chapitre un

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SEPT SEPTEMBRE ━━━━━━━━━━━━━━━

ARTHUR POUSSE UN CRI DE FRUSTRATION EN s'extirpant avec difficulté de sa monoplace encastrée dans le techpro. Ses mains frappent le halo de protection plusieurs fois dans une tentative ratée d'évacuer cette colère envers lui-même qu'il ne peut guère contenir. D'un geste rageur, il retire ses gants qu'il lance devant la monoplace alors que les cris de stupeur émanent encore des tribunes suite à sa sortie de piste. La ferveur laisserait penser qu'il roule en catégorie reine, toutefois à cause de cette stupide erreur, la formule un s'éloigne petit à petit de son viseur.

Comme si à chaque fois qu'il frôlait son rêve du bout des doigts, il se mettait lui-même des bâtons dans les roues.

Ses cervicales le font grimacer alors que les commissaires le guident jusqu'au bord de la piste bien plus sécurisé que le bac à graviers. Le châtain prend le temps de récuperer ses gants laissés à l'abandon avec une haine qui l'avait rarement animé auparavant. C'est à se demander ce qui le met dans un tel état. Impuissant, il se contente d'observer sa monoplace se faire emmener hors de l'enceinte du circuit, assis sur le sol poussiéreux à poser ses yeux sur ce qui l'entoure, sans avoir l'envie d'adresser la parole à qui que ce soit.

Arthur se déteste d'avoir fait cette erreur si stupide, le condamnant à ne plus avoir les cartes en mains pour la chasse au titre de formule deux. Son esprit semble ailleurs, toutefois il secoue la tête avant de se lever en retirant son casque dans l'unique but de respirer un peu malgré cette chaleur étouffante. Le soleil tape et la chaleur est étonnamment omniprésente aux Pays-Bas en ce début du mois de septembre. Il secoue ses cheveux pour les arranger légèrement et attend qu'un scooter vienne le ramener jusqu'au paddock de formule deux.

Des applaudissements rugissent depuis les tribunes et le châtain offre un maigre sourire en levant son pouce comme simple remerciement. Sa déception emporte tout sur son passage telle la plus puissante des tempêtes et le jeune pilote donnerait ce qu'il a de plus cher pour changer le destin de cette course sur les terres néerlandaises. Il n'a qu'une seule envie ; s'enfermer et n'adresser la parole à personne.

Comme Charles le fait lors d'un grand prix qui se transforme en chaos complet. Arthur tire sa plus grande inspiration de son grand frère, après tout avoir un membre de sa famille parmi les vingts meilleurs pilotes du monde est un avantage sur le plan sportif et en matière de conseils. Néanmoins, s'ils ont le même caractère et cette capacité parfois néfaste de se remettre en question, certes, jamais ils n'ont cessé d'être dur envers eux-mêmes. Et lorsqu'Arthur croise un court instant le regard de son aîné, les bras croisés devant le stand de la Scuderia avec un visage plutôt fermé, il sait que ce dernier ne viendra pas le déranger.

Il est le seul à le comprendre pleinement. Jamais il n'a rencontré un pilote avec la même mentalité, les mêmes valeurs que son frère et Arthur se sent réellement chanceux.

Il lui tourne le dos pour parcourir le dédale de ce paddock qui lui semble interminable. Parfois, certaines personnes l'arrêtent afin de lui demander si tout va bien. Arthur balbutie toujours quelques excuses afin de s'enfuir au plus vite, encore plus lorsqu'il n'a aucune idée de qui sont ces inconnus souhaitant absolument échanger quelques mots avec lui.

Si tout va bien... de toute évidence, non, puisqu'en cet instant précis, les réels concurrents au titre se battent sur la piste, et lui les regarde depuis le bas-côté, parfaitement impuissant.

Son cerveau se met souvent en off lors de ces moments, parce qu'écouter les excuses, les conseils, les remarques déplacées qui peuvent lui être adressées sont souvent synonymes de doutes qui s'immiscent inexorablement dans son esprit.

𝐆𝐇𝐎𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant