit les choses en main. C'était quand même elle la commandante.

- On va aller interroger ses parents pour avoir un peu plus d'informations sur ce jeune homme.

Lucie Ward et le mort du MirambeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant