chapitre cinq

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QUATORZE OCTOBRE ━━━━━━━━━━━━━

ARTHUR EST À DEUX DOIGTS DE DECEVOIR SA FAMILLE pourtant, son envie de quitter la pièce est si forte en cet instant. Il a l'atroce sensation d'étouffer et ses sens en alerte lui hurlent de partir, toutefois il est trop tard. La tempête est déjà là. Bien présente. Et elle est violente. Lorenzo lui jette un regard noir et le jeune monégasque n'a jamais vu son frère ainsi, les bras croisés contre sa poitrine avec un regard aussi sévère. Le châtain déglutit, patientant pour sa sentence après avoir avoué un détail important.

Le jeune pilote part pour l'Italie demain, sans avoir pris le temps de prévenir quiconque. Son frère l'a surpris en train de préparer sa valise, comme si Arthur ressentait ce besoin de fuir la principauté. Comme si c'était une soudaine nécessité plus que tout autre sentiment. La nuit est tombée et il s'attendait à tout, sauf à se disputer avec son aîné à la nuit tombée le jour de ses vingt-quatre ans.

— Donc tu t'en vas réellement à Maranello demain ?

— Oui, je dois travailler dur pour la dernière course de la saison, elle est fatidique, ça peut lancer ma carrière. Tu es censé le savoir plus que n'importe qui, il crache.

— T'as pas le droit de faire ça.

— Lâche-moi Lorenzo ! Je suis assez grand pour prendre des décisions seul, j'ai vingt-quatre ans merde !

— Et tu nous laisses, maintenant, avec maman ? T'as pas honte ?

— Tais-toi.

— Après ce qu'il s'est passé tu la laisses, et sache que c'est impardonnable, depuis que–

— Tais-toi ! Il hurle en posant ses mains sur ses oreilles.

Arthur ne souhaite pas écouter la suite de cette phrase. Arthur ne souhaite pas entendre les mots de son frère résonner dans sa tête. Arthur ne souhaite pas poursuivre cette conversation houleuse, à sens unique. Arthur souhaite partir. Souhaite fuir.

Il fuit. Sa seule solution est de prendre la fuite car il a l'affreuse sensation que sa tête va exploser à force d'affronter le regard haineux de son aîné. La porte claque, la ville apparaît sous ses yeux meurtris.

Autour de lui, il voit les fleurs pourrir, se faner. Alors il court, il court à en perdre haleine, sans discontinuer. Pourtant il n'appelle pas à l'aide de soir-là, lorsque dans la pénombre de la nuit sombre, il erre dans les rues de la ville, sans toit.

Ses pas l'arrêtent sur la plage. Son endroit favori sur terre, jamais il ne souhaite se retrouver autre part afin de décompresser. Le sable fin le rassure, le clapotis des vagues également. Il se sent mieux en s'asseyant en tailleur sur le sable humidifié par la fraîcheur de la nuit.

Soudainement, il entend un bruit derrière lui. Arthur fronce les sourcils et se retourne, de peur que Lorenzo l'ait suivi afin de poursuivre cette altercation qu'il ne supporterait pas. Toutefois, ce n'est pas lui qui se trouve en face. Le châtain reste de marbre et silencieux le temps que la personne vienne s'asseoir à ses côtés, dans un même silence pesant.

Arthur admire la mer malgré la pénombre, et ne peut s'empêcher d'y jeter quelques cailloux qui croisent son chemin. Le jeune homme est perdu dans ses nombreuses pensées et le fait que l'autre ne prononce pas un seul mot le perturbe.

En prenant une grande inspiration, il se lance, en quête d'un moyen de faire disparaître sa frustration, sa gêne, sa peine qu'il ne comprend pas. D'où vient-elle ?

- Charles, t'as jamais eu peur d'oublier ? questionne-t-il soudainement, surprenant le brun.

- On a toujours peur de l'oubli Arthur.

- Je culpabilise d'oublier, il avoue.

- Pourquoi tu le devrais ? On ne peut pas se remémorer de tout ce que l'on fait, nos souvenirs sont triés pour que l'on se souvienne des plus importants, le reste on peut le capturer de différentes manières.

- Papa me manque.

- Je sais tutur.

- La pire sensation a été d'oublier le son de sa voix, d'oublier qu'il a existé finalement. J'ai l'impression que sans penser à lui je le trahis un peu.

- Est-ce que tu as réellement accepté la mort de papa ?

Une larme dégouline sur sa peau irritée par la fréquente pluie s'abattant sur ses joues rosées. D'un geste vif il l'efface toutefois, comme si masquer ses faiblesses à son frère était la solution. Comme si devant lui il n'avait pas craqué cent fois. 

S'esseuler. 

Une action qu'Arthur effectue constamment lorsqu'il sent le monde s'effondrer sous le poids de ses pensées, le poids de sa culpabilité, le poids de ses péchés. 

- Arthur, tu ne pourras pas avancer sans avoir conscience que papa n'est plus là. Rester bloqué dans un tel déni n'est pas la solution. Je sais que tu souhaiterais que ces souvenirs n'en soient pas, que tu te réveilles en espérant recevoir un message de sa part. Mais il est parti, il ne reviendra pas et je sais que ça fait mal, que la douleur elle te brusque, elle te martèle, elle te fend le cœur et te le déchire en mille morceaux, mais pense aux moments magnifiques que l'on a passé à ses côtés. Fais de son absence une putain de force. Comme j'ai pu le faire en Azerbaïdjan.

- Mais je ne suis pas toi, Charles.

- Non. Tu es bien plus fort mentalement que moi. Tu es une version améliorée de moi-même et je t'ai toujours admiré pour ta persévérance et ton courage Arthur. Ne vis pas dans l'ombre des démons du passé. Vis encore moins dans la mienne. Crée ta propre histoire, ton propre chemin, en acceptant de devoir perdre énormément pour parvenir à ce que tu souhaites le plus. 

- Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, il soupire.

- Tu vivrais, comme tu as toujours appris. 

- Je suis fatigué. 

Ses mains s'ancrent dans le sable fin qu'il ramasse dans la paume de celles-ci. Lentement, il laisse s'écouler le sable tel un véritable sablier, sans prêter attention à son aîné qui l'observe, les larmes brûlant yeux. Il n'y a pas plus immense fierté que d'avoir Arthur en tant que frère et Charles pourrait mourir pour lui, mourir pour que lui, réussisse. Une vie de sacrifices pour que le châtain ait une existence emplie de bonheur, sentiment qui l'a quitté depuis des lustres. 

Il tremble de tous ses membres. Le jeune monégasque meurt de froid, toutefois il est dans l'incapacité d'effectuer le moindre pas. Le voici confronté à ses craintes, dans la nuit noire, sans aucun espoir de passer outre, tandis que dans quelques heures un nouveau jour se lèvera, empli de doute, un jour où le châtain retrouvera l'unique sentiment qu'il ressent depuis des semaines ; le désespoir. Ses dents claquent puissamment et il regrette de n'être vêtu que d'un vulgaire haut à manches courtes.

Arthur se sent dépérir.

Quand est-ce qu'il arrêtera de souffrir ?

Ce championnat aura sa mort et il en est conscient. Toutefois il n'abandonnera pas. Ce n'est pas dans ses gènes. Son regard se déporte sur l'horizon, puis les étoiles dans ce ciel dégagé. Deux-mille vingt-quatre sera son année.

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heyyyy, nous sommes toujours dimanche, je ne suis pas en retard ! j'étais tellement à fond ces derniers jours entre les 24h du mans, le motogp, roland garros, la finale de la ligue des champions... maintenant c'est nul y'a plus rien à la télé :/

bon allez, à demain sur NIGHT FEVER et à dimanche prochain !! (frappez-moi, pour la première fois je n'ai pas écrit la suite de l'histoire)

-alcools

𝐆𝐇𝐎𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant