𝟎𝟔𝟖. les havres gris

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« Un jour Bilbon m'a dit que les grandes histoires ne finissent jamais, que chacun de nous doit aller et venir dans le récit

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« Un jour Bilbon m'a dit que les grandes histoires ne finissent jamais, que chacun de nous doit aller et venir dans le récit. Son rôle dans ce conte touche maintenant à sa fin. Il n'y aura plus de voyages pour Bilbon, sauf un. »

Après avoir quitté la Comté aux côtés des Hobbits, y compris de Bilbon qui nous avait rejoint, nous avions suivi la lisière Sud des Coteaux Blancs. Nous étions arrivé aux Coteaux du Lointain, puis aux Tours, jusqu'à contempler au loin la Mer. Puis, en rejoignant Gandalf, nous étions descendu jusqu'à Mithlond, aux Havres Gris, sur le long estuaire du Loune. Cet endroit, construit par les Elfes, me semblait l'un des plus harmonieux.

J'avançai la première, en soutenant Bilbon d'un bras. Le vieil Hobbit avait l'air beaucoup plus vieux que la dernière fois que je l'avais vu, à Fondcombe. C'était sûrement dû au fait qu'il n'est plus l'Anneau Unique avec lui, et que ce dernier ai été détruit.

Nous arrivâmes finalement tous les sept devant un large bateau blanc. Devant nous, se tenait quatre personnages très importants. Il y avait Elrond, vêtu d'une longue robe bleuâtre, qui se tenait d'un air sage. Le brun avait donné sa bénédiction pour le mariage d'Aragorn et de sa fille. Il était ensuite resté quelques temps en Terre du Milieu, avant de se décider à partir. Son départ allait marqué un bon nombre de personnes, mais aussi l'histoire de la Terre du Milieu.

À ses côtés, se tenait l'un des couples les plus beaux que je n'avais jamais vu. Dame Galadriel et Seigneur Celeborn. Ils étaient très grands, la Dame non moins que le Seigneur. Entièrement vêtus de blanc, les deux ne donnaient aucun signe d'âge, sinon dans l'intensité de leur regard, qui n'avait jamais été si intense d'aujourd'hui. Dame Galadriel me fixait. Pendant un instant, je crus entendre sa voix dans ma tête. Au revoir, Mère des Dragons. Elle continuait de me fixer de ses yeux aussi pénétrants que des lances à la lumière des étoiles, et cependant profonds, puits de souvenirs enfouis.

Un autre Elfe se tenait, un peu plus en retrait. C'était Círdan, un Elfe sage aux cheveux blancs et aux longues oreilles pointues, qui avait lui-même construit le bateau sur lequel les Porteurs de l'Anneau allait embarquer.

-Ah ! Et bien voici un spectacle que je n'avais jamais vu, souffla Bilbon, ravi, avant de s'incliner, tout comme Gandalf et moi.

-Le pouvoir des Trois Anneaux s'en est allé, commença Galadriel sans me lâcher du regard, avant de se tourner vers Frodon et Bilbon. Le temps est venu pour la domination des Hommes.

-La Mer nous appelle, murmura Elrond en elfique.

-Je crois que je me sens tout à fait prêt pour une nouvelle aventure, souffla Bilbon avant d'avancer vers ses amis les Elfes, aidé par sa canne, et de monter à bord du bateau, aux côtés des quatre autres.

-Adieu, mes braves hobbits, ma chère Daenerys, reprit Gandalf en se tournant vers nous cinq d'un air doux. Mon œuvre est achevée, murmura-t-il avant que je ne le serre dans mes bras de toutes mes forces. C'est ici, sur les rives de la Mer que prend fin notre Communauté. Je ne vous dirais pas de ne pas pleurer, car toutes les larmes ne sont pas un mal, fit-il alors que je me séparai de lui en lâchant quelques larmes, alors qu'il commençait à s'éloigner, et moi pleurer de plus belle. Il est temps, Frodon, ordonna l'Istari en se retournant une seconde fois vers nous.

-Que veut-il dire ? demanda Sam, dans l'incompréhension, tout comme Merry et Pippin.

-On nous a envoyé sauver la Comté, Sam, commença Frodon d'une voix triste. Et elle a été sauvée, mais pas pour moi.

-Vous n'y pensez pas, rétorqua Sam, les larmes aux yeux. Vous n'allez pas nous quitter !

-Les dernières pages sont pour toi, Sam, déclara le petit homme en lui tendant le Livre Rouge qui appartenait autrefois à Bilbon, puis à Frodon.

Sam continua de fixer son ami, alors que des larmes s'écoulaient le long de ses joues. Frodon, pendant ce temps, serra très fort dans ses bras Merry, puis Pippin, qui eux aussi, pleuraient à chaudes larmes.

Puis le petit homme se tourna vers moi. Je m'abaissai aussitôt pour le prendre dans mes bras tout en laissant écouler quelques larmes. Frodon, pendant cette aventure, a été une âme déchirée par les horreurs de la guerre. Il ne peut plus se rétablir de ce monde, ça je l'ai bien compris. Le destin de son pays lui a été imposé, tout comme le destin de la Terre du Milieu. Frodon a subit tellement de traumatismes que je n'ose imaginer. Après cette longue aventure, les choses ne sont plus les mêmes pour lui.

-Tu trouveras la paix et la guérison dans cette nouvelle vie, soufflais-je dans les bras du brun. Ta seule chance de bonheur est de quitter ce monde, va.

Le brun me serra une dernière fois contre lui avant de me relâcher et de se tourner vers son plus grand ami, Sam, et de le prendre dans ses bras. Les deux sanglotaient, et je ne pus m'empêcher de, moi aussi, lâcher une larme, avant d'essuyer mes joues de ma manche. Frodon se sépara de son ami, glissa une main dans ses cheveux, et déposa un doux baiser sur sa tête. Cette dernière étreinte, la façon dont le brun embrasse simplement Sam sur le front, me donne une nouvelle fois envie de pleurer. Aucun mot n'est nécessaire où ne peut même être dit. Leurs adieux ont déjà été fait.

Gandalf tendit sa main vers Frodon. Je passais une main sur les épaules de Merry et Pippin, pour le réconforter, alors que ma deuxième main faisait de même avec Sam qui sanglotait une nouvelle fois, ce qui était tout à fait compréhensible. L'Istari et l'Hobbit s'éloignèrent et embarquèrent sur le bateau. Frodon, à bord, se tourna une dernière fois vers nous, et nous offrit son plus beau sourire. Je souriais tristement, face à cela. Pour moi, cela signifiait tellement. Ce sourire était le premier sourire vraiment authentique que Frodon a offert depuis qu'il a été chargé de l'Anneau. Je ressentais son soulagement, tout comme le mien, car je savais qu'il allait enfin avoir le repos qu'il mérite. Frodon est déjà sur la voie de la guérison des horreurs qu'il a endurées.

Le navire prit son départ. Il avançait, de plus en plus vite, jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'une étoile à l'horizon. Je donnerais n'importe quoi pour savoir, même juste pour un instant, ce que cela a dû faire pour ce Hobbit accablé de monter sur ce navire et de voir un poids si immense lever son cœur.

Merry et Pippin firent demi-tour, alors que je restai aux côtés de Sam, toujours une main sur son épaule. Je me tournai vers lui et essuyai d'un geste bref ses joues.

-Mon cher Sam, commençais-je en m'agenouillant face à lui en posant mes mains sur ses épaules. Tu ne peux être pour toujours déchiré en deux. Il te faudra être sans Frodon pendant de nombreuses années. Tu as tant d'objets de jouissance, tant de choses à être, et tant à faire. Ton rôle dans l'histoire continue, il continue aux côtés de ta famille.

𝐅𝐄𝐔 𝐄𝐓 𝐒𝐀𝐍𝐆 ࿐ 𝐋𝐎𝐓𝐑 & 𝐇𝐎𝐁𝐁𝐈𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant