chapitre huit

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VINGT-QUATRE NOVEMBRE ━━━━━━━━━━

Le moment pour lequel il se prépare depuis des semaines est enfin arrivé. Arthur traverse le paddock, cette fois celui de formule un, afin de se rendre à l'hospitalité Ferrari avec son ennemi du week-end ; Ollie Bearman. Les deux jeunes hommes sont silencieux ; bien qu'ils se connaissent et s'apprécient depuis des années, l'angoisse de ces dernières courses se fait sentir et la tension est palpable.

— Arthur !

Une voix l'interrompt dans ses pensées et le monégasque laisse le britannique se rendre dans le bâtiment tout seul, accordant quelques minutes à la personne venant de l'appeler. Pierre. Ils se font tous deux une accolade, prenant des nouvelles l'un de l'autre. Arthur a toujours connu Pierre. Pierre a connu Arthur lorsqu'il était haut comme trois pommes et son amitié avec Charles les amène à se côtoyer souvent.

— Comment tu te sens pour ce dernier week-end ? demande le français, la main toujours posée sur son épaule.

— Un peu de pression, mais je vais tout donner. Je suis deuxième au championnat, je n'ai rien à perdre.

— On dirait Charles quand tu parles, il ricane. Je suis sûr que tu vas y arriver.

Le jeune pilote sourit partiellement. Il a hâte d'expédier cette réunion avec quelques membres de la Ferrari Driver Academy avant d'aller faire une sieste tranquillement afin de se reposer pour les qualifications qui auront lieu dans quelques heures.

— Arthur, fais-le pour lui, énonce Pierre d'un air grave, en pressant son épaule.

Arthur, confus, acquiesce en observant le pilote Alpine s'éloigner précipitamment, come brûlé par leur échange. Le monégasque sent encore sa main crispée sur son épaule et il ne peut s'empêcher d'y penser les heures suivantes. Jamais il n'avait perçu un comportement si étrange de la part du français. Arthur secoue la tête. Sûrement un coup de moins bien.

Pourtant, il a raison. Il va le faire pour lui avant tout, certes, mais également pour tous ceux qui l'ont aidé, épaulé au fil des années malgré les nombreuses difficultés. Et Charles en fait évidemment partie.

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Arthur franchit la ligne, et la délivrance est synonyme de plénitude mais surtout de démence. Cette sensation indescriptible qui traverse tout son être en une fraction de secondes. Cette sensation de vivre un véritable rêve, que son esprit est en pleine léthargie pourtant non, tout cela est bien réel.

Tout est réel.

C'était... c'était comme s'il parvenait enfin à respirer de nouveau correctement après avoir passé le drapeau à damiers dans un soulagement que nul ne pourrait comprendre. Ce sentiment d'accomplissement qui parcourt ses veines aussi rapidement que son sang en cet instant précis. Son coeur bat à vive allure, tellement qu'il a l'impression que celui-ci va sortir de sa poitrine.

En premier lieu, il y a le silence. Soudainement, le monde est devenu silencieux, et a tourné au ralenti en un lapse de temps restreint. La même sensation lorsque l'on plonge dans l'eau sans que l'on puisse entendre quoi que ce soit autour de nous.

Puis l'on remonte à la surface ; et c'est l'explosion.

Les ingénieurs applaudissent par dizaines depuis le garage et le monégasque laisse échapper un hurlement de joie à travers la radio grésillante, sans contrôler ses propos. Des jurons surgissent et s'échappent de manière inattendue, toutefois il ne s'excuse pas. Il est champion de formule deux.

Il est dans l'incapacité la plus totale de décrire ses ressentis en cet instant précis. Parvenir à remporter ce championnat si disputé, pour lequel il s'est donné corps et âme afin d'aller chercher ce titre, avant tout pour lui-même, mais également pour ses proches. Évidemment, c'était imparfait, de nombreuses erreurs ont été commises au cours de la saison, toutefois jamais il n'a détourné ses prunelles claires de son objectif ; c'est ce qu'on lui a toujours enseigné.

𝐆𝐇𝐎𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant