Quand je retourne m'assoir en face de Caym avec notre commande j'ai encore l'impression que je viens de rêver. Pourtant les sentiments négatifs que je ressens venant de lui me font bien comprendre que cela s'est bien passé et qu'il n'est apparemment pas content du déroulé de cette rencontre. D'accord j'ai peut-être été un peu bizarre —oui, ok « un peu » est un euphémisme je sais—, mais autant mettre ça sur le tapis d'entrée de jeu, cet homme le découvrirai bien un jour, autant que ce soit maintenant.
— Arrête de t'énerver. Ok, ce n'était pas conventionnel, mais j'ai eu son numéro et il veut un rendez-vous ! C'est le but, non ? Il a l'air sympa en plus, tu ne trouves pas. Et puis, on ne va pas se mentir il n'est pas trop mal quand même...
— Tu peux faire mieux !
Caym m'interrompt dans mon monologue et me fixe de son regard noir. Je jette un coup d'œil partout autour de nous pour m'assurer que personne ne nous regarde, mais le démon a fait son retour, tout le monde est figé. Je soupire et me tourne vers Caym qui a vraiment l'air en colère.
— Je sais que j'aurais pu faire mieux comme première impression, mais l'important c'est d'avoir son numéro.
Je sursaute quand Caym tape son poing sur la table et fait tout trembler autour de nous, sa rage est aussi forte que le soir où j'ai failli me faire agresser et commence à m'envahir me faisant me sentir de plus en plus mal.
— TU. MERITES. MIEUX !
Quand ces mots résonnent dans ma tête autant qu'autour de nous je comprends finalement leur signification. Il parle de Dario, je mérite mieux que cet homme. Malgré le fait que ma tête tourne et que je sens mon corps devenir de plus en plus lourd j'essaie de résonner Caym.
— On ne le connait même pas. Tu as dit toi-même que ce serait mission impossible de me trouver un homme, que ce serait plus simple avec Noël. Je vais lui donner une ...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, j'ai de moins en moins de force. Caym a l'air d'enfin s'en rendre compte. Ses yeux perdent leur éclat noir et ses poings se desserrent lentement, sa rage est toujours bien présente, mais je sens qu'il essaie de la maitriser. J'arrive enfin à respirer correctement et me sens petit à petit reprendre mes forces.
— Tu vas finir par me tuer à faire ça !
Caym m'observe sans un mot, je sais pourtant qu'il veut dire quelque chose, mais il se retient. À la place il se contente d'attraper un des pénis et de me le tendre, il sait que le sucre va m'aider. Il en attrape ensuite un qu'il porte à sa bouche. Et merde, je me serais bien passé de cette vision-là. Un démon sexy qui s'enfile un pénis couvert de sauce dégoulinante... D'autre sortes d'images me viennent en tête et me font oublier tout ce qui vient de se passer. Je sens toujours que sa rage est présente, mais plus enfoui cette fois. J'en viens même à sentir un nouveau sentiment qui me fait écarquiller les yeux. Je lève le regard vers lui, il s'arrête de manger et me fixe à son tour. Quand je vais pour ouvrir la bouche pour lui dire, il ne fait rien d'autre que de disparaitre. Comme ça, d'un coup, comme il en a l'habitude quand quelque chose ne lui plaît pas ou qu'il en a simplement envie.
— Caym, je ne vais pas m'enfiler cinq bites tout seul !
Je crie alors que je me retrouve seul. Le bruit autour de moi se fait de nouveau entendre, signe que Caym s'est décidé à défiger tout le monde et à laisser la vie reprendre pile au moment où je viens de crier cette magnifique phrase. Tous les regards se tournent vers moi, super.
— En... enfiler dans le sens manger. Rien d'autre. N'allez pas vous imaginer des choses bizarres bande de pervers !
J'essaie de me faire tout petit, attrape ma boîte de quéquettes et sort en trombe de la boutique pour retrouver ma voiture. Quand je suis finalement à l'abri de tout regard dans l'habitacle je repense à ce que j'ai ressenti avant que Caym ne s'évapore. Ce que je continue de ressentir profondément en moi en cet instant même : de la jalousie.
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Croix de bois, croix de fer...
RomanceA cause de Madame Irma, Eden se retrouve étrangement lié à Caym. Le problème ? Caym est un démon !