chapitre deux

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DIX SEPTEMBRE ━━━━━━━━━━━━━━━━

ARTHUR HUME LE PARFUM DES FLEURS QUI l'entourent avec un calme olympien. Cet apaisement lui fait étonamment du bien alors que les passants le scrutent à chacun de ses faits et gestes depuis qu'il est sorti, écouteurs dans les oreilles prêt à courir jusqu'à en perdre haleine. Exceptionnellement, ce matin, le sommeil ne revenait pas. Six heures ont à peine sonné lorsque le monégasque parcourt la côte, bercé par le bruit des vagues lui faisant oublier les chansons défilant dans ses oreilles.

Deux jours auparavant, il frôlait du bout des doigts la première marche du podium, subtilisée par le leader actuel du championnat, Ollie Bearman. Toutefois, l'écart de points reste minime et le châtain a tout autant d'espoir qu'auparavant. À mesure qu'il avance au bord de mer, ses pas se font plus lourds tant l'effort qu'il émet est important. Au bout de longues minutes, le voici contraint de s'arrêter, ne pouvant plus supporter.

Afin de reprendre une respiration correcte, ses mains se posent sur ses genoux et il peine à rester droit pour récupérer de cet effort. D'un coup d'œil, il regarde sa montre et fronce les sourcils. Cinq kilomètres supplémentaires parcourus à la différence d'un entraînement normal. Confus, il relève la tête et prend rapidement conscience que ces plages qu'il admire ne sont pas celles qu'il a l'habitude de croiser. Sentant ses jambes flageoler suite à l'effort fourni, le châtain vient s'installer sur la plage, à admirer l'étendue bleutée s'offrant à lui.

Ce spectacle de la nature lui procure une sensation de bien-être qu'il ne trouve nulle part ailleurs. Arthur adore le sud de la France, particulièrement la côte sauvage rencontrée dans ces circonstances. Ses yeux se ferment un instant et doucement, il se laisse transporter par le léger son des vagues venant s'échouer contre la roche. Les oiseaux piaillent, les abeilles bourdonnent et viennent recueillir le pollen. Un son de fin d'été qui va nettement lui manquer lorsque l'automne finira par pointer le bout de son nez à la fin du mois.

Arthur rouvre les yeux pour poser ceux-ci sur l'immensité s'offrant à lui. Le châtain meurt de chaud. Dans un geste mécanique, il retire son haut et son bas, restant en sous vêtement, avant de s'aventurer dans l'eau encore chaude de la Méditerranée. Sans plus attendre, il plonge la tête la première dans la mer et nage en profondeur durant quelques maigres instants. Le pilote remonte à la surface et reprend sa respiration tranquillement.

Un rire s'échappe de ses cordes vocales, en imaginant Charles lui faire la morale avant de finalement venir le rejoindre sous les râles de Lorenzo, comme ils en avaient l'habitude étant petits. À présent, tout est plus complexe, puisqu'ils se retrouvent à l'autre bout du monde la majeure partie de l'année. Parfois Arthur regrette cette insouciance de l'enfance, lorsque la monoplace n'avait pas pris une si importante place dans leur vie. Lorsqu'ils allaient se baigner dans la Méditerranée durant des heures sans posséder la notion du temps, se faisant réprimander par leur mère qui avait attendu patiemment qu'ils reviennent se sécher afin de ne pas tomber malades.

Charles et Arthur étaient certainement les deux seuls enfants à attraper des rhumes en plein été, à force de rester trop longtemps dans cette mer Méditerranée. Et parfois, lorsque venait l'été, même à une vingtaine d'années, ils prenaient le temps de piquer une tête pour se rafraîchir. C'était souvent une récompense à leur entraînement achevé. Un immense sourire se dessine sur ses lèvres. Il a hâte de retrouver son frère pour un autre footing.

Le châtain sort de l'eau, grelottant énormément par oubli de l'horaire pas forcément adéquat pour une baignade. Le soleil est bien loin de son zénith et le seul moyen de se réchauffer est celui-ci, alors il patiente de nombreuses minutes, jusqu'à avoir la possibilité d'enfiler son haut et son short, ainsi que ses chaussures afin d'effectuer le chemin retour.

Le pilote DAMS attrape son téléphone et grimace en apercevant un appel manqué de sa compagne, Carla. Peut-être a-t-il légèrement omis le fait qu'il était parti courir de si bon matin. Sur le chemin retour, le monégasque s'arrête à la boulangerie dans l'unique objectif d'acheter des viennoiseries pour calmer l'inquiétude de la jeune femme qui l'attend certainement dans son appartement.

Arthur fronce les sourcils en récupérant le sachet empli de chouquettes, pains aux chocolats et croissants. Le boulanger lui a lancé un sourire entendu qu'il n'est pas parvenu à comprendre réellement. Le châtain hausse les épaules avant de continuer sa marche jusque son immeuble. Il badge à l'entrée et grimpe les escaliers deux à deux pour regagner son appartement rapidement. À peine entré, Carla débarque en furie, l'air inquiet se profilant sur son visage autrefois bien plus apaisé.

— Qu'est-ce qui t'a pris d'aller courir aussi tôt ?

— Je n'arrivais plus à dormir.

— J'ai entendu la porte claquer à cinq heures et demie, j'ai eu peur Arthur.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller. Je t'ai rapporté à manger, il argumente alors, et Carla soupire.

La jeune femme vient tout de même l'étreindre, faisant abstraction de cette sueur mélangée à l'eau de mer ruisselant sur sa peau. Néanmoins, elle se recule aussitôt à peine sa main ayant frôlé ses cheveux.

— Tes cheveux sont sablonneux, elle remarque.

— Je suis allé me baigner. Ça me rappelle ce que l'on fait avec Charles, j'adore me baigner après un entraînement. Je demanderai aux gars de me rejoindre la prochaine fois, ça fait longtemps.

— Arthur-

— Je vais me doucher ! Bon appétit, il claque un baiser rapide sur sa joue avant de s'éclipser.

Carla reste troublée de longues secondes, même après l'avoir vu disparaître dans le couloir menant jusque la salle de bain. Son comportement relativement étrange l'inquiète, toutefois elle ne sait pas réellement comment s'y prendre pour le lui avouer sans qu'il ne se vexe ou ne s'énerve.

Arthur pénètre dans la chambre pour attraper quelques affaires propres dans sa penderie. Le monégasque fronce des sourcils en remarquant un pull qu'il ne connaît que trop bien. Il le prend dans ses mains, confus. Ce pull appartient à Charles et il ne se rappelle pas de la dernière fois qu'il est venu à son domicile en ayant oublié de récupérer un vêtement. Charles déteste qu'Arthur lui vole des vêtements. Le pilote hausse les épaules et repose le vêtement en se disant qu'il reviendra bien le chercher à un moment ou à un autre.

Arthur se dirige vers la douche et glisse à l'intérieur afin de laisser sa peau entrer en contact de l'eau brûlante. Le jeune monégasque grimace face à cette sensation en premier lieu désagréable, puis ses muscles se détendent au fur et à mesure. L'eau dégouline sur sa peau et il jure. Ses pensées se multiplient et le châtain donnerait tout pour les faire taire tant elles explosent et martèlent puissamment son crâne.

Un flot de songes qui l'aggrippe et le tourmente inexorablement, l'empêchant de réfléchir calmement. Toujours cette voix qui vient lui murmurer à l'oreille, ce diable sur son épaule qui lui chuchote que jamais il ne parviendra à atteindre ses objectifs puisqu'à présent il est complètement perdu. Cette voix lui répétant que jamais il ne sera à la hauteur de son frère, que jamais il ne sera à la hauteur pour intégrer le cercle fermé de la formule un.

Que ses efforts seront vains, tel est son destin.

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hey, voici le second chapitre tant attendu de cette fiction ! je l'aime bien, il est assez doux et malgré tout il y a le contraste avec son comportement un peu étrange...

j'ai hâte que vous découvriez la suite ! je n'ai pas encore écrit et je crois bien que c'est la première fois que ça m'arrive :)

à dimanche prochain, jour de grand prix d'imola ! <3

-alcools

𝐆𝐇𝐎𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant