Irma a disparu

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Elle était là, j'en suis presque certain. Je me rappelle parfaitement le stand de merveilles culinaire juste en face à quelques mètres. La tente de madame Irma devrait être juste devant nous, mais il n'y a plus qu'un espace vide. Ça ne réjouit clairement pas Caym qui tourne en rond à la recherche de quoi que ce soit qui pourrait lui donner un indice sur l'identité de la voyante qui était là.

Petit à petit je vois son visage se transformer, je comprends bien qu'il s'énerve à chaque pas qu'il fait et où il ne trouve rien pouvant l'aider. Je me recule d'un pas et jauge sa réaction. Il ne me jette pas un seul regard, alors je recommence, un pas après l'autre je tente de m'éloigner un maximum de lui. Pour faire quoi ? Aucune idée. Je veux m'enfuir, mais je n'ai pas le moindre doute qu'il pourra me rattraper ou me retrouver très facilement. Je suis loin d'être débarrassé de lui tant que ce lien sera là entre nous. Pourtant je tente quand même l'impossible en continuant à mettre autant de distance que possible entre nous.

— Eden ! Je jure sur tous les diables que si tu essaies de t'enfuir je t'attrape et te coupe un pied !

Je me fige et écarquille les yeux tout en faisant un pas en avant.

— M'en... m'enfuir, moi ? Quoi ? Non, je... non, jamais voyons ! Je voulais... une barbe à papa, ouais c'est ça, une barbe à papa. Je réfléchis mieux avec du sucre, je pourrais peut-être penser à des détails que j'avais oublié.

Caym lève la tête et relève un sourcil, son air de « tu te fous de ma gueule » me fait un peu flipper, mais j'essaie de ne pas le montrer. Il repart à la recherche d'indices ou je ne sais quoi sans me jeter un autre regard. Je n'ose plus bouger, je le pourrais, il ne m'a pas figé les jambes comme il aime le faire, mais j'ai bien trop peur qu'il mette sa menace à exécution. Après un instant de silence il prend à nouveau la parole.

— Elle était là ?

— Affirmatif.

— Tu es sûr ?

— Affirmatif.

— Et tu n'as pas la moindre idée de son nom ?

— Affirmatif.

Je n'ai pas le temps de réagir que Caym se retrouve devant moi en un clin d'œil. Du genre un instant il est à plusieurs mètres de moi et la seconde d'après il se volatilise pour se retrouver nez à nez avec moi à m'en faire flipper. Je sursaute et un cri s'échappe de mes lèvres. Il avance sa tête au plus proche de la mienne et je sens sa chaleur contre moi arriver par vague, son souffle s'écrase contre mes lèvres quand il parle.

— Écoute-moi bien, poupée, parce que je ne le dirais qu'une fois. Répète encore une seule fois affirmatif et je t'arrache la langue. Est-ce que je suis assez clair ?

Je hoche la tête sans oser ouvrir la bouche. Mon cerveau serait capable de ne pas comprendre la menace et répondre par un affirmatif. Il a l'air satisfait de ma réponse non verbal puisqu'il s'éloigne enfin de moi, j'ai un frisson quand sa chaleur ne m'enveloppe plus, mais je suis soulagé qu'il ne reste pas plus longtemps collé à moi comme ça. Il jure et fait plusieurs pas en arrière en évitant mon regard, il n'a vraiment pas l'air content. Enfin, en même temps je ne l'ai jamais vu content, ce n'est pas comme-ci cela changeait vraiment grand-chose, mais cette fois ce n'est pas pareil, son air est différent, il est exaspéré. J'ai étrangement envie de l'aider, même s'il me fou une peur bleue et qu'il pourrait me faire souffrir à vie s'il le souhaitait, je n'ai pas envie de le voir comme ça.

— On... on pourrait peut-être demander à Noël s'il se souvient de son nom ? C'est lui qui m'a traîné chez elle après tout.

Caym lève la tête vers moi, son regard est noir, littéralement noir ! Plus une once de blanc n'est visible, je me recule instinctivement alors qu'il s'approche de moi, mais mes jambes se figent d'un coup. Et merde, ça recommence !

Croix de bois, croix de fer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant