Lucie Ward et le mort du Mirambeau

Chapitre 11

Le restaurant que Sophie avait choisi était cocooning. Il se trouvait dans le 7e arrondissement de Paris et se nommait « chez Piero », un restaurant italien. En arrivant dans l'établissement, un homme vint leur prendre leur veste et les plaça à table. En attendant de recevoir les cartes, elles discutèrent de tout et de rien.

- Lucie, demanda Sophie, j'aimerais m'excuser. J'ai été assez méchante et agressive le 1re jour. C'était maladroit...enfin con de ma part.

- T'inquiète répondit Lucie.

- Non, je tiens à m'excuser. Tu es une personne si intelligente, belle, respectueuse...tu es la personne qui représente le plus ma vision de la femme parfaite.

- Merci beaucoup Sophie. Même si c'est vrai, tu n'as pas été spécialement gentille avec moi à mon arrivée, tu m'as directement pris sous ton aile, tu aurais pu me laisser seule dans mes réflexions mais non tu es resté et pour ça je te pardonne entièrement. Les erreurs ça arrive à tout le monde, les reconnaitre ce ne sont que les bons qui le font.

Le serveur arriva. Lucie resta un moment en mode pause. Dans son corps, c'était une explosion, un volcan en éruption. En un regard tout se chamboula.

- Bonjour mesdames, avez-vous choisi ?

- Oui répondit avec excitation Sophie. Je vais vous prendre le bœuf bourguignon avec un vin rouge, mettez-moi la meilleure combinaison.

- Je note. Et votre amie, que va-t-elle prendre ?

Silence. Lucie était toujours en mode pause sur le serveur. La situation devenait assez gênante.

- Lucie ! cria Sophie Lucie Ward !

On aurait pu croire que son nom complet fait office de télécommande parce qu'au bout de 3 essais, elle se réveilla.

- C'est moi ! ah ! je dois choisir ? Euh... je vais prendre votre numéro de téléphone ! Enfin non ! fin si je le veux bien mais qu'est-ce que je dis là ?

- Lucie souffla Sophie. Dis ce que tu veux manger !

- UNE PIZZA. Une pizza oui, une p i z z a.

L'homme la regarda avec un sourire en coin.

- Une pizza oui mais quelle pizza ? demanda le serveur

- Oh la conne...je dois être mal lunée aujourd'hui ! Mettez-moi une pizza Margarita

- D'accord mesdames.

Le serveur s'éloigna. Lucie souffla comme si elle avait évité une balle dans sa tempe.

- Tout va bien ? Demanda Sophie.

- Très bien ! pourquoi ça n'irait pas ?

Lucie avait eu un énorme coup de cœur pour le serveur. Mais elle eût vite un coup de mou, elle repensait à son ex-mari, Harry. D'un coup, le visage de Lucie se referma.

- Tu penses à Harry ?

- Oui...Comment tu sais ?!

- Le 1re jour, j'ai bien vu que tu avais une fragilité alors j'ai effectué des recherches.

- Tu es tombée sur ce foutu article ?

- Oui, je l'ai lu et j'ai compris quel genre de femme tu étais

- Quel genre ?

- Une femme qui a vécu un drame terrible, épouvantable et inqualifiable. Mais cette femme veut se persuader que ce n'est rien, que ce n'est pas grave et qu'il y a pire ailleurs. Elle se dit que dans ce genre de situation mieux vaut aller de l'avant que de regarder derrière soi mais elle oublie quelque chose d'essentielle.

- Quoi ?

- Qu'à ses chevilles, elle a des chaînes qui représentent son passé. Tant qu'elle n'aura pas compris la vérité, elle ne pourra pas avancer. Lucie, tu as l'impression que tu vas de l'avant mais en réalité tu fais du surplace, ce sont les autres qui avancent autour de toi. Autorises-toi à aller faire un voyage dans le passé, autorises-toi à parler à l'ancienne Lucie et surtout autorises-toi à te pardonner pour avancer.

Le beau serveur arriva avec les plats, il coupa, par la même occasion, la conversation mais les mots de Sophie résonnaient dans la tête de Lucie.

                                                                                                      *

Ce fût un régal. Les deux femmes finirent leur assiette avec 25 kilos en plus.

Il était temps de régler l'addition. La commandante se leva pour aller payer. Mais le serveur s'approcha de Lucie.

- On dit que les lapsus sont toujours révélateurs alors comme tu voulais mon numéro de téléphone, le voici.

Il tendit un bout de papier. Lucie ne savait pas comment réagir mais elle se dit qu'il fallait faire la bad girl.

- Merci frérot ! je te call dans la semaine !

- Je pense que je ne m'ennuierais jamais avec toi !

Sophie arriva pendant que le serveur s'éloigna. Elle vit le petit bout de papier ainsi que le sourire énorme de sa lieutenante.

- Peut-être une nouvelle histoire qui commence ?

Les deux femmes sortirent du restaurant plus qu'unies que jamais. Les deux collègues étaient devenues, en quelques-jours, de vraies amies. Prête ensemble à résoudre d'autres crimes !